Titre : L'Ange
Auteur : MissesLovely
Résumé : Après la saison 7. L’heure du bilan a sonné pour Buffy. Elle remet en cause la relation qu’elle a eu avec Spike, surtout lors de leurs nuits sulfureuses ; et prend sa décision finale.
Le temps d’une seconde, le temps d’une nuit, je m’étais fondue dans ses bras. Perdue dans ses yeux bleus, comme un agneau le serrait à côté d’un loup. Mais mon loup me caresse. Je le laisse faire. Il se montre parfois dur. Dans tous les sens du terme. Il me fait du bien. Sa violence me touche. C’est son amour. C’est ce que j’aime. Malgré tout ce que les gens disent et ce que j’essaye de me convaincre, j’aime ses caresses brutales. Quand il sort de moi et que je suis vide. Quand je sors de chez lui, le cœur anéanti, marchant les jambes légèrement écartées. J’aime qu’il me prenne. Car je sens la vie au creux de ses bras. Et pour une fois, je m’abandonne à quelqu’un. Il est si puissant quand il me fait... Jamais je pensais rencontrer une telle vigueur chez un homme. Sauf que ce n’est pas un homme. Et j’éprouve le besoin éminent de me laisser aller, de ne plus essayer de me contrôler. J’ai cru qu’il ne m’aimait pas, que c’était juste de l’obsession. Je l’ai laissé s’emparer de moi. Et toutes ces choses qu’on a faites... Si j’avais su qu’un jour j’oserais faire ça. Avec quelqu’un comme lui. Mais tout m’a dérobé, tout s’est échappé de mon esprit. Je ne réfléchissais plus. Je me laissais guider par lui, par ses mains, par ses envies.
Il m’aura fallu le temps d’une nuit pour m’anéantir, une autre nuit pour l’anéantir, et encore une autre pour souffrir. Il voulait continuer comme avant, me faire avouer ce qu’à son sens on ne pouvait nier : que je l’aimais. Mais moi, je ne voulais plus. Et cette fois-ci tout m’est paru clair. C’était évident. J’avais repris contrôle. La douleur dans mon dos m’avait fait repris contrôle. D’un côté je l’en remerciais. J’avais pu refusé ce que toutes les nuits auparavant j’acceptais sans rien dire. Je l’avais repoussé. J’avais enfin réussi à être maître de ma situation, et ne pas le laisser tout diriger en moi. Une sorte d’adieu physique. Et à la fin, il me regardait, incrédule. Moi, la femme bafouée. Il semblait écoeuré de ce qu’il comptait faire, me faire. C’est pendant cette nuit-là que j’ai souffert. Mais bizarrement, je ne me suis jamais demandé si lui aussi avait souffert. Si ces gestes n’avaient pas fait naître chez lui une sorte de haine intérieure. Car je ne le voyais plus. Il n’était plus en ville.
Quand il est revenu... Il était fou. Il semblait différent. Avec une âme. Je l’ai aidé. Il m’a aidé lui aussi en retour. On s’est dit des belles paroles, des paroles d’amitié, de confiance. Toutes ces paroles qui montrent qu’on aime l’autre personne. Avec des mots simples et touchants, des regards sincères. Pas comme les paroles d’avant, les passionnées, celles du désir. Je crois que c’est mieux ainsi. Et tout comme ça: complètement différent, rempli de confiance.
Et pendant ce temps, je le voyais plutôt comme un ami, que je respectais. Jusqu’au jour fatal. Ce jour où il est mort. Tous les moments passés avec lui se sont mis à défiler dans ma tête ; et une phrase revenait à chaque fois entre eux : il t’aime. Et là, devant mes yeux, se dressait un homme qui mourrait. Qui mourrait pour nous tous. Sans demander d’admiration ou de remerciements. Juste un homme qui meurt. Car avec son âme, il était comme un homme ; et ce moment-là, les mots ont glissés entre mes lèvres, et cela me paraissait si sincère et si réel que je les ai laissé lui dire que je l’aimais.
Et je crois que c’est bien la seule fois où il m’a refusée. Mais ses yeux disaient qu’il m’aimait. Mais il est mort quand même ; nous délivrant tous. « Allons jouer aux héros »... C’était lui le héros, mon héros.
Et il m’aura fallu le temps d’une seconde, le temps d’une nuit, pour mourir. Perdue dans mon sang, Comme une rose qui devient blanche et pure en perdant sa couleur. Mais cette couleur m’enveloppe, enveloppe le corps vide que je laisse sur le lit. Et je m’en vais là-haut. A travers la peine, la souffrance et la douleur, entre les nuages blancs, sa main apparaît. Et je monte vers elle, la prend. Il me sert, me soulève. Je sens son sourire. Et je vole.
Rejoindre mon ange.