Titre : La vie peut être si belle parfois…
Auteur : Jydocha
Résumé : L’histoire se situe après la résurrection de Buffy. Spike et Buffy ont repris leur relation mais Buffy ne s’est plus trop où elle en est. De plus, Alex, Willow et Anya ont appris par Buffy qu’elle entretenait une relation avec Spike et, de dépit, ils ont mis le feu à sa crypte en pensant qu’il serait tué ou qu’il s’en irait débarassant Buffy de sa maléfique présence. En fait, comme il ne savait plus où aller, il s’est installé chez Buffy. Cela a jeté un froid dans le groupe. Giles doit revenir d’Angleterre avec des explications car Buffy se demande toujours si elle n’est pas en partie un démon, et pourquoi Spike peut la frapper sans déclencher la puce. Histoire pour les spuffistes purs et durs… N-17

« Oh, Dawn tu es rentrée » dit Spike en descendant lentement l’escalier.
« Oui » lui répondit-elle en le regardant avec un visage inexpressif. Elle revenait du collège, ses affaires sur l’épaule. Elle recula de quelques pas lorsqu’il atteint le bas de l’escalier. Spike tendit la main vers elle mais elle tourna la tête et se dirigea vers la cuisine.
Il la suivit lentement puis pencha la tête dans l’embrasure de la porte. Elle posa ses affaires parterre dans un coin de la pièce, puis se mit à ouvrir et fermer les placards de la cuisine à la recherche de quelque chose à manger ou pour se donner de la contenance.
« Où est Buffy ?» demanda-t-elle.
« Au premier, elle ne va pas tarder à descendre »
“Ah ! Tiens donc, elle se souvient de temps en temps qu’elle a une sœur ? »
Elle ouvrit le cellophane d’un paquet de pop-corn si brutalement qu’il vola à travers la pièce.
Spike se pencha pour le ramasser mais n’avança pas d’un pas pour le lui apporter.
« Tu ne devrais pas être fâchée contre ta sœur, bien que cela ne me regarde pas ».
« Va-t-en et laisse moi seule » lui dit-elle en prenant un nouveau paquet et en ouvrant celui-ci avec plus de précaution.
Spike ne put s’empêcher de penser à Jemima en la regardant mettre le paquet dans le micro-onde ; elles avaient le même teint de porcelaine.
Son esprit vagabonda et il revit Jemima pâle dans sa robe de taffetas noire, la broche de deuil autour du cou. La pauvre petite n’avait jamais pu porter des vêtements de couleur. Les disparitions s’étaient succédées dans la famille et elles avaient apporté leur lot de peine et de deuil.
A jamais disparue l’insouciance de la jeunesse.
Lui aussi avait porté pendant des années, jour après jour, le même habit noir du deuil … jusqu’à sa rencontre avec Drusilla.
Il y a bien longtemps que Jemima était morte. Ce qui est une bénédiction car elle aurait tant détesté le perdre aussi.
Et il avait détesté le monde sans.
“Tu devrais être patiente avec elle”
« De la patience, bien sûr. Elle devrait plutôt s'inquiéter de savoir pourquoi je suis fâchée contre elle. »
Spike pensa que c’était plus facile lorsqu’il devait la surveiller et qu’elle s’endormait devant la télé, ou qu’il devait la protéger contre les démons.
Dawn continua sur sa lancée : “vous deux, vous êtes occupés par vos activités sexuelles toute la journée, si tu vois ce que je veux dire ».
« Bien sûr, je vois »
« Elle se sert de toi, Spike. Elle déteste tout le monde et elle te déteste. Elle est complètement folle maintenant et elle ne sait pas ce qu’elle fait. Et toi, que fais-tu ici ? »
« Il reste ici pour le câble et la nourriture gratuite. Comme tous les hommes » dit Buffy en glissant sa main sous le bras de Spike.
Ils entrèrent ensemble dans la cuisine.
« Oh, Dawnie, il y a du pop-corn partout. Il fallait attendre que je descende, j’allais préparer le dîner ».
Il était clair qu’elle n’avait pas entendu les remarques de Dawn, Spike le savait car sinon elle n’aurait pas manquer de se défendre.
« Mais j’ai faim répondit Dawn. »
« Pourquoi devrais-je prendre la peine de vous faire cuire quelque chose ? Je pourrais manger du pop-corn moi aussi d’autant que vous n’avez rien mangé de ce que j’avais cuisiné hier soir ».
La réponse de Dawn fusa : “Je n’aime pas le plat que tu as cuisiné hier ; en plus, il me donne des brûlures d’estomac. Au fait, pourquoi tu ne mets Spike dehors avant que « les Simpson » commencent, je n’ai pas envie de rater le début ».
Buffy la regarda d’un air étonné et s’avança jusqu’à elle. Elle avança sa main pour la poser sur l’épaule de sa sœur lorsque celle-ci se dégagea brusquement.
“Dawn, je sais que tu es fâchée contre moi »
« Tu ne sais rien Buffy. Depuis que tu es revenue, tu ne me regardes même pas, tu ne t’adresses à moi que pour me faire la morale ou me gronder.»
« Je sais, dit Buffy, je sais et en suis désolée. Je pense que Spike est indulgent envers moi et j’espère que tu le seras toi aussi. Je te promets de faire des efforts si tu m’en laisses l’occasion mais il faut me laisser le temps de me réadapter à ma nouvelle vie, à cette nouvelle naissance. C’est dur pour moi ».
Dawn se tourna vers Spike et lui demanda : « alors, tu comprends son attitude envers toi, envers moi ? »
« Oui, et je te conseille d’en faire autant. Je n’ai pas besoin que tu prennes ma défense ou que tu essaies de me sauver la face, Chaton, Buffy est avec moi et cela suffit à mon bonheur ».
Septique, Dawn les regarda l’un et l’autre puis s’adressant à sa sœur : « tu vas faire à manger ? »
« Bien sûr. Tu m’aides ? »
« Et Spike, il reste ici ? »
« Il peut rester s’il veut » répondit Buffy tout en fouillant dans le réfrigérateur. De ce fait, Spike ne put voir l’expression de son visage lorsqu’elle avait répondu à sa sœur. Il n’était donc pas sûr qu’elle le veuille vraiment.
Lui en revanche, désirait rester en leur présence : les regarder manger et parler et il se prit à imaginer que Joyce aurait pu arriver à ce moment-là pour se jointe à eux mais il pensa qu’il vaudrait mieux partir et les laisser toutes les deux seules afin qu’elles puissent parler entre filles.
Alors qu’il faisait mine de partir, Dawn s’approcha de lui et sans qu’elle ait besoin de parler lui fit comprendre qu’elle désirait qu’il restât auprès d’elles ; elle était certainement angoissée à l’idée de dîner seule avec sa sœur.
Il resta donc pour lui prouver qu’elle pouvait compter sur lui ; assis dans un coin, sirotant un bol de sang, il les regardait manger leur hamburger et leur salade.
Buffy posait des questions sur l’école mais leur conversation était souvent entrecoupée de longs silences.
Il pensait à ce qu’il pourrait bien faire pour ces deux jeunes filles, seules, dans cette grande cuisine américaine.
Il se voyait les inviter à danser, à s’amuser comme il l’avait fait avec Drusilla toute une longue nuit à Reykjavik, vêtue de velours et de fourrure ; ils avaient le ventre rempli du sang de leurs victimes et se noyaient dans les yeux l’un de l’autre : comme toutes les fois où ils faisaient cela.
Non, c’était trop stupide.
Il ressentit un poids au niveau de la poitrine, dans la région de son cœur sans mouvement.
Il n’aurait jamais voulu cela même si cela avait été possible ; il ne désirait plus Drusilla, ni de sa liberté surtout si cela devait le séparer de Buffy.
Ils sont restés un long moment attablés à la cuisine après que Dawn se soit levée ; Buffy est allée prendre le courrier.
Dawn est revenue avec ses affaires de classe, et après un moment, Spike s’est trouvé en train d’essayer de remémorer ce que William avait appris en calcul élémentaire pour pouvoir le lui expliquer et l’aider dans ses devoirs.
Personne n’avait appris les mathématiques à Bella, Sophie et Jemima ; et lui ne leur avait appris que des choses assez futiles. Il se rappela qu’il leur lisait souvent des histoires drôles à haute voix et que Sophie riait, riait … puis toussait à fendre l’âme, reprenant difficilement une respiration normale.
Alors leur mère le regardait avec une certaine frayeur dans le regard : Sophie fut la première à mourir.
« Spike, Ouh, Ouh, Spike. Je n’ai toujours pas compris. Peux-tu reprendre ton explication ? »

*******

Ils venaient de se réveiller.
Spike se rapprocha de Buffy et prit dans ses mains la masse des cheveux blonds, les a arrangés sur le côté et a posé sa propre tête dessus de façon à être tout près d’elle et de pouvoir la regarder du coin de l’œil.
Buffy a tourné la tête et l’a regardé.
Elle pensa que depuis qu’il avait transporté l’ensemble de ses affaires chez elle (elles rentraient toutes dans un boite en carton) c’est à dire depuis une semaine, ils n’avaient guère quitter le lit. Ou, pour être plus précis, tandis que Dawn était à l’école, ils avaient fait l’amour dans pratiquement toutes les pièces, toutes les positions et même sur l’herbe du cimetière où elle patrouillait.
Tout comme son propre désir, l’attention de Spike à son égard lui était apparue bien plus profonde et bien plus intense qu’elle ne l’avait imaginé. Il s’était dévoilé, s’était offert entièrement à chaque fois et elle avait pu prendre conscience de l’ampleur de son attachement pour elle. Pendant un moment, elle avait été effrayée par son amour mais c’était avant. Maintenant, elle ressentait le besoin d’être avec lui, d’être l’objet de son adoration. Elle ne restait loin de lui trop longtemps.
Elle détestait mettre des vêtements qui empêchaient Spike de la toucher ; elle ressentait un besoin primaire de son contact physique.
Les traces de morsure qu’il avait sur le dos avaient presque disparu ; il restait simplement les empreintes de ses dents mais cela ne nécessitait pas de pansement, c’était presque guéri. Il lui arrivait souvent de lui faire mal pendant leurs ébats, comme pour se sentir vraiment vivante … lui jamais.
Elle détestait également penser que Giles n’allait pas tarder à revenir car ce délai de grâce s’achèverait. Aussi, elle profitait de chaque instant avec lui.
Elle était dans une période d’amour intense, c’était soit lent, soit rapide mais c’était de l’amour tout le temps. Tout tournait autour de Spike : ses mains, son corps froid contre le sien, sa bouche, ses baisers, son sexe.
Elle trouvait du plaisir à le toucher, réchauffer son corps avec sa propre chaleur, le savonner dans le bain, le caresser, etc.…
Or lorsque Giles reviendrait, elle deviendrait certainement un problème pour lui qu’il ne saurait définir, une maladie à diagnostiquer.
Alors que maintenant elle n’était rien que la maîtresse ravie du Vampire.
« Je pense à ce que nous pourrions essayer de faire maintenant » lui dit-il.
Ce qui l’avait autrefois révulsée, la fascinait maintenant : les pensées de Spike à son sujet, ce qu’il pouvait imaginer faire avec elle.
Ils avaient essayé de multiples positions sans se lasser l’un de l’autre. Il lui avait appris de tas de choses car il était un amant merveilleux.
Ils s’apprêtaient à faire l’amour une énième fois quand le téléphone sonna.
“Par l’enfer, qui se permet d’appeler de si bonne heure, le soleil vient à peine de se lever” soupira Spike en se dégageant et en regardant Buffy se lever et descendre au rez de chaussée pour répondre.
Il attendait depuis un petit moment et commença à s’inquiéter.
Il se rappela qu’il avait été heureux, impitoyable et totalement inconscient des dangers au début de sa transformation ; il était avec sa bien-aimée Drusilla et rien ne pouvait entacher leur complicité.
Il ne se faisait jamais de souci avec elle … cela a duré jusqu’à Prague. Leur idylle avait fini là et l’angoisse était réapparue. Drusilla était malade, faible et irritable et il ne pouvait rien faire pour elle.
Elle pouvait mourir à chaque instant et lui après tout ce temps avec elle que ferait-il ? Comment arriverait-il à continuer sans elle ? Mais Drusilla n’était pas morte, elle avait tout simplement cessé de l’aimer et se jetait à corps perdu dans des liaisons de passage, le trompant impunément avec n’importe quel démon rencontré au hasard.
Le monde lui était alors apparu bien terne.
Il pensa à Buffy et son angoisse augmenta : elle n’avait pas encore 21 ans et était déjà morte deux fois.
Et ces deux décès étaient liés à sa mission.
Il n’était pas sans ignorer qu’aucune Tueuse n’avait dépassé l’âge de 26 ans et même avec sa protection et son dévouement, il ne pourrait certainement rien faire pour la sauver si les choses tournaient vraiment mal.
Elle était si vulnérable.
Des millions de choses pouvaient d’ailleurs la lui reprendre ; Sunnydale avait beau être assez tranquille actuellement depuis que Gloria était parti mais cela ne signifiait en aucune manière qu’un autre Grand Méchant n’était pas tapi dans un coin, attendant son heure.
De plus, comme toute Tueuse, elle avait inconsciemment le désir de mort en elle et il ne pourrait rien faire contre cela.
Et maintenant qu’il était avec elle, tout cela le terrifiait.
En plus des dangers démoniaques, il y avait le reste de la troupe : Giles, le premier, il pourrait la retourner contre lui, il en était conscient ; ses amis également.
Ils avaient tellement de choses en commun ; ils avaient mené tellement de combats ensemble ; il y avait une telle complicité, une telle amitié entre-eux.
Que pourrait-il faire contre eux, contre leur influence, s’ils décidaient de convaincre Buffy que sa relation avec lui était une aberration.
Il y avait encore tant de batailles à mener ; elle avait besoin d’eux.
De plus, il ne savait toujours pas ce qu’elle ressentait pour lui, sauf qu’elle appréciait de faire l’amour avec lui, qu’elle appréciait sa compagnie mais c’était assez mince comparé à l’amour qu’il lui portait.
Elle avait une sœur, des amis, un observateur, une vie avec ses joies et ses peines où il était totalement exclus.
Il prit conscience du nombre d’année de solitude qui pesait sur lui, du démon qu’il était.
Il voulait changer car sans elle, il serait si seul.
Il était encore dans ses pensées car Buffy remonta et entra dans la chambre.
Elle s’étendit à travers le lit, à ses côtés.
« Giles arrive demain soir, il sera un peu en retard » dit-elle.
« Je suis surpris qu’il ne soit pas déjà là. Je pensais qu’il ne perdrait pas de temps à revenir ».
« Il a du faire quelques recherches, consulter des livres qui n’étaient pas dans le coin. Il voulait parler à des experts en sorcellerie qu’il connaît et cela lui a pris du temps ».
« Il a quelques pistes ? »
« Il m’a dit qu’il ne devait pas trop spéculer et qu’il avait besoin de me voir et de parler à Willow également ».
« Willow, c’était une gentille fille mais je n’arrive plus à lui faire confiance maintenant ».
Buffy le regarda mais ne dit rien. Elle savait qu’il avait raison mais ne pouvait l’admettre.
Elle avait pour principe de laver son linge sale en famille et de ne pas en discuter avec « l’ennemi » et elle n’oubliait pas qu’il était toujours un vampire et elle une Tueuse.
Il s’est penché sur elle, a glissé sa main sous son menton et a relevé son visage : « Regarde-moi, Amour, tu sais que tu peux compter sur moi ».
« Je sais bien » dit-elle en glissant sa main sous l’édredon et en s’approchant de lui « n’y a-t-il pas quelque chose de dur sous ce drap ? Qu’est-ce c’est ? » Ajouta-t-elle avec ce sourire qui manquait toujours de le tuer à chaque fois.
Elle avança sa main jusqu’à son sexe et le caressa ; quelle puissance dans de si petites mains.
Elle s’est rapidement débarrassé de ses vêtements et s’est glissée sur lui.
Ses yeux étaient rétrécis par le désir ; elle le fit entrer en elle et commença à bouger lentement. Spike prit ses seins dans ses mains et l’embrassa.
« Tu sais, murmura-t-il, je te protègerai”.
« Ah, oui, et de qui ? »
« Je ne plaisante pas »
Buffy a posé son front celui du vampire, a plongé son regard dans le sien et ils ont continué leur danse amoureuse. Spike s’enfonça plus profondément en elle, il ne pouvait plus s’arrêter ; sa jouissance fut tellement forte qu’elle entraîna celle de sa compagne.
Il resta en elle jusqu’à ce qu’elle s’apaise, à bout de forces.
Il pourrait faire appel à des Puissances Occultes pour obtenir une plus grande Protection et augmenter sa longévité, des Puissances bien plus grandes que celles que pouvait solliciter Willow ; il savait où les trouver mais c’est toujours donnant-donnant et cette terrible perspective le terrifiait.
De toutes façons, jamais elle n’accepterait une telle suggestion et lui-même savait pertinemment que ce n’était pas sans risque.
Il lui arrivait de penser qu’elle était revenue différente d’entre les morts : immortelle par exemple. Il se raccrochait parfois à ce rêve.
Il était plus près d’elle qu’il ne l’avait jamais été et qu’il ne l’avait jamais imaginé, et pourtant son cœur était empli de doutes et de craintes.
Il ne pourrait pas le lui dire, bien sûr ; il pensa à la force qu’elle lui donnait, la plénitude qu’il obtenait avec elle, à l’ampleur de son amour pour elle.
Pendant plus d’un siècle, il n’avait été qu’un marchand de mort, en gros et en détail, ne s’adonnant qu’à son vice sans chercher à se mélanger avec quiconque qui ne soit pas de sa caste, alors que là même il s’emplissait nuit après nuit de sa substance et de sa présence.
Il voulait la protéger pendant assez longtemps pour lui faire oublier ses souffrances.
C’était certainement de la folie d’aimer une femme mortelle, à fortiori une Tueuse dont l’espérance de vie était vraiment minime : qu’espérait-il au mieux 5 années de bonheur, peut-être moins ? Si elle ne le jetait pas avant car il était persuadé qu’elle ne l’aimait pas ; elle appréciait de faire l’amour avec lui, d’être en sa compagnie mais ce n’était pas de l’amour et bientôt lorsqu’elle aurait repris le cours normal de sa vie sans être angoissée et déboussolée par sa résurrection, alors elle lui demanderait certainement de disparaître de sa vue, comme elle savait si bien le faire.
Il s’était mis sur le côté et lui caressait lentement les cheveux, plongé dans ses pensées.
« Tu es un amant fantastique, Spike ? Je n’arrive pas à te résister » lui dit-elle avec un petit rire coquin. C’était tellement rare de la voir rire ou sourire.
« Tu sais que je t’aime ? »
« Sûr, je pense que tu as du me le dire une ou deux fois déjà ».
Il voulait lui demander ce qu’il représentait pour elle, savoir si elle l’aimait un peu aussi mais il connaissait la réponse et redoutait plus que tout le silence qui suivrait sa question. Aussi, il ne répondit pas.
Ils restèrent lovés pendant un long moment, tranquillisés par la présence de l’autre, chacun dans ses pensées. Puis Buffy interrompit ce silence pour dire : “J’ai dit à Giles que j’irai le chercher à l’aéroport de L.A. Je vais prendre la route cet après-midi et j’en profiterai pour aller voir Angel ».
Elle avait dit ça comme si elle allait à un simple rendez-vous avec une amie.
Spike accusa le coup et rétorqua : « Amour, pourquoi aller le voir ?”
« Je ne veux pas garder ceci pour moi, en particulier, maintenant que mes amis savent pour nous. Je ne veux pas que quelqu’un d’autre que moi le lui dise. Willow pourrait lui en parler et il est mon ami et je désire être franche avec lui».
« Tu sais qu’il n’approuvera pas mais d’un autre côté, ce ne sont pas ses affaires »
« Spike, veux-tu m’accompagner ? »
« Pour ramper devant Angel ? Par l’enfer, non »
« Je ne veux pas y aller sans toi » Elle avait dit cela tout en passant un doigt léger sur la cicatrice de son sourcil.
« En plus, nous pourrions en profiter pour sortir ce soir. Allez au Club » ajouta-t-elle en effleurant ses lèvres avec les siennes et les faisant remonter le long de son visage jusqu’à ses pommettes. « Ne me dis pas que tu n’aimerais pas danser avec moi car si je me rappelle bien, tu avais l’habitude de me le demander ».
Mon Dieu, elle n’avait pas oublié ce qu’il lui avait dit un jour où ils se trouvaient ensemble au Bronze.
A l’époque, bien sûr, elle l’avait envoyé sur les roses, comme à son habitude.
« Et où irions-nous ? Tu sais très bien que l’entrée au Club est assez chère et nous n’avons pas d’argent ».
« Il y a 50 salles vides à l’Hyperion » dit Buffy un sourire aux lèvres et elle ajouta, l’air mutin : « Tu sais que j’ai besoin de toi. Je suis un danger au volant tandis que toi, tu conduis bien et j’ai confiance en toi. A moins que tu ne veuilles pas que je revienne vivante ».
Spike ne répondit pas tout de suite.
“Tu reviendras !”
“ De toutes façons, si tu ne viens pas, Angel pensera que c’est parce que tu as peur de lui”
« Par l’enfer, moi effrayé par Soul Boy, tu plaisantes. La seule chose qui m’effraie chez lui c’est la façon dont il se coiffe ».
En fait lorsque Spike pensait à Angel maintenant c’est Angel l’ex amant de Buffy qui lui apparaissait devant les yeux et cette idée lui était insupportable.
Il imaginait sa belle dans les bras de son Sire et cela le mettait dans une rage folle.
Il s’est brusquement mis sur elle, lui agrippant les poignets et les mettant de chaque côté de sa tête.
Buffy étonnée, lui rétorqua : « mais qu’est-ce que tu fais ? »
« Je suis bien meilleur que lui, n’est-ce pas ? »
« Spike, mais tu as 12 ans ou quoi et je sais à quoi tu penses »
« Et je sais à quoi tu penses aussi »
« Vas tu faire foutre Spike. Je n’ai pas à répondre à cette question »
Elle sentit le sexe de Spike se durcit contre son ventre.
« Je crois que j’ai encore quelque chose à faire avant d’aller à L.A. » dit-il avec un peu de colère dans la voix.
Elle le repoussa et entra dans la salle de bains. Il entendit la douche couler.
« Sapristi, elle pense toujours à lui ».

***************

Il était un peu plus de 10 heures du matin, Buffy remontait la rue principale sous un soleil radieux ; elle était aller chercher un vêtement au pressing pour Willow et se dirigeai vers la Boutique de Magie. Elle laisserait le vêtement à Anya car Willow passerait certainement dans la journée.
Elle trouva Anya derrière le comptoir de la boutique à compter l’argent de la caisse avec une intensité presque masturbatoire ; elle s’interrompit lorsqu’elle remarqua Buffy.
Buffy posa les affaires de Willow sur la table et repensa à ce qui s’était passé 8 jours auparavant.
Elle demanda à Anya : « Comment avez-vous pu faire brûler la crypte de Spike ? Qu’est-ce qui vous a pris ? »
« Willow et Alex ont pensé que cela le ferait partir de Sunnydale et qu’il te laisserait enfin tranquille. Nous avons fait cela pour te protéger ».
« Eh bien, il semble que vous ayez tout faux car depuis il vit avec moi. Pour me protéger contre quoi d’ailleurs ? Contre le peu de plaisir que je peux avoir ? Contre mon indépendance de citoyenne adulte américaine ? Et vous, qui vous en a donné l’ordre ? »
« Alex nous a dit que Spike avait du te jeter un sort car tu n’aurais jamais pu … »
« Alex lit trop de bandes dessinées. Spike ne m’a pas lancé de sort » Elle fit une pause et reprit un peu plus bas : « Il n’en a d’ailleurs pas eu besoin ».
« En fait, tu l’aimes bien et cela ne m’étonnes pas. C’est un amant merveilleux, il a une pratique du sexe incomparable. Ne dis pas à Alex ce que je viens de dire, il n’apprécierait pas ».
« Je pense que tu parles d’un point de vue théorique, n’est-ce pas ? »
« En fait, je ne pense pas qu’il se souvienne de moi. Cela fait tellement longtemps et c’était dans le noir. Tu pourras quand même lui demander : c’était dans les cavernes de Palerme, vers 1904, non plutôt 1906. L’hiver 1906. »
« Et où était Drusilla ? »
« Elle était avec nous »
« D’accord, je te préviens, je ne veux plus entendre quoique ce soit sur ce sujet, tu as compris ? N’en reparle jamais ».
« C’était pourtant une belle histoire mais si tu ne … »
« Jamais, tu as compris ? Je suis simplement venue déposer ces vêtements pour Willow et signaler que je vais chercher Giles à l’aéroport de L.A. Le Scooby gang se réunira dès notre retour. »
Anya se renfrogna et répondit : « S’il demande à voir les réserves du magasin, tu lui diras que je ne suis que la vendeuse et que je n’ai pas eu le temps de m’en occuper ».
« Cela ne regarde que vous Anya. »
« Buffy, tu devrais juste te tenir devant Alex. Il t’aime beaucoup et tu es une sorte d’héroïne pour lui. Il a simplement peur que ta relation avec Spike soit aussi désastreuse que celle que tu as eue avec Angel. Il se fait beaucoup de soucis ».
En entendant la tirade d’Anya, Buffy ne put réprimer un sourire ; ce cher Alex toujours là pour la défendre ou craindre pour elle.
« Spike ce n’est pas Angel. »
« Essaies de passer du bon temps à L.A. Buffy, cela te changera un peu les idées »
« Merci Anya »
Buffy se dirigea vers la sortie et au même moment, Willow entra dans le magasin.
Pendant un moment, elles se firent des politesses « pardon, excuse-moi » comme si elles étaient des clientes anonymes se croisant à l’entrée d’une boutique. Buffy alors se recula pour la laisser passer.
Elle a une mine effroyable pensa Buffy en la regardant. Les cheveux tombant en boucles molles autour de son visage, les yeux cernés et un air pitoyable qu’elle ne lui avait pas vu depuis bien longtemps.
« Salut ! dit Willow d’une voix faible. Je ne pensais pas te voir aujourd‘hui »
« J’ai récupéré tes vêtements au pressing et les ai apportés ici ; ils sont sur la table au fond du magasin »
« Oh ! Merci. Combien je te dois ? »
« Tu me dois une expl… 10 dollars »

Willow fouilla dans sa poche et retira quelques billets chiffonnés. Elle donna ce qu’elle devait à son amie et la regarda avec étonnement.
« Qu’il y a –t-il Willow ? »
« Rien, juste .. Oh rien »
« Mais quoi ?»
« Tu es resplendissante. C’est super » lui dit Willow avant de la laisser et de s’éloigner vers le fond du magasin. Buffy ne comprit pas et elle suivit son amie pour la rejoindre.
Anya avait disparu, probablement dans la réserve.
« Willow, pourquoi as-tu fait cela ? »
“Nous l’avons fait pour toi et ne dis pas que ce n’est pas mieux maintenant ? »
« Le penses-tu vraiment ? »
« Buffy, tu es ma meilleure amie. Je ne veux pas te perdre. Je ne veux pas que des choses terribles t’arrivent. Ta relation physique avec Spike … c’est déjà une chose terrible »
« Ainsi, tu t’es investie du pouvoir du gardien, du juge, du jury et du bourreau ? »
« Tu ne sais pas où tu étais. Nous pouvons te dire combien tu étais malheureuse. Quoiqu’il en soit, il semble que ce soit une bonne chose et tu sembles beaucoup mieux maintenant ».
« D’accord » Soudain Buffy ne se sentit pas l’énergie de continuer plus loin la discussion, et surtout d’essayer de convaincre Willow de la mauvaise interprétation des faits. Elle n’y serait pas parvenue de toutes façons car son amie avait sa propre logique.
Et actuellement, elles n’étaient absolument pas sur la même longueur d’ondes.
« Je dois y aller maintenant, lui dit-elle. On se reverra bientôt »
« Oui, bien sûr, nous pourrions nous voir et continuer notre discussion. Au fait, comment va Dawn ? »
Merveilleusement bien pensa Buffy, autant que je m’en rappelle.
« Très bien. Son bras va beaucoup mieux »
Willow changea de physionomie au rappel de ce douloureux souvenir.
Sur ce, Buffy sortit du magasin.
*******
« J’espère que je ne te dérange pas »
« Dawnie, j’aime t’avoir ici avec moi. J’ai pu avoir un lit en plus. Tu vas voir ça sera cool. »
Dawn a regardé Tara et a rougi : “j’aime aussi être avec toi Tara. Je me languissais de venir te voir ».
« Moi aussi, Dawnie, tu me manquais ». Elle se voulait rassurante comme au bon vieux temps lorsque Willow et elle étaient encore ensemble et qu’elles gardaient Dawn, lui apprenant quelques simples tours de magie, mangeant des pizzas ou jouant à des jeux de société.
« C’est bizarre à la maison en ce moment, dit Dawn. Buffy est constamment avec Spike. Oh, mais je suis heureuse que Buffy ait laissé Spike venir à la maison ce n’est pas le problème mais maintenant je me sens comme la troisième roue du carrosse ».
« Je comprends » lui répondit Tara en l’aidant à s’installer dans le studio.
Tara avait repris une chambre dans le Campus depuis qu’elle s’était séparée de Willow et elle accueillait toujours Dawn avec joie.
Dawn continua sur sa lancée pour une fois qu’elle avait quelqu’un à qui parler de ses problèmes familiaux ; ce genre de problème que seule une personne étant dans la confidence pouvait entendre et comprendre. Tara était la personne idéale : « J’avais un jour demandé à Spike s’il avait l’intention de venir vivre avec nous, et il m’avait répondu au grand jamais. Maintenant les choses sont différentes. Depuis que sa crypte a été détruite et que Buffy et lui sont … il est venu vivre à la maison. Il vient souvent me parler lorsque je rentre de l’école et m’aide dans mes devoirs, et il est vraiment gentil avec moi. Mais je ne vois presque plus Buffy. Elle oublie de faire le dîner et lorsqu’ils sont dans la chambre, je n’ose frapper à la porte de peur de les déranger car je sais très bien ce qu’ils font ».
« Ils sont certainement … en phase. J’espère que tu ne penses qu’ils envisagent de se débarrasser de toi car ce n’est certainement pas le cas. Buffy m’a dit qu’ils reviendraient te chercher dès qu’ils seraient de retour de L.A. avec Giles ».
« Oh ! Je le sais bien lui répondit Dawn dont le teint devint cramoisi, je sais ce qu’ils font, ou du moins … pas exactement mais. Ils ne veulent certainement pas me choquer ou me traumatiser, alors ils sont prudents et discrets. Tout est correct. Ce n’est pas que Buffy me prêtait plus d’attention avant qu’ils soient ensemble et je veux que Spike reste avec nous. Je ne veux pas le perdre ».
« Tu l’aimes ? » lui demanda Tara.
« Oui, non enfin oui, comme un père ou un grand frère, quelque chose comme ça. Il est mon ami, tout comme toi. »
Dawn a posé sa main sur celle de Tara : « Il fait maintenant partie de ma vie ».
« En fait, je ne voudrai pas être Buffy en ce moment, continua Dawn. Bien sûr, elle a Spike mais elle semble encore bien loin de notre réalité, comme si une partie d’elle était restée là-bas. Elle semble détachée de tout et le seul lien qui la rattache à notre monde c’est Spike, un vampire. Tu imagines … Donc je comprends qu’elle ne pense pas à moi car elle a assez de problèmes en dehors de nous ».
« Tu ne devrais pas te mettre de telles idées en tête, Dawn, tu es sa famille, sa seule famille et elle t’aime. Elle a simplement besoin de temps pour s’habituer car cela doit être très dur, nous n’en avions pas conscience ».
*******
L’Hyperion semblait abandonné. Buffy entra et lança un bonjour. Angel sortit de son bureau et resta bouche bée en voyant la jeune femme s’avançait vers lui : « Buffy ! ».
« Surprise ! » lui répondit Buffy en souriant et en se balançant d’un pied sur l’autre.
Il hésita un petit moment, puis s’avança à son tour, la prit dans ses bras et se pencha pour l’embrasser mais Buffy tourna la tête pour éviter d’avoir à rencontrer sa bouche avec la sienne. Il l’embrassa donc sur la joue sans se formaliser pour autant.
Il s’éloigna un peu d’elle pour pouvoir la regarder plus attentivement : « Je te trouve beaucoup plus en forme que lors de notre dernière entrevue, Buffy, tu fais plaisir à regarder »
« Je me sens bien et jolie c’est vrai ; peut-être à cause de …. Il n’y a pas un bébé qui pleure ? »
Angel jeta un coup d’œil au-dessus de son épaule et lui dit : « Il y a eu quelques changements ici et nous avons un nouveau couple depuis quelques temps ».
« J’ai également des nouvelles à t’annoncer et c’est pour ça que je suis venue te voir ».
« Tu es venue seule ? »
« Non, justement »
« Quelqu’un est prêt pour donner à manger à … Oh mon dieu, c’est Buffy. Buffy ! » S’exclama Cordélia en la regardant avec étonnement, un enfant pleurant dans ses bras. Elle se positionna de telle sorte qu’elle était maintenant entre Buffy et Angel.
« Mais c’est super que tu sois venue nous voir. Tu semble en forme » dit Cordélia en s’approchant de Buffy pour lui dire bonjour.
Buffy ne put s’empêcher de la détailler : elle avait coupé ses cheveux et cette coupe courte lui allait à ravir, elle portait une jupe courte qui mettait en valeur ses jambes fuselées et bronzées. Cordélia avait toujours été jolie et elle le savait.
Arrêtant son inspection, la jeune femme prit tout à coup conscience de la présence du bébé dans les bras de Cordélia : « je ne savais pas que tu avais eu un bébé, Cordélia ? »
« En fait, ce n’est pas mon bébé. » Elle allait continuer son explication quand Angel l’interrompit et prit l’enfant dans ses bras.
Buffy avait suivi la scène avec intérêt : Angel tenait le bébé un peu maladroitement en essayant de le calmer mais il ne le tenait pas contre sa poitrine, comme on pourrait le faire habituellement. De toutes façons pensa Buffy, il ne pouvait compter sur les battements de son cœur pour essayer de calmer l’enfant.
Il prit cependant le biberon que Cordélia avait posé près d’eux et lui donna à manger. L’enfant attrapa goulûment la tétine et commença à téter. Angel semblait rompu à ce genre de pratique et il agissait comme un père pour ce petit.
Etrange.
«Je ne savais pas que « Angel Investigations » s’était spécialisé dans « Gardes d’enfants » dit Buffy sarcastique.
« Non, répondit Cordélia, il est … ».
Angel l’interrompit un peu brutalement et s’adressa à Buffy : « Tu n’as pas répondu à ma question. Tu es venue toute seule ou Willow est avec toi ? »
« Non, pas Willow. Je …. Enfin, il gare la voiture.”
“Ah, tu es venue avec Alex.” Angel fit une petite grimace en pensant à lui mais se reprit et ajouta : « Eh bien comment va le fidèle ami de la Tueuse ».
« Tu le lui demanderas toi-même lorsque tu auras l’occasion de le voir … un jour … car pour l’instant, il n’est pas ici avec moi ».
C’est à ce moment là que Spike fit son entrée laissant Cordélia sans voix, et épargnant à Buffy de l’annoncer elle-même. Angel garda une certaine impassibilité, il regarda fixement le dernier arrivé et rendant le bébé à Cordélia, il fit cette remarque : « Tu n’es pas le bienvenu ici, Spike ».
« Je ne t’avais pas vu depuis l’enterrement. C’est vrai que tu pensais que je n’avais pas le droit de la pleurer et surtout que je n’avais rien à faire là, à cette époque. Mais tu vois, les temps ont changé ».
Angel continuait à le fixer et en le regardant, Buffy ne put s’empêcher de penser que ce n’était peut-être pas une si bonne idée de venir ici avec Spike car si les yeux d’Angel avaient été des fusils, il serait déjà mort plusieurs fois (si l’on peut dire).
Spike s’approcha de sa compagne et l’entoura de ses bras : « J’ai promis à ma chérie de l’accompagner et de venir ici avec elle et surtout, de me comporter avec beaucoup de retenu et de civilité. Je pense que tu devrais en faire autant et nous pourrions signer une trêve et passer un bon moment ensemble ».
Cordélia sortit de son silence et y alla aussi de son petit couplet : «Effectivement, Spike, tu n’es pas le bienvenu ici et je me demande ce qui t’es passé dans la tête pour croire le contraire ».
Angel a attrapé Buffy par le bras et l’a entraînée avec lui loin de Spike : « Mais qu’est-ce qui te prends Buffy, qu’est-ce que cela veut dire ? »
« Ecoute, il était là lorsque j’ai eu besoin de lui et, pour l’instant, je me sens bien avec lui » lui répondit Buffy qui essayait de garder son calme, la colère n’étant pas très loin.
« De toutes façons, je ne vois pas de quel droit tu te permets de me juger. Il a déjà une qualité importante que tu n’as pas : il est toujours le même homme au réveil » ajouta-t-elle froidement.
Angel pâlit, et accusa le coup mais reprit rapidement ses esprits et se tournant vers Buffy : « C’est un coup bas, Buffy ! »
« Peut-être mais c’est la vérité ! »
« C’est sûr c’est la vérité. Chaque matin, il reste le même homme : un vampire qui ne peut pas tuer parce qu’une puce le lui interdit mais qui reste quand même un vampire sans âme sanguinaire capable des pires atrocités. J’ai toujours espéré, Buffy, que tu choisirais un homme digne de toi, de ta confiance et surtout qui ne soit pas de notre caste ».
« Spike a choisi délibérément de se battre à nos côtés, il a bien souvent pris la défense de mes amis, de Dawn surtout ; il a toujours été loyal envers moi ; il a su gagner ma confiance » répondit tranquillement Buffy.
« Mon Dieu, Buffy, quand je t’écoute, j’ai l’impression que tu n’as plus toute ta raison ».
“Je ne suis pas venue te demander ta permission, Angel. Je n’ai pas voulu que quelqu’un d’autre te l’apprennes et c’est simplement pour cette raison que je suis venue te l’annoncer moi-même. Par simple courtoisie, si l’on peut dire ».
« Mais tu as au moins conscience de qu’il est ? » Angel arpenter maintenant la pièce d’une manière rageuse « Je te le répète c’est un vampire sans âme. Cela fait plus de 100 ans qu’il parcourt la planète laissant sur son passage mort et désolation. Il n’a aucun remord pour les atrocités qu’il a perpétré jusqu’à ce que l’Initiative le muselle, comme un chien dangereux ».
Spike s’était rapproché d’eux : « Ecoute le, Amour, mais demande lui aussi qui a été mon maître, qui a fait toute mon éducation et qui m’a appris toutes ces perversités ».
« Tu es vil, pervers et sans aucun repentir »
« Tu pourras dire tout ce que tu veux mais elle a vu les photos »
Angel s’interrompit brusquement : « les photos ? Quelles photos, Ah, les cartes que Darla envoyait lorsque nous étions dans ce village de montagne. Tu sais j’ai déjà tout dit à Buffy à ce sujet ».
« Non, pas ces cartes là. Les photos que nous avons faites au Studio de M. Lonval, Place Pigalle, à Paris lorsque Dru était avec nous »
« Je ne sais pas de quoi tu parles »
« Ah bon, tu ne te souviens pas. C’est vrai que tu ne t’es jamais repenti de ce que tu as fait ce jour-là » répondit Spike en regardant attentivement son Sire : Angel était plus pâle que la mort, son visage avait pris la couleur de la cendre.
« Tu as gardé ces photos ? » murmura-t-il dans un souffle.
« Bien sûr, mon sire. J’ai voulu garder un souvenir de toi, de tes tendres attentions à mon égard »
« Et tu les lui as montrées ? »
« Non, elle est tombée dessus par hasard ; elle a voulu en savoir plus et m’a posé des tas de questions ».
« Et que lui as-tu dit ? »
« La vérité, rien que la vérité. Elle sait maintenant que tu es bien supérieur à moi dans tout ceci et que tu as été un maître très zélé. Ceci dit, elle sait parfaitement à qui elle a à faire autant de ton côté que du mien. Tu as eu ton époque, j’ai maintenant la mienne ».
« Arrête de pavoiser, Spike »
« J’ai simplement voulu remettre les pendules à l’heure, si tu le permets. Je n’allais pas me laisser insulter sans rien dire par un vampire qui joue les moralisateurs alors qu’il a certainement bien plus de choses sur la conscience que moi ».
« Tu devrais arrêter avant que ta chérie ne reparte à Sunnydale toute seule ».
Buffy reprit la parole : « En fait, nous sommes venus pour chercher Giles qui doit atterrir à l’aéroport de L.A. demain soir ; je profitais de cette occasion pour venir te voir pensant que tu aurais pu nous héberger une nuit mais maintenant je ne suis plus tout à fait sure que tu le veuilles encore ».
“Tu sais très bien que tu peux venir quand tu veux, Buffy et qu’il y a toujours une chambre pour toi ici ; maintenant, bien sûr libre à toi de la partager avec qui tu veux. Quant à toi, Spike, moins je te verrai et mieux ce sera, si tu vois ce que je veux dire ». Sur ce, Angel qui avait repris le bébé des bras de Cordélia quitta la pièce.
Cordélia les accompagna dans leur chambre. Arrivée sur les lieux et après avoir déposé son sac de voyage sur le lit, Buffy se tourna vers elle et lui dit d’une voix un peu plus enjouée : « Cordy, nous voudrions sortir, pour manger et peut-être aller danser aussi. Tu pourrais nous accompagner. Tu dois connaître des endroits sympas ici ».
« Ouais, tu pourrais demander à ton copain de se venir avec nous et nous ferions une sortie à quatre par exemple » rajouta Spike avec un clin d’œil.
« Venir avec vous ? » Cordy prit un air dégoûté qu’elle corrigea aussitôt, elle ajouta : « Non merci. De toutes façons, je n’ai pas de copain et puis, je suis épuisée, la journée a été longue et je n’ai qu’une envie c’est allonger mes jambes sur le canapé et passer la soirée devant un plateau télé ».
Elle s’éloigna pour quitter la pièce, puis se retourna et s’adressant à Buffy : « Je viendrai te dire au revoir demain avant que tu partes ». Elle franchit la porte et les laissa seuls.
“Super l’accueil, enfin on a une chambre c’est pas si mal » dit Buffy devant le départ précipité de son ancienne camarade de classe « elle avait le feu au cul ou quoi, t’as vu comme elle est vite partie. A croire qu’on la mettait mal à l’aise ».
Spike s’approcha d’elle et verrouilla la porte. Il la prit dans ses bras et l’amena jusqu’au lit et commença à ôter son petit haut : « Ne penses plus à eux, Amour, je crois que nous avions des choses à finir toi et moi ».
Même lorsqu’ils avaient fini, ils n’avaient jamais tout à fait fini.
Il glissa ses mains sous sa jupe pour les mettre sur ses fesses ; elle n’avait pas de slip et, en fait, elle n’en mettait jamais depuis qu’ils étaient ensemble. Elle considérait cela comme un affront car elle voulait toujours être disponible pour lui. Le sentiment de cette nudité constante et humide toute à la disposition de son amant, lui faisait apparaître combien elle était vivante et combien elle refaisait partie de cet univers.
Vivante et désirée.
Qu’elle parle à Anya, ou à Willow de choses futiles, qu’elle marche dans la rue pour aller faire ses courses, qu’elle discute avec Giles de tel ou tel sujet, elle gardait toujours l’envie de sexe dans un coin de son esprit. En fait, elle pensait sans cesse à Spike, à faire l’amour avec lui.
Durant le voyage qui les avait amenés de Sunnydale à L.A., ils avaient du s’arrêter de multiples fois pour s’adonner à leur sport favori ; elle n’en était jamais lasse et en demandait sans cesse plus. Il va s’en dire que Spike était tout à fait disposé à la satisfaire.
En caressant ses fesses dénudées, Spike lui murmura « Tu es toujours prête pour moi, n’est-ce pas ? » Il s’est prestement déshabillé et s’est allongé sur elle. Remontant un peu sa jupe, il a frotté son sexe contre sa chatte humide tout en l’embrassant passionnément. Puis, descendant vers son sexe, il écarta ses lèvres et y enfouit sa bouche pour lécher sa petite pomme d’amour comme il l’appelait ; c’était la jouissance extrême pour elle et il le savait. Il la connaissait parfaitement et savait comment lui apporter davantage de plaisir. Il avait une telle pratique dans les caresses qu’elle atteignait l’orgasme en quelques minutes.
Elle était maintenant trempée et toute chaude, comme il l’aimait ; il arriverait sans peine à se retenir encore un peu car ce qu’il appréciait le plus c’était qu’elle le réclame.
«Oh Spike, mon dieu, fais-le »
«Quoi mon cœur ? Je ne comprends pas »
« Oh, Spike »
« Quoi ? »
« Prends-moi, baise-moi »
Mais cette fois, il a continué à jouer encore un peu avec sa langue, l’enfouissant un peu profondément en elle, déclenchant une onde de spasmes ; elle tremblait de tout son être, gémissant et criant son nom. Elle tenta de relever son torse pour se rapprocher de lui mais se rallongea, savourant le plaisir qu’il lui donnait. Il quitta son sexe pour venir vers elle : « J’aime faire l’amour ici dans la maison d’Angel, qu’il puisse entendre combien je te satisfait, me comble. Je veux qu’il sache combien je prends soin de toi, combien je te fais jouir. ».
« Oh Spike, il ne faut pas. » Elle s’était à moitié relevée, un peu perturbée par ce qu’il venait de lui dire. Elle n’avait plus penser à Angel et maintenant, elle se demandait où se trouvait ses appartements : peut-être qu’ils étaient tout près et qu’il l’avait entendue gémir et crier. Et peut-être qu’en l’entendant, dégoûté, il a préféré quitter les lieux.
Buffy était maintenant assise sur le lit, songeuse. Spike à ses côtés : “Tu penses à lui. Cela te perturbe qu’il ait pu t’entendre. Tu penses vraiment qu’il n’a que ça à faire, nous espionner. Tu veux que j’aille voir s’il n’a pas collé son oeil à la serrure pour nous regarder ? »
Il était contrarié et rajouta en fanfaronnant : « Tu veux peut-être qu’il se joigne à nous »
« Très drôle, Spike”
Il se rapprocha car son envie n’était pas assouvi et se remit à l’embrasser.
« Tu sais, lui dit-elle, je pense qu’il aimerait peut-être être à ta place. Tu pourrais avoir un peu de compassion pour lui au lieu de te moquer ».
« Pour cela, il faudrait que j’ai une âme, ce qui n’est pas le cas. J’ai de la compassion pour ta petite chatte qui n’a pas eu ce qu’elle attendait» dit-il en riant et en la prenant dans ses bras. « Nous allons continuer là où nous nous sommes arrêtés, n’est-ce pas, Amour »
« Tu es un méchant garçon, j’ai tendance à l’oublier parfois » dit Buffy en remontant sa jupe.
« Je ne suis pas une personne, comme tu te tues à me le rappeler chaque jour, je suis une chose, une vilaine chose, ajouta-t-il en écartant ses jambes et en entrant en elle. Je peux être très gentil mais quand je suis méchant, je suis vraiment horrible »
Il allait et venait lentement puis accéléra le mouvement, remontant les jambes de Buffy pour mieux la pénétrer ; elle gémit et se laissa summerger par le plaisir. Ils atteignirent la jouissance au même instant.
Il s’allongea sur elle, reprenant son souffle puis l’embrassa et roula sur le côté. En le regardant, elle ne put s’empêcher de penser qu’il y a peu de temps de cela, elle le détestait farouchement et que maintenant les sentiments qu’il lui inspirait étaient assez étranges mais elle s’interdit d’y réfléchir de manière plus approfondi.
Il se tourna vers elle et la reprit dans ses bras, tout en douceur, lui donnant de légers baisers sur tout le visage : « Je ne suis pas si mauvais que ça et peux être très gentil avec la femme que j’aime et je suis gentil aussi avec ses amis et les personnes qu’elle aime ».
Elle tourna la tête vers lui et le regarda intensément : « Je sais que tu es un vampire sanguinaire et assassin Spike et que toujours tu le seras ». Il vit qu’elle parlait sérieusement et ne put s’empêcher d’en être blessé. Il savait pertinemment qu’il n’était plus un homme puisqu’il n’avait pas d’âme mais qu’il n’était plus tout à fait un vampire depuis la puce. Il était une chose indéfini comme elle venait de le lui rappeler et cela le tourmentait.
Buffy s’approcha de lui et mit ses mains autour de son visage : « De toutes façons, maintenant, je suis comme toi. Je ne sais pas trop ce que je suis depuis que j’ai été ressuscitée. »
“Non, ne dis pas ça. Tu ne seras jamais comme moi. Tu es dans la lumière et moi je serais toujours dans les ténèbres ».
« Je ne pense pas. En plus, pour moi, tu es différent des autres vampires. Tu as conscience de ce que tu as fait dans le passé et tu regrettes tous ces morts. En plus, tes souvenirs de l’époque où on t’appelait William sont si présents dans ton esprit que cette partie humaine fait partie intégrante de toi. Tu t’es rapproché de moi, de l’être humain que je suis, et je me suis rapproché de toi en ressuscitant d’entre les morts. Tu vois, nous avons des choses en commun quoique tu en dises ».
Elle voulait absolument le convaincre qu’ils n’étaient pas si différents car dans le même temps, elle essayait d’apporter une légitimité à leur couple. Qu’ils représentaient un couple comme elle en croisait parfois dans la rue, se tenant la main, s’embrassant.
Mais il restait un tueur, un tueur en suspens grâce à la puce, mais un tueur quand même. Il l’aimait, elle n’en doutait pas, car même si la puce s’arrêtait de fonctionner, cela n’enlèverait en rien les sentiments qu’il avait pour elle mais … le tueur restait tapis attendant son heure … pourrait-elle jamais avoir une confiance absolue en lui. C’était un vampire et la nature profonde du vampire, c’était de pouvoir enfoncer ses crocs dans le cou de sa victime, goûter son sang, se repaître de la vie qui s’en allait peu à peu.
Elle ne voulait plus penser à tout cela. Il l’aimait et c’est tout ce qui lui importait.
Elle se pencha vers lui et l’embrassa. Elle voulait oublier et pour oublier, il n’y avait qu’une manière dans laquelle il excellait.
Il sentit le désir renaître ; il approfondit son baiser et recommença à la caresser : elle n’était jamais assouvie et c’est ce qu’il aimait chez elle.
Ils ne sont pas sortis. Ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre.

******

Au milieu de la nuit, Buffy se réveilla, gênée par une sensation de transpiration séchée sur la peau, elle avait gardé sa jupe qui était maintenant enroulée autour de sa taille, complètement chiffonnée.
Elle se leva et passa dans la salle de bains pour une douche bien méritée. La faim la tenaillait un peu. Elle sortit sans faire trop de bruits de la chambre et se dirigea vers la cuisine ; le réfrigérateur ne contenait rien d’intéressant mis à part du lait. Elle s’en servit un verre et eut envie de prendre l’air. Elle monta donc en haut de l’immeuble sur la terrasse. La vue était magnifique de cet endroit qui surplombait toute la ville.
Elle pensait être toute seule lorsqu’elle l’aperçut ; il tenait toujours le bébé dans ses bras et le promenait. Il ne faisait pas froid, l’air était doux. L’enfant semblait endormi.
« Sa maman n’est toujours pas venue le chercher. C’est toi qui le garde » demanda Buffy en s’approchant d’eux.
« Elle est morte » répondit laconiquement Angel.
“Oh, pardon” Elle examina l’enfant endormi dans ses bras. Le corps froid du vampire ne semblait pas le déranger. « Il est joli ce bébé » et s’adressant à Angel : « Tu veux un peu de lait ? »
« Tu sais bien que je ne mange pas. Où est Spike ? »
« Il dort. Pas pour longtemps car ce n’est pas son heure. Il vit la nuit comme tu le sais. »
« Je peux sentir son odeur sur toi, l’odeur de ce que vous avez fait ensemble. Il t’a rendue comme lui, sans honte, sans scrupules et sans conscience ». Il s’est un peu éloigné d’elle tenant toujours fermement l’enfant contre lui.
« Peut-être. C’est intéressant ce que tu viens de dire, surtout de la part d’un ex.vampire sans âme qui a écumé toute l’Europe de sa voracité, de ses crimes … Dans l’échelle des valeurs, je dirai qu’il a été un peu moins méchant que toi ».
« Buffy, que tu sois revenue, que tu es une deuxième chance … c’est un miracle. Mais que tu te gâches avec lui, ça je ne le comprends pas et cela m’effraie ».
« Tu sais ce que tu sais, Angel. Mais tu ne sais pas ce que je sais. C’est sûr qu’avant, jamais je n’aurai laissé Spike entrer dans ma vie et qui plus est dans mon lit. Mais maintenant je fais moi aussi partie des ‘’anciens morts ‘’ et mes valeurs et mes priorités ne sont peut-être plus les mêmes ».
Angel s’approcha de Buffy, et d’une voix plus tendre lui dit : « Si j’avais le pouvoir de remonter le temps, j’empêcherai certaines choses d’arriver. Je ne me serais jamais approché de toi et serais rester en dehors de ta vie. Pas dans mon intérêt, mais pour toi. Une tueuse et un vampire ça ne doit pas être. Jamais nous n’aurions dû nous aimer car cela a faussé ton jugement. Je me sens responsable de ce que tu fais maintenant avec Spike. Les vampires, tu aurais dû simplement les chasser et les tuer, mais pas les aimer ».
Ses mots l’ont atteinte beaucoup plus profondément que ce qu’elle aurait voulu.
« Je ne pense pas que ce soit aussi simple. Je n’ai jamais été une tueuse comme les autres et je n’ai jamais fait ce que l’on attendait vraiment de moi. Je pense avoir un parcours anticonformiste, Giles et le Conseil pourraient t’en parler ».
Elle a bu son lait tout en regardant les lumières de la ville scintillaient.
« Maintenant moins qu’avant d’ailleurs, continua-t-elle, je ne suis plus humaine, Angel. Spike peut me frapper sans déclencher sa puce et ça, il ne peut le faire qu’avec des démons. Que faut-il en conclure d’après toi ? D’ailleurs, Giles est parti faire des recherches pour essayer de comprendre et surtout d’expliquer ce phénomène. Il a peut-être une réponse et me dira ce que je suis vraiment. »
Elle s’est tourné vers lui : « Eh, tu crois que je peux le tenir dans mes bras ? » en faisant un geste vers le bébé.
« Buffy, mon dieu, tu te sens différente ? »
« Angel, laisse le moi quelques instants ». Elle prit alors le bébé dans ses bras et le serra tout contre elle. Elle sentait la chaleur de son petit corps se répandre en elle ; quelle douce sensation pensa-t-elle.
« Alors, ce n’est pas le bébé de Cordélia ? Il est à Wesley. Il avait enfin trouver une gentille fille à aimer ».
« Non, il n’est pas à Wesley et sa maman n’était pas une gentille fille ».
« Ah ! Il commence à faire un peu frais maintenant. Il serait peut-être mieux à l’intérieur, dans son berceau ». Elle remit le bébé dans les bras d’Angel et ajouta : « Il est temps d’aller se recoucher, même pour moi.
A demain Angel ».
« Tu vas le … » il s’interrompit.
Elle le regarda et vit la douleur et la peine sur son visage : « Je suis désolée que cela te peine mais ce n’était pas mon intention ».
« Alors pourquoi le fais-tu ? »
« Parce qu’une fille a besoin de sexe et d’amour. Et une fille qui est une Tueuse a besoin d’une sorte particulière de … »
« Non, Buffy, ne dis rien ».
« Ecoute-moi quand même, Angel. Même lorsqu’il n’avait aucune raison d’espérer, il a bravé des dangers pour moi, s’est lancé à corps perdu dans des batailles, a fait des sacrifices pour moi. Il a cru en moi même au-delà de ma mort, restant auprès de Dawn et de mes amis pour les aider et les protéger, pour moi, en souvenir de moi. Il a voulu me sauver sur la tour mais n’a pas pu et s’en est voulu. Je me devais de lui laisser une chance. J’ai donc appris à le connaître mieux, à apprécier ce qu’il faisait pour moi et j’ai découvert William derrière Spike. Le William qui n’a jamais voulu disparaître et qui a contaminé l’esprit du vampire qu’il est devenu. Il y a une part d’humain en lui. ».
Angel n’attendait pas ce genre de réponse. Il a détourné le regard pour fixer sans but l’horizon et n’a rien pu dire.
« Angel, je ne regrette rien de ce que nous avons vécu ensemble et j’espère que toi non plus. Mais c’est un temps qui est révolu même s’il fait partie intégrante de moi pour toujours ».
« Tu l’aimes maintenant, Buffy ? »
« J’aime faire l’amour avec lui, j’aime sa constance. C’est une bonne chose pour moi considérant que je ne trouvais personne à aimer quand on m’a ressuscitée »
« C’est un animal, un animal dangereux. Calculateur. »
« Tu as changé. Pourquoi n’aurait-il pas changé lui aussi ? »
« Il est incapable de changer surtout dans le bon sens »
« Tu ne le connais plus Angel. Tu devrais aller coucher cet enfant dans son berceau maintenant. Bonne nuit et à demain ».
« Je sais parfaitement qui il est et ce qu’il a fait » Mais Buffy s’éloigna de lui sans répondre et sans se retourner.
En retournant dans la chambre où l’attendait Spike, elle s’est sentie peinée pour Angel. Il devait être très seul, se raccrochant à un bébé, solitaire au milieu de la nuit, pensant à ce qui aurait pu être sans cette malédiction. Son jugement vis à vis d’elle lui paraissait naïf. Il l’avait mise sur un piédestal et il ne la connaissait plus.
Personne d’ailleurs ne la connaissait maintenant.
Excepté Spike.
Spike alluma la petite lampe de chevet quand il attendit Buffy descendre les escaliers. Son ouie hyper développé de vampire lui avait permis de l’entendre venir de loin.
« Tu as eu droit à un long discours, mon cœur » lui dit-il lorsqu’elle franchit la porte de la chambre humant l’odeur d’Angel autour d’elle.
« Oui, mais il ne peut plus rien pour moi. Il a perdu beaucoup de son influence sur moi. J ‘ai mûri. J’étais une adolescente follement amoureuse de lui. Un premier amour c’est important. Mais les choses ont changé. J’ai changé. »
« Au fait, il a toujours son bébé avec lui » ajouta-t-elle.
« Peut-être le garde-t-il comme casse-croûte » dit en plaisantant Spike. « A qui est ce bébé et qui le lui a donné ? Tu lui as demandé ?»
« Il m’a dit que sa mère était morte. »
Elle s’est déshabillée et s’est faufilée nue dans le lit, tout contre lui. Elle a collé son corps chaud contre celui froid de son vampire. Il a semblé tout à fait disposé à lui donner ce qu’elle réclamait. C’était le seul à assouvir tous ses fantasmes. Riley ne se réveillait jamais la nuit, à 4 heures du matin, lorsqu’elle n’avait pas sommeil, elle se collait à lui mais cela ne le réveillait pas. Alors elle se rendormait, insatisfaite. Mais cela n’arrivait jamais avec Spike.
Cela ne ferait que la troisième fois depuis minuit.
« Tu es insatiable, Amour. Heureusement que je suis immortel car tu m’aurais certainement déjà tué d’épuisement ».
« Oui, mais je sais aussi que tu ne peux pas me résister »
**********
Buffy descendit dans le hall de l’Hyperion vers midi et y croisa Cordélia.
« Bonjour Buffy, tu es descendue pour le déjeuner ? ».
« Je pensais que tu pourrais déjeuner avec moi » dit Buffy, et elle ajouta voyant Cordélia regarder par derrière son épaule si Spike n’était pas dans les parages. « Ne t’inquiète pas, Spike ne vient pas. Il y a trop de soleil pour lui à cette heure-ci. Nous pourrions aller déjeuner ensemble comme deux copines, si tu veux ».
« OK. Laisse moi simplement dire à Angel que je m’absente un petit moment, dit-elle en se levant et en se dirigeant vers l’escalier. Il est avec Connors ».
Buffy l’a regardée monter les escaliers, légère comme une danseuse.
« Il est notre rayon de soleil » ajouta-t-elle.
C’est étrange, pensa Buffy, elle en parle comme si c’était le leur. Ils semblent d’ailleurs y être très attachés. Peut-être l’ont-ils sauvé et l’ont-ils adopté ?
L’absence de Cordélia dura plus longtemps que ne l’exigeait son motif : n’était-elle pas simplement une employée prévenant son employeur qu’elle s’absentait pour déjeuner ?
Cela faisait un quart d’heure que Buffy attendait dans le hall quand elle vit Angel descendre l’escalier, passer devant elle sans la calculer et se diriger vers les sous-sols. Il fut suivi de près par Cordélia qui s’avança vers Buffy le bébé dans les bras.
« Je ne pourrais pas venir avec toi, Buffy. Gun et Wesley sont déjà partis. J’ai eu une vision et il n’y a personne pour garder Connors ».
« Nous pourrions l’amener avec nous ? »
« Je me sens fatiguée et j’ai mal à la tête. De plus, je ne peux pas m’absenter car il n’y aurait personne pour répondre au téléphone. Si tu veux, nous pouvons passer une commande et manger ici ? »
Tandis qu’elles attendaient la livraison de leur déjeuner, Cordélia en profita pour changer le bébé. Ensuite, elle fit semblant de s’occuper de certains dossiers qui traînaient sur le bureau, les changeant de place sans une véritable raison, allant de droite à gauche, comme gênée de se trouver seule avec Buffy et essayant de retarder toute ébauche de conversation.
En vain, car Buffy l’interpella : « Tu sais, tu peux me parler. Je ne suis plus morte ».
« Excuse-moi, mais j’ai du mal à entamer une conversation avec toi à vrai dire. Je ne t’ai pas vue depuis bien longtemps. Tu viens ici en coup de vent et, avec une personne indésirable. J ‘ai du mal … »
« Comment ? »
« Je ne peux m’empêcher de penser que tu as beaucoup changé, Buffy. Tu sembles ne pas avoir un jugement fiable sur les personnes. Tu aurais pu choisir n’importe quel homme pour partager ta vie, et tu nous amènes le pire d’entre-eux. Comment veux-tu que l’on arrive à comprendre ? Toi, la Tueuse avec un vampire sans âme, un assassin. Je ne pense pas que tes amis le comprennent également. Et Giles, est-il au courant ? Certainement pas, comment va-t-il te juger ? Que lui diras-tu pour ta défense ? »
« Alors, c’est cela. Tu as vidé ton sac, toi aussi ? Tout le monde se permet de me juger. »
Spike descendit lentement les escaliers, tout de cuir vêtu, et alluma une cigarette ; il n’avait rien manqué de la tirade de Cordélia.
« Je ne suis pas partisan de ce genre de confession et je n’avais aucun besoin de venir ici » dit il d’une voix assez forte pour bien être entendu.
Il s’approcha des jeunes femmes et continua : « Mais la Tueuse a toujours des sentiments pour Soul Man et a toujours besoin de se justifier auprès de lui. Elle veut avoir sa bénédiction si l’on peut dire. Moi, je ne suis que son valet, son bien. Tout ce que je peux dire ne fait pas le poids comparé à ce qu’il peut dire, lui ».
Ces mots blessèrent Buffy beaucoup plus profondément qu’elle ne voulait se l’avouer. Mais pourquoi se permettaient-ils tous de la juger, de la torturer ? Elle voulait simplement faire ce dont elle avait envie, sans avoir à se justifier. Elle ne voulait être seule, faire l’amour avec un homme, Spike en l’occurrence, sans se sentir diminuer pour autant.
En dehors de cela, elle continuait à être La Tueuse, à remplir ses devoirs de Tueuse et à faire ce que l’on attendait d’elle. N’y avait-il personne pour avoir un tant soit peu de gratitude envers elle.
« Je pense que vous devriez partir avant qu’Angel ne revienne » murmura Cordélia.
« Ne dis rien, Spike. Elle a raison et tu avais raison. Nous n’aurions jamais dû venir ici »
Il s’adressa quand même à Cordélia d’une voix dénuée de toute agressivité : « Tu sais, Cordélia, elle était simplement venue voir ses amis. Ceux qu’elle aime. Soyez patient, elle vous reviendra car je ne suis qu’un intermède dans sa vie, cela ne durera pas. Il ne faut pas lui en vouloir et vous ne devez pas oublier toutes les bonnes choses qu’elle a faites »
*****
La voiture était heureusement garée à l’ombre. Ils montèrent et prirent la route de l’aéroport. Ils avaient envisagé de rester chez Angel jusqu’en fin d’après-midi car Giles ne devait arriver que dans la soirée. Ils se retrouvaient donc dehors en milieu de journée avec un soleil resplendissant ce qui n’arrangeait pas le vampire.
Buffy quant à elle, aurait bien promené nonchalamment le long des artères de L.A., chinant dans les boutiques à la mode, prenant une boisson et lézardant sur la terrasse d’un café. Malheureusement, son compagnon ne pouvait se permettre ce genre de fantaisie sans finir en poussières.
« Tu crois que l’on va cuire dans cette voiture jusqu’à l’arrivée de Giles, ou on envisage de s’arrêter quelque part pour l’attendre à l’ombre ? » demanda Spike.
Buffy acquiesça ; ils décidèrent de prendre l’autoroute de l’aéroport et de se trouver un motel à proximité. Spike prit la sortie de l’aéroport et sur le chemin s’arrêta sur le parking d’un motel.
« Tu devrais voir s’il te reste un peu d’argent pour prendre une chambre. Reviens me chercher lorsque tu auras la clef »
Buffy sortit de la voiture et marcha sous un soleil ardent jusqu’à la réception du motel. C’était un motel bon marché où on devait certainement trouver un ou deux cadavres par semaine. Le prix de la chambre était de 20 $.
Elle revint quelques minutes plus tard avec une clef ; la chambre qu’on lui avait donnée n’était pas très loin de la voiture. Spike put en sortir rapidement, sa couverture sur la tête, et s’engouffrer dans la pièce que Buffy venait d’ouvrir. « Je suis mieux ici ! … enfin si l’on peut dire » Spike inspecta la pièce avec un certain dégoût. Il avait beau avoir vécu dans une crypte dénuée de tout confort moderne, elle était certainement plus avenante que cette chambre minable à la moquette et au couvre-lit souillés, aux stores déglingués.
« Ne fais pas attention à la décoration, Buffy, vient te mettre dans le lit avec moi, nous aurons vite fait de penser à autre chose. N’est ce pas ? ».
Il débarrassa le lit de son édredon et y découvrît des draps à peu près corrects ; il attrapa Buffy et la renversa sur la couche avec lui. « Dieu, que je t’aime » lui murmura-t-il au creux de l’oreille. Elle se laissa faire, satisfaite de ne plus à avoir à penser à Angel ou Cordélia. Il la débarrassa de ses vêtements et s’apprêta à recommencer encore et encore, ce qu’il faisait de mieux.
Alanguie par ses caresses, Buffy était sur un petit nuage mais tout à coup, peut-être perturbée par ce qu’elle avait entendu la veille au soir et le matin même à l’Hyperion, elle se mit à penser à Giles. Là, bien sûr, plus de petit nuage, elle repoussa Spike qui s’appliquait à lécher et à embrasser chaque parcelle de sa peau. Il fut surpris : « Amour, qu’est-ce qui t’arrive. Tu n’aimes pas ? »
« Non, ce n’est pas ça. Je pense à Giles » Elle l’imaginait dans l’avion, un livre ouvert sur la petite tablette, relevant de temps en temps la tête pour réfléchir, essuyant ses verres de lunettes lorsqu’un détail le perturbait. Qu’allait-il bien lui dire ? Et surtout, qu’allait-il penser de tout ceci ? Buffy et Spike, quelle hérésie. Il allait détester cette idée.
« Pourquoi lui ai-je demandé de faire des recherches et de revenir ici ? » Mais tout d’un coup, Buffy se rappela que c’était l’idée de Spike de le faire venir. Il l’avait vue perturbée par ce qui lui était arrivé et elle ne savait pas qui elle était maintenant moitié humaine, moitié démon.
Il lui avait donc conseillé d’appeler son observateur afin qu’il puisse l’aider. Il la regardait maintenant et était contrarié de voir que cette décision la perturbait encore plus. Il avait un air si attendrissant qu’elle ne put s’empêcher de se pencher vers lui et de l’embrasser. Il ferma les yeux pour apprécier entièrement son baiser.
Elle se blottit ensuite au creux de son cou et dit : « Il ne va pas aimer du tout la tournure des évènements et fera tout pour que je ne l’apprécie plus non plus. Il va essayer de nous séparer et montera certainement mes amis contre toi. Tu sais qu’ils te détestent ».
“Mon Coeur, je ne veux pas que tu sois malheureuse. Si tu devais me dire maintenant que c’est fini, je l’accepterai et te laisserai partir ». Elle a quitté le creux de son cou pour le regarder : « Ce n’est pas ce que tu m’avais dit. Tu as toujours voulu faire partie de ma vie et je n’ai jamais réussi pendant des années à me débarrasser de toi. Tu as toujours été persévérant ».
« C’était avant. Avant que je te connaisse mieux. Tu m’a rendu égoïste et possessif c’est sûr. Je me fâche avec toutes les personnes qui veulent te faire du mal, avec les hommes que tu as connus avant moi. Mais je t’aime trop maintenant pour ne pas accepter de disparaître de ta vie si cela devait te rendre plus heureuse ».
Elle a tremblé et s’est rappelé alors les coups durs qui avaient jalonné sa vie : la mort de sa mère, Dawn sur la tour, Angel lui tournant le dos et s’éloignant dans les lumières clignotantes des ambulances le jour où il a décidé de la quitter : elle a toujours fait face, contrôlant ses émotions, restant un bon petit soldat et agissant comme on l’attendait d’elle.
Cela n’avait pas été facile. Tout avait été si dur à supporter.
En repensant à tout cela, elle se remémora ce qu’il avait fait pour elle : il avait bravé Gloria et n’avait pas révélé qui était la clef au péril de sa non vie et combien elle avait été surprise par tant de bravoure. Elle n’avait jamais cru en lui avant cela, elle avait été même prête à le réduire en poussières tant elle était persuadé qu’il avait parlé. Comment pouvait-elle le nier maintenant ? Et oublier l’expression de son regard quand il l’a vue pour la première fois après sa résurrection : un regard où se mêlaient effroi et adoration. Elle n’en avait jamais parlé mais elle se souvenait dans les moindres détails de cette journée.
Elle pensait que personne ne pourrait la comprendre ; il lui a pris les mains et a compris tout de suite ce qui s’était passé. Il savait d’où elle venait, et ce qu’elle avait traversé.
A partir de ce moment, il n’a pas cessé de la pousser vers la vie, de la tenir à bout de bras quand elle perdait pied.
Et il voulait qu’elle oublie tout cela. Pour ne pas avoir de problèmes avec ses amis, avec son observateur, pour son « bien ».
Une déferlante de sentiments s’abattit sur Buffy, écrasant son cœur ; des sentiments dont elle n’avait pas mesuré l’intensité et auxquels elle n’osait donner un nom.
Elle regarda Spike et les larmes inondèrent son visage lorsqu’elle lui dit : « Tu les laisserais te demander de partir, de t’éloigner de moi parce qu’ils seraient arriver à te convaincre que je serais plus heureuse sans toi ? »
« Non, Chaton, pas eux mais toi. Si tu me le demandes, je partirai loin de toi pour ne plus revenir et pour te laisser une chance d’être heureuse et de mener une vie normale. Si tu me le demandais, oui je le ferais malgré tout l’amour que j’ai pour toi, je préfèrerai te laisser et te savoir heureuse même sans moi ».
Buffy se jeta dans ses bras et lui dit : « Promets-moi, promets-moi que tu ne partiras que si c’est moi qui te le demande et personne d’autre ».
« Ne pleure pas, Amour. Je n’ai pas voulu te faire de peine en te disant tout ceci mais je voulais que cela soit clair. Je ne veux pas être un obstacle pour toi. »
Il la serra avec plus de force contre lui, caressant ses cheveux, son dos, et progressivement ses caresses devenaient plus entreprenantes, plus inquisitrices.
« Laisse-toi faire, Buffy, laisse-moi te rendre heureuse » dit-il d’une voix rendue rauque par un désir mal contenu.
« Prends moi maintenant, Spike. Je veux voir ton visage. Reste dans cette position. »
Il lui sourit et l’allongea sous lui ; il la pénétra et ils atteignirent le plaisir suprême sans jamais se quitter des yeux.
Ils restèrent lovés l’un contre l’autre un moment sans parler puis Spike lui demanda : « Ce serait si terrible si je devais te laisser ? ».
Elle ne répondit pas.
« Je devine que tu dois commencer à t’attacher à moi, Amour, n’est ce pas ? »
« Je ne t’aime pas et je ne t’ai jamais aimé. Tu es une chose utile, tu ne te souviens pas ? » A-t-elle maugrée en se serrant un peu plus contre lui, l’entourant de ses jambes.

******

Ils étaient arrivés à l’aéroport depuis quelques minutes, un peu en retard. Spike avait pris sa main et avait accéléré le pas tandis qu’ils se dirigeaient à travers la foule vers le hall d’arrivée ; c’était la première fois qu’elle se trouvait avec lui dans un lieu public, lui tenant la main, comme un couple ordinaire. Elle remarqua que plusieurs personnes les avaient détaillés alors qu’ils continuaient à marcher vers leur destination.
Etait-ce l’allure de Spike tout de cuir noir vêtu, ou le couple qu’ils faisaient ensemble qui attirait l’attention, elle ne put le dire.
Quoiqu’il en soit, il fallait se presser car Giles avait débarqué depuis un moment maintenant et devait l’attendre avec ses bagages se faisant un peu de soucis quant à son retard.
Elle ralentit le pas forçant Spike à en faire autant. Il se tourna vers elle l’interrogeant du regard ; en fait, elle n’était pas vraiment pressée de rencontrer son observateur car plus elle s’en approchait, plus son cœur se remplissait de crainte.
Soudain, Spike lâcha sa main et ralentit un peu plus pour la laisser passer devant lui ; il avait aperçu Giles au loin et ne voulait pas être vu le premier.
Buffy arriva donc la première devant Giles qui la prit dans ses bras pour l’embrasser.
Spike ne l’avait jamais vu se comporter ainsi avec sa protégée, sa réserve britannique semblait s’être un peu dissipée et l’on voyait que c’est avec une tendresse toute paternelle qu’il entourait Buffy.
« Oh, Giles, je suis désolée d’arriver en retard. » mais Giles l’interrompit : « n’aie crainte, j’ai tellement de plaisir à te voir. Je te trouve d’ailleurs resplendissante ».
Tandis qu’il essuyait les verres de ses lunettes comme à son habitude, son regard embrassa le reste du hall sans pour autant remarquer la présence de Spike à quelques mètres de là.
« Vous avez fait un bon voyage »
« C’était long et je suis fatigué. J’ai hâte d’être rentré.»
Il prit ses bagages et accompagné de Buffy, ils prirent la direction de la sortie.
« Alors, Willow et Tara comment vont-elles ? Se sont-elles réconciliées ? »
« Je ne sais pas trop ; elles ont repris les cours à la fac et leur vie dans le campus mais séparément ».
« Et toi, comment vas-tu ? As-tu ressenti des effets secondaires ? Si c’est le cas, pourrais-tu me les décrire ? »
« On devrait peut-être attendre d’être dans la voiture pour en parler ? »
« C’est vrai ! Tu as raison mais je suis si impatient de parler de tout ceci avec toi. Tu ne m’as pratiquement rien dit au téléphone. J’ai reçu ta lettre juste avant de partir et l’ai lue pendant le vol : cela m’a inquiété alors … »
« Giles, Spike est là derrière nous. Il m’a accompagnée » dit précipitamment Buffy en tournant la tête vers lui, puis en regardant en direction de Spike qui les suivait à quelques mètres derrière.
« Je me doutais bien que tu n’étais pas venue toute seule ; tu as horreur de conduire sur des longs trajets. »
« Simplement, je sais que vous le détestez, Giles, ajouta-t-elle, mais s’il vous plaît essayez de rester cool pendant le trajet en voiture. Si vous avez des reproches à me faire, je vous demanderais d’attendre que nous soyons arrivés à Sunnydale et que nous seuls tous les deux pour en parler ».
Il la regarda avec un visage las et elle ne sut s’il était un peu ou franchement contrarié par la présence de Spike : « Ne t’inquiètes pas, je ne vais pas me lancer dans de grands discours moralisateurs dans la voiture ; je suis tellement fatigué par le voyage et le décalage d’horaires que je dormirai probablement pendant tout le trajet ».
Soudain, Spike se retrouva près de lui, lui prenant les bagages des mains : «Salut, Rupert. Laissez, je vais vous aider ». Il passa devant eux d’un pas plus rapide en direction du parking.
Giles et Buffy le suivaient d’une allure un peu plus lente ; Giles n’avait rien répondu et Buffy se demanda ce qu’il pensait.
Lorsqu’ils arrivèrent à la voiture, Buffy dit à Giles de monter à l’avant, à côté du conducteur.
Spike, quant à lui, rangea les bagages dans le coffre de la voiture avec l’impassibilité d’un chauffeur de grande maison ; d’ailleurs, il sembla prendre son rôle très au sérieux car il ne desserra pas la bouche durant les 3 heures du voyage. Il jetait de temps en temps un coup d’œil à Buffy qui se trouvait à l’arrière, s’inquiéta auprès de son passager de savoir s’il voulait ou non s’arrêter et si la station de radio qu’il avait choisie lui convenait. Mis à part cela, il garda un mutisme strict jusqu’à Sunnydale.
La nuit était clémente et ils avaient ouvert toutes les vitres de la voiture ; Giles contrairement à ce qu’il avait annoncé, ne parvint à s’assoupir.
Ils venaient de rentrer dans Sunnydale lorsque Giles dit à Buffy : «Dieu, j’avais oublié de te dire le plus important. Lors de ma visite au Conseil, je suis arrivé à les convaincre de te verser un salaire annuel pour ton action leur expliquant que tu avais dû interrompre tes études et qu’il t’était difficile de mener à bien ta mission et un travail assez bien rémunéré. Que tu avais pas mal de difficultés financières. Ils ont été d’accord et le meilleur c’est que tu recevras un arriéré de salaires pour les années passées. »
Buffy l’attrapa par derrière et l’embrassa ; elle était toute excitée à l’idée de recevoir un salaire, avec qui plus est un rappel des années passées ; c’était une manne dont elle ne s’attendait pas. Dawn et elle avaient tellement de problèmes d’argent depuis la mort de Joyce.
« Vous êtes sûr, Giles. Mon dieu, alors je n’aurai plus à servir de bonne dans ce fast-food, à rentrer à la maison avec cette odeur de friture tout ça pour un salaire de misère ».
« Et c’est officiel, Buffy, j’ai tous les papiers avec moi. Il ne manque plus que ta signature ».
Spike arrêta la voiture devant la maison des Summers et rompit son mutisme pour demander à Giles : « Rupert, vous êtes certain qu’il n’y a pas un alinéa dans le contrat, écrit en minuscule, que vous n’auriez pas vu et qui réserverait de mauvaises surprises à la Tueuse ».
Giles se tourna vers Spike et pour la première fois depuis qu’il était arrivé, lui adressa la parole : « Que veux-tu insinuer, Spike ? Dis nous carrément à quoi tu penses. »
« Je pense à certaines dispositions visant à réduire la liberté d’action de la Tueuse, par exemple »
« Il n’y a aucune clause particulière pouvant nuire à Buffy. Le Conseil a accepté ses conditions, sa personnalité et tout ce qui se rattache à elle ; ils ont voulu simplement la remercier de tout ce qu’elle a déjà fait et de tout ce qu’elle fera contre les forces du mal. Ils lui sont reconnaissants. Et c’est ce que nous devrions tous faire. »
L’allusion était parfaitement claire et la tension entre les deux hommes, palpable mettant un peu plus mal à l’aise la jeune femme.
Ils sortirent de la voiture ; Spike se chargea des bagages de Giles.
Giles et Buffy entrèrent les premiers dans la maison ; l’observateur suivit sa protégée dans la cuisine tandis que le vampire montait à l’étage.
« Vous voulez manger quelque chose, Giles ? Je peux vous faire un sandwich et du thé si vous voulez ».
« Oui, ça ira ».
Alors qu’elle s’affairait à lui préparer son en-cas, Giles ôta ses lunettes et commença à les nettoyer méticuleusement ; il s’agissait d’un signe annonciateur de discussion délicate.
« Alors, il vit dans cette maison maintenant ? » demanda-t-il.
« En fait, j’ai eu la franchise d’annoncer à mes amis qu’il était mon amant et ils n’ont pas trouvé mieux que de mettre le feu à sa crypte. Du coup, il est venu habiter ici ».
«Le feu à sa crypte ? »
« Ils auraient même voulu le brûler aussi ; enfin, c’est pas très clair. Spike ne veut pas en parler et Dawn a tendance à exagérer ».
« Dawn était avec eux ; c’est assez étonnant de la part d’Alex et de Willow »
« Elle n’était pas censée y être mais il semble qu’elle ait tout vu. Quoiqu’il en soit, il y a une belle pagaille dans le Scooby Gang depuis ».
« Je vois. C’est bien malheureux ».
Il avait continué à astiquer ses lunettes alors qu’elles étaient propres depuis un petit moment, puis réalisant cela, les avait remises sur son nez.
Il prit son sandwich et son thé en silence.
Il reprit la parole après un petit moment qu’il avait mis à profit pour réfléchir à ce qu’il venait d’apprendre.
« Pour en revenir à Spike, es-tu bien sûr de ce que tu fais ? Tu n’as quand même pas oublier que c’est un vampire, qu’il n’a pas d’âme et qu’il n’est inoffensif que parce qu’il a une puce dans le cerveau. »
« Ecoutez, Giles, je sais que j’ai un problème avec les vampires et je sais aussi que vous ne l’aimez pas. Mais ce n’est pas mon problème pour le moment ; je veux simplement savoir si je suis revenue totalement humaine ou si je cache en moi une part de démon. Je crois que c’est les réponses que vous êtes allé chercher ». Buffy avait dit tout ça avec des sanglots dans la voix ; en fait, depuis quelques temps, elle n’arrivait plus à parler de sa relation avec Spike sans finir par pleurer.
C’est vrai aussi que les gens qui la poussaient à en parler étaient les mêmes qui se permettaient de la juger bien sévèrement.
Mais en y réfléchissant bien, elle pleurait facilement et en était gênée surtout devant ses amis et son observateur ; où était la Tueuse impitoyable, dure et forte qu’ils connaissaient ?
Il n’y avait que devant Spike qu’elle pouvait pleurer sans un certain malaise ; d’ailleurs, elle pouvait faire beaucoup de choses devant Spike. Tout était tellement simple avec lui.
Elle ne se rappelait pas depuis combien de temps c’était comme ça avec lui mais elle savait qu’elle n’avait aucune honte, aucune gêne avec lui.
« Je pense qu’il doit être difficile pour vous de vous apercevoir que je suis vraiment stupide d’agir de la sorte mais.. »
« Non, Buffy, jamais de la vie. Je suis désolé que tu penses que je te juge très durement. En fait, j’apprécie ta franchise. »
“Nous avons un autre problème, Giles. Un problème avec Willow. Nous ne sommes plus en phase elle et moi. Elle est dans son monde et ne veut guère en sortir. Je pense qu’il faut l’aider avant qu’elle ne fasse de mauvais choix. Elle vous écoutera peut-être car elle ne nous prend pas au sérieux ».
« Je vois »
« Je sais que vous auriez voulu que l’on se débrouille seul et que l’on puisse régler nous-mêmes ce genre de conflit mais nous n’avons pas fait du bon travail sur ce coup ».
« A problèmes exceptionnels, circonstances exceptionnelles. Ce n’est pas ce que l’on dit habituellement »
« Peut-être ; Pour en revenir à Spike, je ne comprends pas pourquoi tout le monde en a tellement après lui. Il nous a aidé à combattre Gloria, s’est occupé de Dawn après ma mort et a aidé le Scooby gang à combattre les démons. Ils m’ont raconté ce qu’il a fait lorsque je n’étais pas là. Et maintenant, il faudrait presque le tuer ».
Giles se resservit une tasse de thé avant de répondre.
« Je voudrais que tu m’expliques comment tu as découvert qu’il pouvait s’attaquer à toi sans déclencher la puce ».
Buffy hésita et gesticula avant de lâcher : « En fait, un jour il m’a énervée, je l’ai frappé comme d’habitude et il a répondu à mes coups. Et là, il s’est aperçu qu’il pouvait me frapper sans que sa puce se déclenche ».
« Tu es sûre qu’il n’y a pas un problème de dysfonctionnement ».
« Il m’a dit qu’il l’a testée ».
« Ah, il l’a testée. Tu veux dire qu’il a attaqué une jeune femme ».
« Oui, mais la puce s’est déclenchée »
« Et si elle n’avait pas marché … »
« Mais elle a fonctionné, Giles. Donc il ne lui a rien fait. Je pense qu’il n’était pas dans ses intentions de la tuer. Il l’a laissé partir avec une belle frayeur. Je suis sûre qu’il ne lui aurait rien fait ».
« Excepté peut-être la transformer en vampire »
« Je ne pense pas qu’il veuille tuer quelqu’un maintenant ».
« C’est un vampire, Buffy. Tuer c’est sa raison d’être. Il est comme le loup, c’est une obligation pour lui. C’est son instinct. ».
« Angel ne tue pas. Et ne me dites pas que c’est son âme qui l’empêche de tuer car il existe un nombre important de personnes avec une âme qui sont des assassins sans remord. Spike nous a prouvé qu’il a renoncé à cet instinct, qu’il a fait des choix selon une certaine étique. Si vous preniez le temps de le connaître, vous changeriez certainement d’avis à son sujet ».
« Ecoute Buffy, tout d’abord, il faut contrôler sa puce. Savoir ce qui ne va pas avec toi ».
« OK, je pense qu’il se soumettra à des tests si on agit correctement avec lui. »
« Bien. Giles hésita un instant, puis reprit un peu gêné : « Je sais que ce ne sont pas mes affaires mais je crois qu’il faut que je saches. Dans la lettre que tu m’as écrite, tu m’expliques certains épisodes de ta vie avec Spike mais… ».
« Vous voudriez connaître les circonstances exactes de …de la première fois avec lui ? Alors, je tiens à vous dire que c’est privé».
« Je comprends tout à fait, Buffy. Je ne voulais pas être indiscret mais je m’inquiète car tu es d’une telle émotivité depuis que tu es revenue, que tu as du mal à faire la part des choses. Tu es très vulnérable et je ne voudrais pas que Spike ait pu profiter de cet état de faiblesse pour te séduire alors qu’il n’y serait jamais parvenu si tu avais été dans ton état normal.»
« Profiter de moi, m’imposer quoique ce soit. Personne ne profite de moi et personne ne m’impose quoique ce soit. Si cela s’est passé comme ça c’est que je le voulais bien. En plus, de quoi avez-vous peur ? Il ne peut pas vous attaquer et moi, s’il l’avait voulu, il l’aurait déjà fait. Ce n’est pas les occasions et les provocations qui ont manqué, je l’ai souvent poussé à bout mais jamais il n’a montré la moindre agressivité à mon égard ».
« Je voulais simplement m’assurer qu’il n’avait pas abusé de toi car si c’était le cas, je mettrai tout en œuvre pour t’éloigner de ses bras ».
« Il n’y a rien de mauvais dans ses bras. Ses bras sont un refuge ».
Ils montèrent tous deux à l’étage et avant d’entrer dans la chambre que Buffy lui avait préparée, Giles hésita un instant.
« Qu’y a-t-il Giles ? »
« J’espère simplement que tu me laisseras t’aider, Buffy. J’espère que nous ferons tous preuve de bonne volonté ».
« Oui, je … »
« J’attends de toi que tu gardes un esprit ouvert ».

*******

Elle n’arrivait pas à dormir. Cela faisait des heures et des heures qu’elle tournait dans son lit, solitaire.
Rien de ce qu’était sa vie maintenant n’était plaisant.
Pourquoi Tara ? Pourquoi ? Notre couple était-il si fragile, qu’un seul écueil l’ait fait voler en éclats. Ne sais-tu pas combien je t’aime ? Combien la vie sans toi est terne.
Elle n’avait pas mérité cette punition.

Tout ce que l’on attendait d’elle c’est qu’elle laisse tomber toutes ses années d’apprentissage, toute ses compétences de sorcière et qu’elle devienne à nouveau l’insignifiante bonne élève, celle que l’on ne regarde pas mais que l’on va voir lorsqu’on a un devoir à finir.
Pourquoi étaient-ils tous si durs. Tout le monde fait des erreurs.
Elle avait été vraiment désolée mais personne n’a semblé s’en inquiéter.
Sunnydale était déserte à cette heure de la nuit. Willow marchait dans la rue principale, désoeuvrée. Cela faisait des nuits et des nuits qu’elle ne dormait plus correctement.
Rien de ce qu’elle faisait ne l’intéressait. Même les cours à la fac avaient perdu de leur attrait.
Elle avait essayé de se trouver de nouveaux centres d’intérêt, de se faire de nouvelles relations dans le campus mais elle n’y était pas parvenue.
Le plus terrible c’est qu’elle s’était peu à peu éloignée de ses meilleurs amis : Alex n’était plus le même depuis l’histoire de la crypte et Buffy. Buffy, elle ne la reconnaissait plus.
Pourtant, elle avait fait beaucoup pour elle, l’aidant dans son combat contre le mal, s’occupant de Dawn et de la maison lorsqu’elle n’était plus là et, surtout, elle avait été à la base de sa résurrection. Mais elle avait l’impression que Buffy ne lui en était pas reconnaissante, elle pensait même quelques fois qu’elle lui en voulait.
D’un autre côté, ce n’était pas sa faute, comment aurait-elle pu deviner que Buffy était au Paradis ; l’existence même du Paradis n’était même pas prouvée. De plus, si on y réfléchit lorsqu’on saute dans un trou dimensionnel créé par une déesse comme Gloria, on était en droit de s’attendre à finir plutôt en enfer.
Tout ceci était bien sûr regrettable mais de là à courir dans le lit de Spike il y avait une marge. C’était impensable. Il n’y avait rien de romantique dans cette liaison et il ne fallait pas oublier ce qu’il avait fait avec Angel.
Avoir des relations avec Spike, c’était certainement la preuve que l’esprit et l’âme de Buffy étaient malades,
Et puis, il fallait l’avoir vue lorsqu’elle est venue à la Boutique de Magie leur demander d’aider Spike et de faire quelque chose pour lui car sa crypte avait été dévastée par le feu.
Elle ne savait pas à l’époque qui avait fait le coup.
Au moins, il avait eu peur mais il n’était pas mort et maintenant, il vivait chez elle.
Il fallait absolument qu’elle fasse quelque chose pour Buffy ; elle devait reprendre le contrôle de sa vie sans que cet énergumène la détourne de sa mission, de sa famille et de ses amis. C’était juste une question de temps.
Si Willow ne pouvait rien faire pour arranger sa relation avec Tara, elle ferait tout son possible pour que Buffy redevienne la Buffy d’avant.
Willow continua à marcher le long de la rue principale toujours plongée dans ses pensées ; le jour commençait à se lever et elle étouffa un bâillement.
Ses pas l’avaient emmenée non loin de la maison de Buffy.
Elle se dit qu’elle pourrait entrer, faire un petit somme sur le sofa puis préparer le petit déjeuner pour Buffy et Dawn comme avant. Cela lui permettrait peut-être de revenir dans les bonnes grâces de Dawn qui semblait leur en vouloir terriblement depuis ce qui s’était passé chez Spike.

*******

Buffy se réveilla et regarda Spike qui était toujours endormi. A passer son temps avec les humains, il avait perdu ses habitudes de noctambule ; la plupart du temps, il dormait une partie de la nuit avec elle. Cela semblait lui suffire ; elle avait remarqué qu’il n’avait pas besoin de beaucoup de sommeil. D’ailleurs, mise à part cette période de somme avec elle, il restait éveillé la plupart de la journée.
Il se réveilla et ébaucha l’ombre d’un sourire en remarquant qu’elle le regardait ; il avança la main vers elle et lui caressa la joue.
« Le jour pointe juste le bout de son nez, tu devrais dormir encore un peu, Spike »
Il se rapprocha d’elle et commença à parsemer son bras de petits baisers ; comme il était tendre le matin lorsqu’il était encore tout endormi.
« Tu sens bon, Amour, et tu es chaude comme un bébé, toute encore enveloppée de sommeil ».
Il continua à l’embrasser mais ses baisers avaient migré bien loin de son bras, et s’approchaient dangereusement de ses seins. En descendant un peu vers lui de façon à accélérer la migration de ses baisers, sa cuisse frôla le sexe dur de Spike. Elle était déjà trempée avec une envie démesurée. Elle étendit ses jambes, prit le sexe dans ses mains et l’introduisit en elle. Tout son corps était déjà prêt à cette communion. Spike a soupiré et a enfoui sa tête dans son cou. Il se déplaçait à peine mais chaque mouvement suffisait à la faire vibrer. Elle participait de son côté en mobilisant les muscles de son vagin, essayant d’emprisonner son partenaire afin que la pénétration se fasse plus intense. Elle avait beaucoup progressé avec lui ; l’expérience et les nombreuses années de pratiques sexuelles du vampire faisaient de lui un professeur inégalable.
Il continuait à l’embrasser dans le cou mais elle voulait plus ; elle prit sa tête et chercha sa bouche afin qu’il approfondisse ses baisers. Elle a ensuite déplacé ses jambes afin de donner un angle plus optu à son bassin ce qui décupla les sensations et accéléra leur orgasme.
« Oh, Buffy, tu me rends fou. »
« Mmm. Merci Spike pour ce que tu as fait hier. T’occuper de Giles, être gentil, me faire l’amour ».
« Rien que je n’ai voulu faire, Amour »
« Pourquoi es-tu si gentil avec moi ? »
« Tu es ma raison de vivre, Buffy, sans toi rien n’a de sens ».
Il n’avait rien fait de semblable pour aucune autre fille. Du temps de sa condition humaine, les seules filles qui comptaient, étaient ses sœurs et sa mère, exceptée cette idiote de Cécily qui avait été à l’origine de sa transformation. Après, il y avait eu Drusilla mais c’était une relation mêlant sexe, violence, tuerie. C’est sûr qu’il l’avait aimée et qu’il avait aimé la vie de débauche qu’il avait partagé avec elle mais c’était toujours dans la violence extrême et Drusilla, il faut bien le dire, était psychologiquement bien atteinte.
Son obsession pour les Tueuses avait commencé avec elle. Elle l’avait poussé à ça et l’avait récompensé à sa juste valeur après la mort de la première. Drusilla l’avait alors choisi comme compagnon.
Il avait eu cette même obsession en voyant Buffy ; il avait maintes fois rêvé de la tuer mais maintenant personne, Drusilla encore moins que les autres, ne pourrait le pousser à lui faire du mal. Pour elle, il s’était définitivement séparé de son clan et à la différence d’Angel, même sans âme, il avait accepté de repousser le démon qui était en lui.
« Amour, ça va ? »
« Je suis bien »
« Moi aussi, il avait maintenant sa bouche tout près de son oreille, j’aime te sentir enrouler autour de moi, nos sexes et nos bouches étroitement mêlés. Tu aimes aussi, n’est ce pas ? Tu peux le dire, j’aime te l’entendre dire»
« Oui, j’aime »
Il était toujours allongé sur elle ; Buffy caressa son dos suivant de ses doigts les courbures des ses muscles. Il était si beau, si musclé, si parfaitement homme.
Elle chuchota : « Tu m’aimes ? »
Il se souleva un peu pour la regarder, un peu étonné : « Tu sais que je … »
« M’aime ? »
« Un peu plus chaque jour »
« Alors tu m’aimes ? »
« Oui, Buffy, je t’aime »
Il était resté en elle, attendant de reprendre un peu de vigueur pour recommencer. Etait-ce cette question, cette connivence qu’il venait de partager, la sentait-il plus proche en ce moment, quoiqu’il en soit, il eut encore envie de refaire l’amour.
Sentant son sexe se durcir, il recommença ses mouvements. Elle le suivit sans problème toujours disponible pour son plaisir et le sien.
******
Willow fit le tour de la maison des Summers pour rejoindre la porte de la cuisine ; si les choses n’avaient pas changées, elle devait trouver une clé sous le deuxième pot de fleur. C’était au temps où ils vivaient tous ensemble dans cette maison, qu’ils avaient convenu de laisser une clé à cet endroit dans le cas où l’un d’entre-deux aurait oublié son trousseau.
Elle souleva le pot et l’y trouva ; la clé était un peu sale de n’avoir pas été touchée depuis quelques temps. Willow ouvrit la porte de la cuisine et pénétra à l’intérieur. La maison était endormie. « Elles doivent dormir à l’étage, pensa-t-elle, je vais aller m’allonger un instant dans le salon puis je préparerai le petit déjeuner ». Malgré tout ce qui était arrivé, elle était heureuse de se retrouver ici.
Elle se dirigeait vers le salon lorsqu’elle entendit un bruit à l’étage ; par sécurité, elle préféra monter pour s’assurer que tout allait bien. Arrivée sur le palier, elle tendit l’oreille. Le bruit semblait venir de la chambre de Joyce, celle qui avait été la sienne lorsqu’elle la partageait avec Tara. Plus elle s’approchait et plus les bruits étaient reconnaissables. Un couple était dans cette chambre et faisait l’amour.
Qui était dans cette chambre ? Elle se pencha et regarda par le trou de la serrure mais n’arriva pas à distinguer qui étaient ces deux personnes.
Elle entrebâilla légèrement la porte et glissa la tête dans l’embrasure.
******
“Dis-moi que ça te plait ? »
« Oui, Oui, et je ne voudrai que jamais ça ne s’arrête »
« Dis-moi que je suis le seul que tu veux »
« Oh. Oui »
« Que je t’appartiens et que tu aimes ce que je fais »
« Oui, j’aime »
Lui aussi n’aurait jamais voulu que ça s’arrête. Il resterait bien toute sa non vie lové contre elle à lui faire l’amour, encore et encore, nuit et jour, jour après jour, nuit après nuit.
« Tu sais que je t’aime» lui dit-il.
« Tu m’aimes, je le sais »
« Que je t’aime, que je te protègerai et que je suis à toi pour toujours »
« Oui, … m’avoir … »
« Que je t’ai ? Que veux-tu dire Amour ?”
Il avait ralenti sa cadence, intéressé tout à coup de la tournure que prenait cet échange.
« Spike, mon amour, mon amant. Tu es à moi »
« Oui, je suis à toi. Et j’aimerais que tu sois à moi »
« Oui »
« Que veux-tu dire par oui »
« Oh, Spike, Oh, continue, ne t’arrête pas s’il te plait »
Il reprit et continuait à l’embrasser tout en lui demandant : « Que voulait-tu dire Amour ? Dis le »
« Je. Oh Spike Oh …. Je »
« Quoi ? Tu. Quoi ? »
« Je t’aime, Spike, je t’aime et je suis à toi ».
******
A ce moment-là, Willow referma la porte, s’adossa au mur, totalement anéantie par ce qu’elle venait d’entendre.
« Et merde ! »
******
Buffy ouvrit les yeux et réalisa vraiment ce qu’elle venait de lui dire. Il s’était brusquement arrêté de l’embrasser tellement il était bouleversé par cet aveu, et la fixait avec un regard où se mêlait espoir et incrédulité.
C’est sûr, il ne devait pas l’avoir crue, ou alors il a du penser qu’il avait imaginé ce qu’il avait entendu. Alors, elle a attrapé son visage entre ses mains et lui a murmuré : « m’as-tu bien entendu ? Spike. As-tu bien compris ce que je viens de te dire ? »
« Je pense que j’ai du rêver, que j’ai imaginé que tu étais en train de me dire que tu m’aimais »
Elle s’est un peu plus rapproché de lui, collant sa bouche à son oreille, et a lâché ces trois mots magiques, ceux qu’il n’espérait plus, ceux qui lui apparaissaient comme un sirop, comme du miel qui coulait dans tout son corps.
De simples mots. Et pourtant, ils changeaient toute sa vie.
Elle était amoureuse, amoureuse de Spike. Jamais elle n’aurait cru cela possible. Elle se rappelait la première fois où elle l’avait vu mais c’était tellement différent à l’époque. Elle le détestait et il la dégoûtait.
Et maintenant, …
Elle n’effaçait pas ce qu’elle avait connu avec Angel mais elle était passée à autre chose, et cette autre chose c’était Spike. Maintenant, elle réalisait que c’était inéluctable, que tout jusqu’à ce jour n’avait fait que la rapprocher de cette vérité : elle aimait Spike de tout son être et jusqu’à cet instant, elle n’avait pas voulu se l’avouer.
Elle était tellement heureuse. Plus de barrière, de faux-fuyant, d’excuse, de mensonge.
Il était si différent des autres : il n’avait pas peur de l’affronter et il n’avait pas peur d’elle. Et qu’importe comment elle était parvenue à l’aimer tout ce qu’elle savait, c’est que lui aussi l’aimait et qu’il l’aimerait toujours plus.
« Mon amour, ma déesse, quand tu penses qu’on a à peine commencé à baiser ? » lui dit-il son sourire si charmeur aux lèvres.
C’était vrai.
Si heureux.
*****
Sortant de la salle de bains avec ses affaires de toilettes et sa serviette de bain, Giles entendit les gémissements de Buffy. En se réveillant, un peu plus tôt, il avait d’abord cru qu’elle avait besoin d’aide mais rapidement, il avait pris conscience de l’origine exacte de ces cris et en avait été un peu gêné.
Perdue dans son plaisir, Buffy n’avait pas conscience du bruit qu’elle faisait.
« Nous n’avions vraiment pas besoin de ça. Et en plus avec lui, pensa-t-il ». Il avait fait de son mieux pour décourager les espoirs du vampire puisqu’ils étaient illusoires ; combien de fois lui avait-il répéter que cela ne pouvait être, que jamais Buffy ne s’abaisserait à le fréquenter et qui plus est, à entamer une relation charnelle avec lui. Il avait l’air malin maintenant.
Il descendit donc rapidement en direction de la cuisine préparer le petit déjeuner en espérant ne plus les entendre. En entrant dans la pièce, il fut surpris par une odeur de brûlé plutôt âcre. Il se dirigea vers la plaque électrique pensant que quelqu’un de distrait y avait laissé un récipient qui continuait à brûler. Mais il n’y avait rien ; en revanche, il trouva un cendrier d’où émanaient encore quelques fumeroles. Quelqu’un avait fait brûler des herbes et il n’y avait pas si longtemps ; il regarda par la fenêtre, sortit sur le pas de la porte mais ne vit personne.
Il rentra et mit une bouilloire à chauffer ; du thé lui ferait le plus grand bien. Au moment où il prit une tasse dans un des placards, il entendit un cri déchirant à l’étage, un cri si puissant qu’il fit trembler les vitres des fenêtres. Puis il y eut plusieurs grognements insupportables comme venus d’Outre-tombe et enfin, il entendit Buffy criait et l’appelait.
Mon Dieu, il est en train de la tuer se dit-il en se précipitant dans les escaliers, les montant quatre à quatre. En entrant brusquement dans la chambre qu’ils occupaient, il bouscula la jeune femme qui venait vers lui : « Que se passe-t-il ? Il te faut un pieu ? »
« Mais quel pieu, on n’a pas besoin de pieu, Giles. C’est Spike, il faut l’aider. Mon Dieu, quelque chose est en train de le tuer » cria-t-elle « C’est pas possible, pas maintenant, pourquoi ?».
Il ne l’avait jamais vue dans un tel état de panique, le visage ruisselant de larmes. Elle s’était accrochée à lui, le tirant en arrière pour aller chercher du secours. Mais pouvait-on appeler une ambulance pour un vampire ?
Il laissa Buffy dans le couloir et rejoignit Spike qui était couché en bas du lit, une couverture sur le corps, se tenant le ventre comme si ses entrailles s’en échappaient. Il criait, pleurait, gémissait comme un animal blessé. Giles s’approcha de lui et le toucha à l’épaule. Spike qui avait pris son visage vampirique, se jeta sur lui prêt à l’attaquer comme par réflexe, mais aussitôt il fut pris d’un violent mal de tête qui stoppa net son élan. Mettant les mains sur la tête, il cria de plus belle.
Répondant à son assaut contre un humain, la puce venait de se déclencher. Giles qui la veille à peine avait parlé d’un test, ne pouvait qu’être rassuré sur ce point : « au moins, elle marche, se dit-il ».
Au cours de l’attaque, Spike l’avait quand même déséquilibré et il avait reculé contre le mur auquel il était resté adossé, surpris et inquiet. Rassuré par le fonctionnement de la puce, il se reprit et s’avança encore vers le vampire et d’une voix calme essaya de le tranquilliser : « C’est moi, Spike. Je ne vais pas te faire de mal. Dis-moi ce qui t’arrive ? »
A la stupéfaction de l’observateur, Spike sortit ses crocs, les enfonça dans son propre bras pour y arracher un morceau de sa chair.
Buffy entra dans la chambre à ce moment-là ; dès qu’il l’a vue, Spike a recommencé à crier et à se tenir le ventre. Elle s’est approchée de lui pour essayer de l’aider et ce fut pire encore : Spike se roula en boule, rampa puis dans un dernier effort recommença à s’arracher des morceaux de chair avec ses dents.
« Mais Spike, que fais-tu mais que se passe-t-il ? »
Giles venait de comprendre une partie du mystère ; il prit Buffy par le bras et l’entraîna hors de la chambre. Surprise au début, Buffy se laissa repousser jusqu’à l’escalier. Elle avait un regard hagard mais après un court instant, elle essaya de se dégager de son emprise et de revenir vers son amant : « Laissez-moi y aller, Spike, vous savez très bien qu’il ne fera pas de mal ».
« C’est de la magie Buffy. Je pense que c’est toi qui le blesse et plus tu t’approches de lui, plus sa souffrance augmente ».
« Qu’est ce que vous dites ? Je lui aurai jeté un sort ? »
« Pas toi, Buffy. Quelqu’un, tout à l’heure dans la cuisine. Il y avait des herbes qui brûlaient dans le cendrier lorsque je suis descendu tout à l’heure. J’ai cherché mais je n’ai vu personne».
Buffy était complètement effondrée par ce qu’il venait de dire ; elle sanglotait et se laissa conduire inerte jusqu’au salon.
« Ecoutes, Buffy, il faut que tu te reprennes et surtout que tu m’expliques ce qui s’est réellement passé ».
« Nous … nous étions …. Enfin vous savez …. Et alors, il était … »
« Tout le monde sait ce que vous faites ensemble, Buffy, lorsque vous êtes tous les deux dans la chambre. Ce n’est pas un secret »
Elle a tourné la tête car elle ne pouvait continuer à parler tout en le regardant ; c’était bien au-dessus de ses possibilités.
« Nous faisions l’amour, et tout à coup, il s’est crispé, a commencé à gémir, s’est éloigné de moi et à rouler en boule par terre en attrapant le drap pour se couvrir. Oh, Giles c’était affreux de le voir souffrir comme ça. Je lui ai demandé ce qu’il avait mais il avait du mal à parler. J’ai quand même compris qu’il ressentait comme un étau au niveau du ventre qui se refermait sur ses entrailles et comme si sa peau était arrachée. Puis brusquement, son visage s’est transformé et il est resté prostré là. J’allais venir vous chercher quand vous êtes arrivé ».
Giles alla chercher le cendrier, prît ce qu’il restait des herbes consumées et les mit dans un sachet en plastique. Après ce moment de panique et de pleurs, Buffy avait repris son self-contrôle. Il faut dire que c’était une de ses qualités premières de Tueuse : la maîtrise de soi. Elle ne fallait pas que ses sentiments puissent lui faire perdre ses capacités de réfléchir et de lutter.
Son cerveau avait repris tout son potentiel et elle analysa froidement la situation : « Giles, c’est un coup de Willow. Je ne sais pas pourquoi elle m’en veut autant mais ça lui ressemble ».
«Je ne sais pas trop, Buffy. C’est sûr que cela lui ressemble et … » Il s’interrompit surpris tout à coup par le silence ; les gémissements de Spike avaient totalement cessé. Cela ne voulait pas dire que le vampire ne souffrait plus car il n’était pas très démonstratif. Quand Giles et Alex l’avaient ramené dans sa crypte le jour de sa rencontre avec Gloria, il n’avait pas laissé échapper un seul gémissement alors qu’il était à moitié mort.
« Je ne pense pas que nous puissions trouver Willow pour le moment, ajouta-t-il mais nous pourrions peut-être aller chercher Tara ; elle pourra certainement nous aider »
«Dawn est justement restée chez elle et je devais aller la chercher »
« Et bien, vas y et ramène Tara avec toi ; moi, je vais rejoindre Spike et voir ce que je peux faire pour lui ».
« Oui, mais non, je ne veux pas que Dawn revienne ici pour l’instant, je ne veux pas qu’elle le voit ; vous pourriez peut-être y aller et moi, je resterai ici avec Spike ».
« Buffy, le sort est lié à toi. Le meilleur moyen de l’aider pour le moment est de rester loin de lui ».
« Si je trouve Willow, je la tues.. »
Giles ne répondit pas.
Buffy téléphona à Tara et lui expliqua rapidement la situation : « Réveille Dawn et préparez-vous, je viens vous chercher de suite ». Elle raccrocha et s’adressant à Giles : « Bon, je vais aller les chercher. Je déposerai Tara ici puis avec Dawn, nous essaierons de trouver Willow ».
******
Giles a attendu que la voiture s’éloigne pour monter rejoindre Spike dans la chambre. Il passa devant la salle de bain : devait-il prendre des compresses ? Froides, chaudes. Il ne savait pas trop ce qui pourrait le soulager. Il prit la décision d’attendre de le voir pour juger. Quant il entra dans la chambre, il trouva le vampire couché sur le côté, une couverture remontait jusqu’au cou. Il ne semblait plus souffrir mais son visage qui n’avait pas repris des traits d’humain, gardait le souvenir de la douleur.
“Ça va mieux, Spike ?” Il n’était pas sûr que le vampire l’attendait ou le comprenait ; il semblait totalement figé dans la douleur, son corps continuait à se contracter par instant. Il ne répondit pas.
Giles se mit à genoux près de lui pour l’observer. Buffy devait être maintenant assez loin de la maison et comme le mal dont souffrait le vampire était entièrement lié à sa présence dans les parages, Giles guetta les signes d’amélioration.
Effectivement, petit à petit, les contractions s’espacèrent la crispation du visage se dissipa et Spike reprit un visage humain. Il était plus pâle que la normale ce qui dans son cas semblait à peine possible. Il continuait à regarder dans le vide comme un mannequin sans vie.
« Spike, tu m’entends. Nous allons t’aider. Buffy est allée chercher Tara qui pourra certainement faire quelque chose pour toi ; en attendant, tu veux boire quelque chose : du sang, une tasse de thé ? »
Les yeux encore fermés, il a secoué la tête : « Je veux juste me reposer »
« Et la douleur, elle a disparu ? »
« Non, pas tout à fait, mais c’est supportable »
« Bon, c’est déjà ça »
Les stigmates de la douleur semblaient effectivement s’estompaient petit à petit et le corps du vampire se détendit progressivement.
« Vous dites que Tara va venir. Ne la laissez pas m’approcher, s’il vous plait ».
« Elle peut avoir besoin de te voir »
« Ne la laissez pas entrer ; de toutes façons, une gentille sorcière ne peut pas défaire le sort lancé par une méchante sorcière, vous le savez, n’est-ce que ? » Il resta silencieux un moment puis ajouta : « Et Dawn, il ne faut pas qu’elle vienne ici. Laissez la tranquille, il ne faut pas qu’elle me voie non plus. On est là pour l’aimer et pour la protéger ».
« Tu devrais rester tranquille et ne plus parler. Ne serais-tu pas mieux dans le lit plutôt que parterre ? Tu veux que je t’aide à te lever ? »
« Non, le lit est trop mou ; je suis habitué à dormir dans un cercueil et lorsque je souffre, je suis bien mieux parterre sur un sol dur. Parlez-moi de chez nous, Giles ? »
« De chez nous ? »
« Oui, de l’Angleterre, de nos campagnes, de l’atmosphère, des gens ; cela fait si longtemps que je n’y suis allé. Parlez moi de chez nous, cela me distraira».
*****
Tout en se dirigeant vers le campus, Buffy prit conscience qu’elle était toujours au fond d’elle-même dans un semi état de panique ; elle n’avait d’ailleurs même pas pris la peine de se laver, elle était encore toute imprégnée des senteurs de Spike ; elle avait simplement enfilé un vieux jogging.
Elle arriva chez Tara qui l’attendait ; elle demanda après Dawn qui se préparait dans la chambre.
« Il faut faire vite, Tara ». Buffy avait hâte de retrouver Spike, du moins c’est la première pensée qui traversa son esprit. Mais non, il ne fallait pas qu’elle rejoigne Spike, il fallait qu’elle s’en rappelle, c’est sa présence qui déclenchait les douleurs. C’est plutôt vers Willow qu’il fallait aller, il fallait absolument la trouver.
En repensant à son amie, elle se dit que l’histoire de la crypte avait été une très mauvaise chose mais au moins cela n’avait pas impliqué la magie. Tandis que là, cela prenait des proportions terribles et les conséquences étaient autrement plus désastreuses. Comment avait-elle pu faire ça ? En quoi s’était-elle transformée ? Car en y réfléchissant c’était de la torture, du sadisme à l’état pur.
Elles montèrent toutes les trois dans la voiture en silence, un silence qui se poursuivit tout le long du trajet. Dawn n’avait pas osé poser de questions à sa sœur qu’elle voyait bouleversée. Elle se contentait des très vagues explications de Tara, explications flous et de ce fait très inquiétantes. Cela devait certainement cacher quelque chose de grave.
Tara, elle non plus, n’osait pas rompre le silence ; elle était consciente de la difficulté de sa tâche, il fallait qu’elle analyse correctement les ingrédients qui avaient provoqué le charme tout en sachant que sa marge de manœuvre était assez réduite. Ce qu’a provoqué une sorcière, une autre a rarement la possibilité de le défaire, aussi puissante qu’elle puisse être et Willow était tout sauf une débutante.
Buffy stoppa la voiture à une centaine de mètres de chez elle : « Il faudra continuer à pied Tara, je ne peux m’approcher plus sans le faire souffrir. Je compte sur toi pour trouver un moyen de dissiper ce sort lui dit-elle avec un certain degré d’émotion dans la voix.
« Tu sais, Buffy, en matière de magie, les choses ne sont pas aussi simples. Et je ne sais pas si je serai capable de défaire le sort jeté par quelqu’un d’autre » Tara avait parlé d’une voix émue. Elle aurait tant voulu être sûr pouvoir de l’aider et surtout, de lui laisser un peu plus d’espoir mais elle ne pouvait lui mentir. Le minimum était d’être honnête envers elle.
Elle referma la portière et courut vers la maison des Summers.
« Je vais chercher Willow » lui répondit Buffy en esquissant un douloureux sourire.
« Où allons-nous » demanda Dawn.
« Chez Alex. Je vais lui demander de nous aider à trouver Willow. Je dois lui parler seul à seul. C’est vrai, je ne te dis pas tout mais j’ai besoin que tu me fasses confiance et surtout que tu agisses en adulte. Je peux compter sur toi ».
« Spike va mourir ? »
« Non, et personne ne mourra… Ou peut-être Willow. »
Elles arrivèrent rapidement chez Alex. Avant même de lui parler, au moment où il ouvrit la porte, Buffy essaya de capter l’expression de son visage. S’il cachait quelque chose, ou quelqu’un, elle n’aurait pas de mal à s’en apercevoir. Elle pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert.
Mais, il n’a pas paru gêné de la voir ; il était juste inquiet avec ce petit froncement de sourcils, c’était l’expression qu’il avait maintenant avec elle, surtout depuis l’histoire de la crypte. Il les fit entrer et Anya vint à leur rencontre.
« Salut, les filles. »
« Salut Anya, pourrais-tu me rendre un service et emmener Dawn avec toi au magasin de Magie. En plus, je ne lui ai même pas laissé le temps de déjeuner ».
« Bien sûr, Buffy, je pense qu’il arrive certainement quelque chose de grave pour que tu débarques chez nous à cette heure-ci. Ne t’inquiète pas, Dawn va venir avec moi, je devais justement partir. Allez Dawn, je vais t’offrir un bon petit déjeuner. Buffy me remboursera ». Elle avait ajouté cette dernière phrase le plus naturellement du monde, totalement inconsciente de ce qu’elle avait d’impoli mais c’était Anya et personne ne s’en offusqua.
Elles partirent de l’appartement, laissant Buffy seule avec Alex.
« Ecoutes, Alex, je n’ai pas beaucoup de temps. Il arrive quelque chose de terrible à Spike qui se consume de l’intérieur. Il est au plus mal. Je n’ai pas changé d’état d’esprit à son sujet et je ferai tout mon possible pour l’aider à s’en sortir. Pour cela, je dois trouver Willow car elle a jeté un sort, un très mauvais sort sur Spike. »
Alex a fermé les yeux pendant un moment et a froncé le nez : « Pourquoi quand j’entends le mot « sort » et « Willow » dans la même phrase, je n’ai qu’une envie c’est d’aller de l’autre côté du pays, au plus vite ».
« Où penses-tu qu’elle doit être ? T’as-t-elle appelé ce matin ? L’as-tu vue ? »
« Non, mais il est bonne heure et elle doit être au Campus, dans sa chambre ».
« J’en doute. Elle vient de jeter un sort à Spike, chez moi, dans ma cuisine, il y a à peine 2 heures. Je ne pense pas qu’elle soit retournée dans sa chambre. Elle doit savoir que je la cherche. »
« Willow n’a pas de voiture. Elle doit être quelque part dans Sunnydale, à moins qu’elle ait pris le bus ou le train pour s’éloigner de la ville mais ce n’est pas son genre. La bibliothèque n’est pas ouverte, donc elle n’est pas là-bas non plus ».
« On va prendre la voiture et on va sillonnait la ville. On la trouvera peut-être »
Ils descendirent et se dirigèrent chacun vers leur voiture. Avant de se séparer d’elle, Alex lui demanda : «quel sort a-t-elle jeté sur Spike ? » Buffy lui expliqua en quelques mots ce qu’il en était. Alex resta assez surpris de ce qu’il venait d’entendre : « Tu sais, Buffy, je connais bien Willow, et je l’imagine mal faire ce genre de sort. Et même à Spike. »
******
Giles s’était retrouvé à expliquer au vampire sa vie à Londres. Son appartement, son bureau, le marché du samedi, les élections qui avaient eu lieu pendant son séjour, les chances de l’Angleterre au Tournoi des Nations, etc., etc. …
Il était lancé dans son discours quant il aperçut un changement, à peine imperceptible au début, dans le comportement de Spike. Comme une ombre de douleur plus intense. Puis, tout d’un coup, la douleur se fit plus forte, déferlant littéralement dans le corps de Spike qui se remit à mordre son bras. Il était à nouveau en crise.
Giles su alors que Buffy s’était rapprochée de la maison pour déposer Tara.
Il pensa alors à Willow : Pourquoi avait-elle fait cela ? Que lui avait-il fait pour qu’elle ait envers lui autant de haine, et qu’elle fasse tant souffrir ?
Quelques instants plus tard, il entendit la porte s’ouvrir. Tara venait de rentrer.
Il la rejoignit dans la cuisine et lui expliqua en détails l’histoire et les symptômes de Spike. Elle l’écouta avec attention, ponctuant de temps en temps son discours de grimaces. Il lui montra le sachet en plastique dans lequel il avait déposé le reste des herbes calcinées : «Tu pourras trouver ce que c’est ? »
Tara a reniflé l’intérieur du sachet : « Il semble y avoir différentes sortes de plantes et ce type de sort est particulier ; c’est une incantation et seule la personne qui l’a faite peut la défaire.
« C’est bien ce que je pensais répondit Giles. Combien de temps avant que cela ne se dissipe ? »
« Une si particulière et si personnelle incantation ?… plusieurs semaines peut-être »
Buffy avait demandé à Alex de la chercher du côté de l’Université ; il l’appela pour lui signaler que Willow n’était pas dans le Campus. La jeune femme continua à sillonner la ville, elle roulait lentement pour pouvoir inspecter les abords de la route et essayer de discerner la présence de son amie.
A un carrefour, près d’un parc, elle crut reconnaître la chevelure de Willow. Elle stoppa la voiture et sans prendre la peine de se garer convenablement, se précipita vers l’ombre aperçue plus tôt. C’était bien elle. Elle était assise sur un banc, buvant tranquillement son café.
Avant même d’arriver près d’elle, Buffy criait en sa direction : « Qu’est-ce que tu as fait à Spike ? Mais P… qu’est-ce qu’il t’a fait pour que tu le fasses souffrir ? »
Willow se retourna lentement : « Rien »
« Comment rien ? Ne me mens pas surtout. Je sais que tu as fait une potion dans ma cuisine dit-elle en saisissant le bras de Willow qui en renversa son café. Et tu vas le défaire ».
Willow se dégagea brutalement de l’emprise de Buffy, le regard noir : « Exactement. Je t’ai fait un cadeau Buffy. Tu es beaucoup trop faible en ce moment pour lui résister. Je n’ai fait que te faciliter les choses »
« Me faciliter les choses, Bon sang ! Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »
« Ce que je veux dire c’est simple. Tu es hystérique et on ne te reconnaît plus. Tu n’es plus la Buffy que l’on connaissait. Ton jugement est faussé. Comment peux-tu le laisser te toucher ? C’est le pire des vampires. Tu t’en souviens quand même ? »
« Pourquoi le détestes-tu autant ? Qui te donne le droit d’intervenir dans ma vie, dans la sienne et à plusieurs reprises en plus ? » En disant cela, Buffy ne put retenir ses larmes. « Même dans la mort il a fallu que tu viennes me chercher, que tu te mêles de me faire revenir. Et cela a été un enfer de revenir, tu le sais, n’est-ce pas ? Et maintenant que je commence à reprendre pied, que je recommence à apprécier ma vie, grâce à lui, que je prends du plaisir auprès de lui, que j’ai des sentiments pour lui alors cela ne te convient plus. Ce n’est pas dans tes plans, et tu veux me punir et pour me punir encore plus cruellement c’est lui que tu fais souffrir. Car sa souffrance est vraiment terrible, Willow. C’est ce que tu voulais ? »
Willow se leva et lui expliqua : « Si ce que tu dis est vrai, si tu l’aimes vraiment. Ce n’est pas ce petit sort qui devrait perturber votre relation. Ce n’est qu’un sort d’impuissance et seulement avec toi. Il ne le fait pas souffrir et tout devrait revenir à la normale d’ici quelques jours ».
Buffy se rapprocha et prit Willow par les épaules, et tout en la secouant, lui dit : « un petit sort d’impuissance, tu plaisantes. Il se tort de douleurs, comme si son ventre laissait échapper toutes ses entrailles, il se mord et s’arrache des morceaux de chair. Il faut entendre ses cris de souffrance pour imaginer le mal qui le ronge. Et tu parles d’un petit sort ? »
« Des cris ? Mais c’est un simple sort d’imp…» Willow était abasourdie par ce qu’elle venait d’entendre. Hors d’elle, Buffy l’entraîna dans la voiture en direction de la maison.
« Tu vas défaire ce que tu as fait, Willow. C’est un ordre. Je risque de devenir extrêmement méchante avec toi si tu le ne fais pas ? »
La maison était silencieuse lorsqu’elles entrèrent. Buffy ne sut pas si c’était un bon ou un mauvais signe. Tara apparut en haut des escaliers et regarda Willow avec réprobation : elle semblait lui dire : pourquoi t’en prends-tu à nous ? Et s’adressant à Buffy : « Tu l’as trouvée !»
« Je ne me cachais pas »
Buffy la poussa dans les escaliers, insensible à l’incorrection de son geste ; elle n’avait pas le temps d’être polie et bien élevée.
Le silence était du au fait que Spike avait une serviette dans la bouche et que ses bras étaient attachés afin qu’il ne puisse se mutiler davantage.
« J’ai été obligé, Buffy, de le bâillonner et de l’attacher. Il a continué à s’arracher des morceaux de chair et il criait si fort qu’il aurait ameuté tout le quartier ; ce n’est pas le moment de voir débarquer la police à la maison. »
« J’ai essayé un petit sort d’apaisement mais cela ne doit pas marcher avec les vampires, ça a été inefficace ».
Giles était agenouillé auprès de lui et essayé de le calmer, s’adressant à la rouquine : « Bravo, Willow, tu parles d’un sort. Défais-le s’il te plait » et se tournant vers Buffy : « Tu ne devrais pas être ici, Buffy, ta présence ne fait qu’aggraver les choses ».
« Mon Dieu, Je suis désolée » Willow put prendre la mesure de la catastrophe : Spike bâillonné et attaché, les avant-bras couverts de morsures, du sang partout et une expression d’intense douleur sur le visage.
« Tu vas venir avec moi, nous allons faire une promenade. Laissons Willow réparait le mal qu’elle a fait » et il entraîna Buffy à l’extérieur de la maison laissant Willow et Tara seules avec le vampire.
« Vous êtes sûr qu’elle fera ce qu’il faut ? »
« Oui, et Tara l’aidera. Maintenant partons. Tu ne veux pas qu’il souffre plus n’est-ce pas ? »
« Vous savez, Giles, je l’aime. Je l’aime vraiment.»
« Il a fallu cette épreuve pour que tu le réalises ? »
« Non, en fait, j’en ai eu vraiment conscience ce matin. Tôt ce matin, lorsque nous étions … Willow a du nous entendre et surtout entendre ce que je lui disais. »
Giles resta silencieux pendant quelques instants.
« Tu sais, je pense que c’est un homme intelligent, qui connaît beaucoup de choses sur toi, ta mission, les dangers que tu cours. Il pourrait facilement être un peu plus cultivé, il suffirait qu’il apprenne. »
Buffy le regarda, étonnée d’entendre ce genre de discours de la part de son observateur.
« Je suis sûr qu’il donnerait sa vie pour te protéger, cela ne fait aucun doute ».
« Giles » C’était un simple murmure et ce n’était même pas sûr qu’il ait entendu.
« Il ne pense qu’à toi. Tu es sa raison de vivre. Comparé à son histoire avec Drusilla, ce qu’il ressent pour toi est absolu. Aussi longtemps que sa puce restera en place, il devrait être tout à fait digne de confiance mais je ne crois pas qu’il pourrait surmonter sa nature de vampire sans elle. Il y a toujours un risque. En dépit de cela, je pense que tu peux très bien continuer à le fréquenter et que vous pourrez accomplir de grandes choses ensemble ».
Elle prit le temps de savourer tout ce qu’il venait de dire et resta silencieuse un petit moment.
« Je. Merci, merci pour tout ce que vous venir de dire, Giles »
« Mais ? »
« Quoi mais ? » Elle le regarda du coin de l’œil et l’a vu attendre qu’elle dise les mots qu’elle avait peur de dire. Elle devait absolument parler de ses doutes.
« Je l’aime, il est là et c’est si intense. Je fonds quand il me regarde, quand il me touche. Je m’inquiète de son avis, je veux faire pleine de choses avec lui. Je n’ai jamais ressenti ça avec Riley. Mais en même temps, je continue à penser qu’est-ce que je fous dans ce genre d’histoire. J’aime encore un vampire, une créature de la nuit qui a commis des crimes atroces. Encore, comme avec Angel. Angel qui pense que Spike ne changera jamais. Qu’il n’y aura jamais aucun repenti ».
Ils continuaient à marcher le long de la rue principale. Giles essuya les verres de ses lunettes, encore une fois, et contrôla qu’ils ne présentaient plus de trace de doigts.
« Tout cela ne doit pas être un problème. Pas par moi en tous cas ».
« Mon Dieu, la nuit dernière, j’étais si heureuse. Nous étions si heureux. Je ne me rappelle pas avoir été si bien depuis l’histoire avec Angel. Et lorsque c’est arrivé, j’ai pensé que ce n’était pas vrai, que ça ne pouvait durer. Peut-être que Willow a fait ce qu’il fallait. D’une mauvaise manière mais une bonne chose quand même ».
« Tu veux vraiment l’éloigner de toi ? »
« Je pourrai le faire … »
« Buffy. C’est vraiment ce que tu veux. »
Elle s’arrêta de marcher et le regarda droit dans les yeux. Sa première pensée fut qu’il avait l’air triste peut-être parce qu’il pensait qu’elle faisait toujours un mauvais choix, répétant toujours les mêmes erreurs. Mais elle se reprit et comprit que c’était tout autre chose. Giles se sentait désolé du poids des responsabilités qui pesait sur les épaules de sa protégée et cela depuis qu’elle avait 16 ans, une jeune adolescence qui n’aurait du penser qu’à ses études, ses amis, les garçons, les habits, le maquillage, des choses futiles certes mais des choses de son âge. Au lieu de cela, elle n’avait eu que la Mission et si grande qu’elle ait été, elle lui avait enlevé le bien le plus précieux : l’insouciance de la jeunesse. Elle l’avait rendue si solitaire, si éloignée de la vie et des gens. Et pour toutes ces raisons, il était mélancolique.
« Ce que je veux vraiment ? La question, vous la posez à la Tueuse ou à Buffy ? »
« Tu es la Tueuse, Buffy, les deux sont indissociables. Tu n’es et ne seras jamais comme les autres filles, et tu n’auras jamais ce qu’elles ont … »
« Et vous pensez que j’en avais conscience ? »
«Mais tu as d’autres compensations. Des compensations que les autres filles ne peuvent même pas imaginer. Maintenant, je pense quand même qu’à cette étape de ta vie, tu peux te permettre de choisir les amis que tu veux, et surtout la satisfaction et peu importe où tu les trouves. »
Soudain Alex apparu au coin de la rue, il roulait doucement, toujours à la recherche de Willow. Il les vit et arrêta la voiture à proximité. Il en sortit et les rejoignit.
« Mon Dieu, Alex, j’ai complètement oublié de t’appeler. “ dit Buffy. Combien de temps s’était-il écoulé depuis qu’ils étaient sortis de la maison, elle ne saurait le dire. Elle avait l’impression d’être dans un rêve où Giles lui avait donné sa bénédiction. Mais elle ne rêvait pas et la présence d’Alex était là pour le lui prouver. « Je l’ai trouvée, elle est à la maison ».
« Et où en sommes-nous ? »
« Nous ne savons pas, il a fallu que je m’éloigne pour ne pas aggraver la situation comme je te l’ai déjà expliqué. Nous allons essayé de rentrer et de voir comment ils s’en sont sortis ».
Giles ouvrit la portière de la voiture d’Alex afin que Buffy s’y installât.
« Allez à la Boutique de Magie, moi, je vais à la maison, voir où elles en sont » ordonna Giles.
Alex conduisit lentement ; il ne s’arrêtait pas de parler, il avait repris son ton naturel, celui auquel elle était habituée, celui de son ami et elle en ressentit de l’émotion ; ce cher Alex, elle pensait combien elle lui était attachée, combien elle l’aimait.
Elle regardait le paysage, les maisons, les arbres, les gens comme si elle les voyait pour la première fois depuis longtemps. Elle se prit à regarder les boutiques et les habits, se disant qu’elle y ferait un tour un de ces jours avec Dawn, qu’il faudrait aussi qu’elle aille chez l’esthéticienne ou chez le coiffeur, qu’elle s’achète aussi une nouvelle paire de chaussures. Elle pourrait aussi flâner dans les rues, aller manger une glace avec ses amis, aller danser au Bronze. C’était une belle ville toute ensoleillée, sa ville, même si la nuit, elle était pleine de vampires.
Alex continuait à parler mais elle ne l’écoutait toujours pas. Elle se laissait bercer par sa voix. L’interrompant, elle dit : « Quand je pense qu’il n’y a pas si longtemps, nous étions encore des enfants ».
Il ne répondit pas et resta silencieux.
Elle se pencha alors vers son ami et lui dit le plus sérieusement du monde : « Alex, je t’aime et je ne veux pas te perdre, je ne veux pas que tu t’éloignes de moi comme l’a fait Willow. Mais je ne veux pas renoncer à Spike parce que je l’aime aussi »
Il ralentit mais garda les yeux fixés devant lui, sur la route.
« Je veux pouvoir garder mes amis et mon amoureux. Je suis la Tueuse et je n’ai pas eu à choisir car cela m’a été imposé et je l’ai accepté. Mais il y des choses que je peux choisir »
« Oui, il y a des choses que tu peux choisir mais il y a aussi des bons et des mauvais choix »
« En effet, mais j’aimerais que l’on me laisse seule juge de ce qui est bon et mauvais. Tout ce que je vous demande c’est de respecter mes choix tout en restant mes amis. Ce ne doit pas être si compliqué ? »
Il ne sut quoi lui répondre et après un moment, elle reprit la contemplation de la rue. Passant devant la Boutique de Magie, ils s’y arrêtèrent.
A l’intérieur, Anya et Dawn s’occupaient de la marchandise qui venait d’être livrée ; il y avait des cartons partout. Buffy s’approchait d’elles quant son portable se mit à sonner ; c’était Tara.
« Le sort est défait, Buffy. Il dort et tu peux revenir quand tu veux. »
« Oh mon Dieu »
« Il a continué à demander après toi et voulait t’attendre mais il fallait qu’il se repose et Giles lui a donné un somnifère. Il est vraiment épuisé »
« Epuisé »
« Tu sais, il a beaucoup souffert. La douleur n’est pas totalement partie mais elle a nettement diminué. Je pense qu’elle restera encore pendant quelques jours »
« Merci, Tara, merci »
« Je n’ai rien fait, tu sais, j’ai essayé mais … »
« Et Willow ? »
« Elle est avec Giles. Ils ne sont pas à la maison. Tu peux vraiment rentrer mais prends ton temps car Spike dormira certainement toute la journée. »
« Tu lui as donné du sang avant ? »
« Oui, il a bu deux tasses »
« Tu les avais faites chauffer ? »
« Oui, Buffy, ne t’inquiètes pas »
« Tara, je l’aime » Elle voulait le dire à tout le monde, tous ses amis devaient le savoir. Elle s’imagina un instant le dire à toutes les personnes qu’elle rencontrerait.
« Je sais. Je l’ai deviné depuis un moment déjà et c’est très bien ».
« Je suis si peinée pour toi et Willow ».
Il y eut un grand moment de silence durant lequel Buffy se demanda si elle avait bien fait de remettre le sujet de Willow sur le tapis.
« Dawn peut encore rester avec moi ce soir, demanda Tara faisant semblant de ne pas avoir entendu ce qu’avait dit Buffy à propos de son ex-amie. Elle peut même rester plusieurs nuits, si tu le désire ».
« Je lui demanderai mais je pense qu’elle voudra peut-être revenir à la maison »
« Bien, tu me le diras. Je vais rester ici jusqu’à ce que vous arriviez au cas où il se réveillerait et aurait besoin de quelque chose ».
« Mille mercis Tara »
« Je pense qu’il va dormir toute la journée ; à tout à l’heure ».
Elle raccrocha son portable et appela Dawn.
« On dirait que cela fait longtemps que je ne t’ai pas vue Dawnie et je suis contente de te voir »
« Moi aussi. Il y a eu des problèmes à la maison d’après ce que j’ai compris, tu veux peut-être que je retourne chez Tara ce soir pour dormir chez elle »
« Je veux que tu fasses ce qui te fait plaisir, Dawn. Je te rappelle que la maison est aussi la tienne »
« Et Spike, il va mieux »
« Tara vient de me dire qu’il dort et que le sort a été défait ; je veux rentrer à la maison pour m’en assurer »
« Je veux le voir moi aussi. »
« Je sais et je pense qu’il voudra te voir aussi mais nous attendrons qu’il le demande. Il n’est pas …. Au top à 100% ».
« Ah bon »
« Oh Dawn, j’allais oublier de te dire quelque chose de très important : je vais avoir un salaire, en plus un salaire rétroactif sur les 4 années pendant lesquelles j’ai rempli efficacement d’ailleurs, mon rôle de Tueuse. Je devrais recevoir une grosse somme d’argent »
« Grosse comment ? »
« Je ne sais pas. Giles devait m’en parler ce matin mais compte tenu des évènements, nous n’avons pas encore abordé le sujet mais je pense que cela devrait nous permettre de payer la maison et de couvrir largement le montant de nos dépenses »
« Super. Ecoutes Buffy, je pense que je vais rester encore une ou deux nuits chez Tara pour te laisser tranquille avec Spike qui aura certainement besoin que tu t’occupes de lui. Après promets-moi que nous irons acheter de nouveaux habits, de nouvelles chaussures, un baladeur, et puis … »
« Ou là. Stop attendons au moins que je reçoive l’argent sur le compte, après on verra »
*****
C’était le milieu de la mâtinée lorsque Buffy franchit le seuil de sa maison. Elle était fatiguée et n’avait qu’une envie c’était de rejoindre Spike et de se glisser dans les draps à côté de lui.
Mais d’abord il y avait Tara. Tara sortit de la cuisine avec son sac et ses livres, prête à partir. Buffy l’a embrassée, elle appréciait la jeune sorcière.
« Merci Tara, Merci encore de ce que tu as fait »
« De rien Buffy. Au fait, et Dawn qu’a-t-elle décidé ? »
« Elle voudrait rester encore une ou deux nuits avec toi, si tu le veux bien, le temps que Spike se rétablisse totalement »
« Bien sûr »
« Tara, je voulais te dire … enfin, tu sais, tu as vécu ici avec Willow pendant un certain temps et si tu le voulais, tu pourrais … »
« Non, Buffy, je ne crois pas »
« En fait, tu pourrais rester ici, pour Dawn déjà. Enfin pas pour jouer les nounous bien sûr bien que Dawn soit très contente de rester avec toi mais parce que nous t’aimons. Je voudrais que Dawn soit entourée des gens qu’elle aime car je pense qu’elle le mérite surtout après toutes les épreuves que nous avons traversées ».
Buffy vit que Tara rougissait : « Willow ne reviendra pas si c’est ce que tu redoutes »
« Non, je ne pensais pas à ça …. Je ne voudrais pas être au milieu … »
« Tu penses à Spike. Cela ne doit pas t’inquiéter, tu sais tant que tu le laisses regarder ses émissions favorites à la TV, cela ne devrait pas poser de problèmes »
Tara se mit à sourire et ajouta : « Non, ce n’est pas ce que je voulais dire, je pensais à votre intimité »
« Notre intimité c’est la chambre à coucher et, j’en suis désolée, je jetterai dehors toute personne qui franchira le seuil de cette pièce ; en dehors de cela, il n’y a aucun problème. Tu pourrais récupérer ma chambre, celle que Willow occupait la première fois où elle a emménagé ici ».
Tara hocha la tête : « cela me convient parfaitement » dit-elle avec un sourire.
« Eh bien, c’est parfait. Ce week-end, quand je viendrai chercher Dawn, je t’aiderai à transporter toutes tes affaires ici ».
Buffy monta à l’étage après le départ de son amie et de sa soeur ; elle entra dans sa chambre qui était dans l’obscurité totale et s’avança vers le lit où était couché Spike. Ses yeux mirent un petit moment à s’habituer à la pénombre.
Il n’y avait aucun bruit et aucun mouvement comme si la pièce était inoccupée. Buffy alluma une petite lampe de chevet et observa le vampire. Aucune respiration n’émanait de son corps ce qui était tout à fait normal dans son cas mais il semblait dormir paisiblement.
Il était couché sur le côté, un peu recroquevillé sur lui-même, la couverture montée jusqu’au dessous du torse laissant voir ses bras complètement bandés. Elle savait que Tara avait fait les bandages. Gentille Tara, comme sa présence était précieuse.
En revanche, Buffy ne pouvait être qu’horrifié par l’extrême pâleur de son teint, ses yeux cernés et, sur son visage, la trace encore visible de la douleur. C’était une bonne idée qu’avait eue Giles d’emmener Willow avec lui car Buffy, à cet instant précis, aurait certainement eu envie de la frapper.
Elle prit une douche et décida de se recoucher. Elle entra dans le lit et se colla contre le corps froid de son amant, glissant avec précaution, son bras autour de sa taille. Il ne bougea pas. Les cachets qu’on lui avait donnés semblaient avoir beaucoup d’effet.
Il dormait toujours lorsqu’elle se réveilla tard dans la soirée. Elle quitta doucement la chambre et descendit se préparer à manger dans la cuisine. Là elle y trouva Giles devant une tasse de thé.
« Où est Willow ?» demanda-t-elle
« J’ai eu une longue discussion avec elle et nous sommes tombés d’accord sur ce qu’elle devait faire maintenant »
« Et elle ne devrait plus faire de magie, c’est cela ? Il me semble déjà l’avoir entendu, il n’y a pas si longtemps ».
« Non, elle va vraiment s’abstenir d’en faire. Elle a été très choquée et effrayée par ce qui est arrivé. Elle est chez Alex, un peu comme en surveillance, jusqu’à l’arrivée d’Edwina »
« Edwina ? »
« C’est une amie à moi, une puissante sorcière. Elle s’est intéressée à tout ce qui arrivé : ta résurrection, les problèmes de Willow avec la Magie, etc.… Là je viens de lui parler de ce dernier regrettable épisode avec Spike et elle a accepté de venir nous aider et surtout elle a suggéré d’amener Willow avec elle en Angleterre pour parfaire son éducation de sorcière, et afin qu’elle maîtrise ses pouvoirs. »
« Pensez-vous que ce soit une bonne idée ? Encouragée Willow dans la voie de la sorcellerie ? »
« Willow est une puissante sorcière ; je me suis renseigné à son sujet. Elle n’en est pas encore consciente mais ses pouvoirs vont augmenter et il serait plus judicieux de la guider vers le bon chemin plutôt qu’elle ne dérape vers la Magie Noire. Edwina est un très bon professeur qui saura la canaliser et la perfectionner. Il faut lui donner toutes les chances pour qu’elle devienne une puissante sorcière du côté du bien. Je m’en veux déjà assez de ne pas avoir été plus perspicace car c’était devant mes yeux et je n’ai rien vu venir ».
« Vous ne devez pas vous en vouloir, Giles »
« Si je m’en veux. Je suis un observateur et le rôle d’un observateur c’est bien évidemment d’observer. Et même si mon sujet d’étude c’est la Tueuse, donc en l’occurrence toi, je ne dois perdre de vue les personnes qui t’entourent. J’ai été certainement plus virulent envers Spike parce que c’est un vampire mais enfin ce n’était pas un secret, lui-même ne s’en était pas caché. Mais le problème de Willow était plus sournois et c’est là que j’aurai dû être plus vigilent ».
« C’est sûr »
« Comment va Spike ? »
« Il dort toujours. »
« Et toi, tu as un peu dormi. Tu vas mieux »
« Oui, Giles, je vais beaucoup mieux. Au fait, nous n’avons pas fini notre discussion au sujet de mon salaire. Pouvez-vous me donner plus de précision ? »
« Bien sûr. Je vais chercher les papiers et tu pourras les lire ».
C’est avec un cœur plus léger et l’esprit tranquille que Buffy est montée un peu tard dans sa chambre avec une tasse de sang chaud. Spike était maintenant réveillé et il feuilletait un magazine.
« Oh, Amour, je me sentais un peu seul. »
« Comment vas-tu ? »
« Je vais beaucoup mieux, du moins je crois. Peut-être pas pour ce que tu penses, ou du moins pas avant un jour ou deux. Auras-tu la patience d’attendre ? »
« Oh, Spike … » dit-elle en rougissant puis changeant de sujet : « nous pourrions voir où en sont tes blessures ».
« Si tu veux, je ne sens plus grand-chose à ce niveau et les bandages sont gênants ».
Buffy prit des ciseaux dans la salle de bains et vint s’asseoir à ses côtés pour défaire ses bandages. Il gardait des traces rouges à la place des morsures qu’il s’était infligé ; il avait également ceci de commun avec la Tueuse, il cicatrisait très vite.
« Je pense que d’ici un ou deux jours, tu pourras te promener torse nu sans complexe, il n’y aura aucune trace »
« Bien, ton amant sera alors opérationnel en tout, n’est-ce pas ? » lui répondit le vampire en la prenant dans ses bras pour l’embrasser.

*************

Plus tard dans la soirée alors que Buffy était allée patrouiller pour se dégourdir un peu comme elle l’avait dit, Spike descendit dans la cuisine où Giles avait investi la grande table, étalant ça et là, livres et carnets.
« Oh Giles, vous êtes en plein travail, je vois »
« Et moi je vois que tu sembles aller mieux »
Le vampire avait encore quelques difficultés à marcher correctement ; son corps gardait en mémoire les vives douleurs qu’il avait ressenties au niveau de l’abdomen et cela provoquait encore quelques tiraillements lors de la marche.
« C’est pas encore le top mais ça ne devrait plus durer trop longtemps »
« Tu veux une tasse de thé ; j’ai fait chauffer de l’eau. »
« Oui, merci »
Giles l’observait mettre le sucre et le lait dans la tasse de thé qu’il venait de lui servir ; il avait garder ses habitudes anglo-saxonnes. Boire le thé chez eux était tout un rite. Sans vouloir se l’avouer tout à fait, cela lui faisait chaud au cœur de côtoyer un compatriote, un compatriote de plus de 120 ans peut-être plus à cheval que lui sur les traditions de son ancien pays. Il ne s’était jamais penché sur la personnalité de Spike jusqu’à ses derniers jours ne voyant en lui qu’un tueur sanguinaire mais maintenant à la lumière de l’amour que lui portait Buffy, il avait changé d’opinion à son sujet. D’ailleurs, ce qu’il devait lui dire s’y rapportait tout à fait.
Ne sachant pas trop comment aborder le problème, il retira ses lunettes et en nettoya les verres comme à son habitude lorsque quelque chose le tracassait. Spike leva son regard vers lui et connaissant cette manie lui demanda : « Hum, Giles, qu’avez-vous à dire ? Je vous sens un peu soucieux ».
« En fait, je voulais profiter de ce que nous étions seuls dans la maison pour te parler de tes intentions »
« Mes intentions ? Expliquez-vous »
« Bien, tu sais que le père de Buffy est inexistant ; d’ailleurs, elle ne l’a plus vu depuis plusieurs années et il n’est même pas venu à l’enterrement de Joyce. D’ailleurs, si Joyce était là, c’est sûrement avec elle que tu parlerais de tout cela ».
“Joyce … C’était une Lady. Toujours gentille avec moi ; elle n’a jamais eu peur et de mon côté, jamais je n’aurai pu lui faire de mal. »
« Bon, ce n’est pas la question. En ce qui concerne tes intentions … »
« Vous n’allez pas me demander si j’ai l’intention d’épouser Buffy et de lui faire des enfants car même si je le voulais, ce ne serait pas possible »
Giles fronça les sourcils mais ne releva le sujet :
« Ce que je veux dire c’est : que vas-tu faire après ? Quels sont tes projets avec Buffy ? »
« Eh bien, je vais être celui qui la protège, celui qui restera avec elle, qui l’écoutera, qui lui dira la vérité. Je patrouillerai avec elle. Enfin, je serai son soutien ».
« Tu pourrais être son observateur puisque je retourne en Angleterre”.
« Non, elle a encore besoin de vous. Eh puis, vous oubliez que je suis un vampire et que jamais le Conseil n’acceptera que je remplisse ce rôle. D’ailleurs, elle ne m’écoutera pas. »
« Ne crois pas ça. Elle n’a plus confiance en toi qu’en aucun de ses amis. »
« Je crois que nous allons attendre un peu sans précipiter les choses ; Buffy semble m’aimer, c’est ce qu’elle a dit mais vous savez, je ne suis sûr de rien. J’ai tellement espéré en vain que cela arrive que maintenant j’ai du mal à y croire ».
«Je pense qu’elle t’aime. »
« Pour l’instant, comme je vous l’ai dit, nous allons vivre un peu au jour le jour. Wait and see. J’attendrai de voir ce que désire vraiment Buffy. Vous pouvez partir en Angleterre, je veillerai sur elle. Vous ne serez qu’à quelques heures de nous si vraiment elle a besoin. »
Giles acquiesça.

**********

Lorsque Buffy entra, elle trouva le rez-de-chaussée inoccupé ; les deux hommes avaient rejoints leur chambre respective.
Elle monta dans sa chambre et pensa que le vampire était endormi. Elle passa par la salle de bains car son corps était tout poussiéreux. Elle avait tué cinq nouveaux-nés cette nuit avec beaucoup de rage peut-être pour faire disparaître toute la tension nerveuse qu’elle avait accumulée depuis quelques jours : entre le voyage à L.A., les discours d’Angel et de Cordélia, la bénédiction de Giles, et surtout les affres de Willow et la maladie de Spike, cela faisait beaucoup même pour une Tueuse sensée être à la hauteur. Un bon bain lui ferait le plus grand bien.
Spike l’avait entendu rentrer mais était resté immobile ; il attendait avec impatience qu’elle colle son corps chaud et parfumé contre le sien. Depuis qu’il était vampire, il n’avait jamais trouvé d’inconvénient à la basse température de sa carcasse. On pouvait même dire qu’il prenait grand plaisir à refroidir ses victimes et à sentir peu à peu la vie s’échapper jusqu’à ce qu’elles soient aussi glacées que lui. Mais depuis qu’il dormait avec Buffy, elle lui faisait regretter de ne pouvoir partager sa propre chaleur avec la sienne. Elle essayait de la lui communiquer mais cela restait éphémère.
Elle sortit de la salle de bains et se glissa dans les draps, se rapprochant avec précaution de lui, de peur de réveiller la douleur ; puis, toujours avec beaucoup de douceur, elle glissa son bras autour de sa taille. Il frissonna.
Elle était si douce, si prévenante ; il sentit une bouffée d’amour le submerger. Là aussi, il aurait tant aimé que son cœur batte afin qu’elle remarque combien elle le bouleversait. Il l’aimait tellement. Elle le lui avait dit elle aussi mais cet aveu n’avait pas encore réussi à totalement le convaincre ; il avait tant espéré en vain, tant essuyer de rebuffades que la chose lui paraissait encore bien irréelle. Un jour, peut-être demain ou après-demain, après avoir bien réfléchi, elle se dirait certainement que ce n’était pas possible. Parce qu’enfin que pouvait-il lui offrir ? Une vie de ténèbres car il ne fallait pas oublier que les sorties en plein jour avec lui, ce n’était pas possible. Pas possible non plus les habituels projets des autres couples amoureux : mariage, enfants, etc. …
Elle n’avait jamais eu les mêmes rêves que les autres filles, à ce qu’elle disait, mais personne ne lui ferait croire qu’elle avait pour autant renoncer à ces choses qui embellissent la vie de mortel. Et lui le vampire immortel que partagerait-il avec elle ? La vieillesse, certainement pas, lui qui gardait toujours la même allure de jeune homme malgré ses 120 ans, alors que pour elle, le temps qui passe ne l’épargnerait pas ? Comment vivrait-elle cette discordance ? Dans quelques années, elle serait physiquement plus âgée que lui ?
L’angoisse commença à envahir son esprit. Plus il y réfléchissait et plus il se disait que c’était une très mauvaise chose ; tous ceux qui s’étaient dressés contre eux avaient peut-être raison, non pour les raisons qu’ils avaient invoquées à savoir qu’il n’était pas digne de confiance, mais pour la raison même de son identité, à savoir qu’il était un vampire et que son union avec une simple mortelle n’était pas raisonnable.
Il commença à gesticuler dans le lit, ne pouvant garder la même attitude plus de cinq minutes ; cette angoisse le tenaillait et avait pris maintenant le relais des douleurs ; il n’était vraiment pas bien. Buffy qui dormait d’un sommeil léger, inquiète de son état, se réveilla brusquement : « Mon Dieu, Spike, tu souffres ? J’ai pourtant essayé de ne pas bouger. »
« Non, Amour, je ne souffre plus. Mais de contrariantes pensées m’empêchent de dormir ».
« Qu’est-ce qui t’inquiètes autant ? » Buffy s’était penchée pour pouvoir allumer la veilleuse et pouvoir regarder son compagnon. Elle lui trouva un air soucieux et une mine de papier mâché.
« Beaucoup de choses, mon cœur. J’ai parlé avec Giles hier soir. Il m’a dit qu’il repartait en Angleterre et voulait savoir si je m’occuperai de toi ; en un mot, quelles étaient mes intentions ? »
« Tes intentions ? C’est bien un anglais pour poser de telles questions. Il faudrait lui dire qu’on est plus au siècle dernier. Il nous prend pour des vieux ou quoi ? »
« En fait, c’est bien là le problème. Tu parles de Giles comme d’un vieil anglais rétrograde mais sache qu’en fait je suis bien plus âgé que lui et que mes principes sont certainement plus ringards que les siens. Tu parles de vieux mais je suis vieux, peut-être pas physiquement car je ressemble toujours à un jeune premier (il avait souri en disant cela) mais j’ai plus de 120 ans. »
« Peut-être mais moi, je ne le vois pas comme ça »
« Et pourtant, Buffy, je suis vieux et je suis un vampire. C’est une réalité à laquelle on ne peut se soustraire et cela m’emplit d’angoisse ; j’ai peur de faire une grosse bêtise en t’entraînant avec moi dans cette aventure. »
« Dis moi, vous vous êtes tous ligués contre moi pour me pourrir la vie ; alors maintenant que je sais que je t’aime, le problème ne vient plus de moi mais de toi ; tu viens de prendre conscience que tu es un vampire immortel qui a plus de 120 ans, qui ne vieillit pas, qui ne supporte pas le soleil, etc., etc. … Mais moi, ça je le sais depuis longtemps. C’est peut-être pour cela que je suis allée à reculons dans cette relation mais maintenant c’est trop tard. De quoi as-tu peur ? Que je vieillisse avant toi mais tu sais bien que je ne suis pas sensée dépasser les 25 ans, tu le sais et je le sais. Toutes les années que nous vivrons en plus, ce sera du bénef. Alors, s’il te plait, savourons l’instant présent et ne réfléchissons plus à des choses stériles ».
Le petit discours de Buffy l’avait un peu apaisé.
« Tu crois qu’on va pouvoir dormir tranquillement cette fois ? » ajouta-t-elle en se penchant pour éteindre la veilleuse.
« Oui, Amour » et il la prit dans ses bras ; elle avait raison, ils étaient heureux alors pourquoi se triturait l’esprit avec des supputations : qui vivra, verra ; ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre.
*******
Ils étaient tous trois dans la cuisine pour le petit déjeuner quand le téléphone sonna. Buffy alla répondre et tendit le récepteur à Giles : « C’est votre ami Edwina ».
« Oh, merci. Allo, Edwina comment allez-vous ? » Il s’éloigna vers le salon pour pouvoir discuter tranquillement avec la puissante sorcière.
Buffy et Spike continuaient à manger essayant malgré eux d’entendre ce que disait Giles. Lorsqu’il revint dans la pièce, Buffy ne put s’empêcher de lui lancer un regard interrogatif comme pour savoir ce qu’ils avaient décidé. Giles décida donc de le leur expliquer : « Voilà, comme je te le disais, Buffy, mon amie Edwina est venue ici pour essayer de te donner des réponses quant aux conséquences de ta résurrection et dans le même temps, de se pencher sur le problème de Willow. Nous avons tous rendez-vous au Magasin de Magie. Nous avons convenue d’une rencontre dans la soirée afin que Spike puisse nous accompagner car sa présence est également requise ».
« Ah bon, je suis invité moi aussi »
« Oui, tu fais un peu partie de la famille maintenant ; mais surtout Edwina pense que tu as joué un rôle important dans le déroulement de tout ceci.»
« Et qu’allons-nous faire exactement ?» demanda Buffy avec un peu d’inquiétude dans la voix. Depuis que Willow lui avait montré les dangers d’une telle pratique lorsque celle-ci était employée dans de mauvaises intentions, elle n’était absolument pas rassurée de côtoyer ces adeptes de la sorcellerie. Autant il était facile de se battre même à mains nues contre des démons ou des vampires, autant la magie représentait un réel danger contre lequel toute sa force de Tueuse ne pouvait rien ; elle en avait déjà fait les frais et n’était pas prête à recommencer.
Giles avait senti cette appréhension et essaya de la rassurer : « Pas grand-chose ; Ne t’inquiètes pas, il n’y aura rien de bien dangereux ».
« Nous allons encore rencontrer des sorcières ? » demanda Spike, lui aussi un peu inquiet par cette perspective. « Non, parce que je n’ai pas envie de servir encore de cobayes et j’ai eu mon lot de souffrances au moins pour une année ».
« Ne vous inquiétez pas » répéta Giles « Je vous assure que vous n’avez rien à craindre. Edwina est une puissante sorcière, certes, mais au service des forces du bien depuis bien des années. Elle fait partie des membres du Conseil et j’ai une confiance absolue en elle ».
« Si vous le dites » répondit Spike un peu rasséréné.
************
Le lieu de rendez-vous était donc La Boutique de Magie. Anya qui y avait travaillé toute la journée ne s’était absentée que pour grignoter un morceau vers 19h00 avec Alex qui l’avait rejointe dès son travail terminée ; ils furent donc les premiers au rendez-vous, suivie de Tara et de Dawn ; la jeune sorcière n’avait pas l’air d’être très à l’aise, était-ce la perspective de revoir Willow ? C’était ce que pensait Alex mais il ne fit aucun commentaire.
Giles arriva peu après accompagnée d’une femme d’allure juvénile, dont les longs cheveux bruns encadrés un visage mutin parsemé de tâche de rousseur ; ses yeux verts captaient tout de suite l’attention par leur vivacité et leur éclat. Elle était de grande taille dépassant presque Giles. Mince, elle portait une tenue décontractée. Giles fit les présentations :
« Voici Edwina. Edwina voici une partie du Scooby Gang, Anya, Tara, Dawn et Alex. »
« Bonsoir, tout le monde ».
« Bonsoir toute seule » répondit Alex toujours partisan de bons mots.
Spike et Buffy arrivèrent un peu plus tard.
En les voyant, Edwina qui semblait très à son aise, les accueillit avec un grand sourire : « Ah, Voici donc le Tueuse et son beau vampire ».
Spike fut étonné de sa jeunesse. Pour une sorcière de cette valeur, elle avait l’air de sortir de l’adolescente. Cependant, en s’approchant d’elle pour lui serrer la main, il nota que cette juvénile allure, comme la sienne d’ailleurs, n’était qu’apparente : ses traits étaient marqués et son âge devait certainement être plus proche de celui de Giles que du reste de l’équipe mais elle devait certainement se servir de ses pouvoirs pour conjurer les effets pernicieux du temps qui passe et l’ensemble était très agréable à regarder.
Tout le monde se souhaita la bienvenue et s’installa autour de la table ; certains assoyant, d’autres restant debout.
« Nous attendons une retardataire, commença à dire Giles lorsque la porte de la boutique s’ouvrit sur Willow. A la vue de la rouquine, Spike ne put s’empêcher d’avoir un sursaut de rage : « Elle est là celle-là. Ne t’approche pas de moi, je serais capable de te tuer ».
Devant son air féroce, Willow recula mais Giles vint se mettre devant elle en disant : « Arrête, Spike, on n’est plus à l’heure de la vengeance. On est là pour régler certains problèmes alors je te prierai de rester à ta place ».
« C’est sûr que dans l’histoire c’est encore moi le méchant n’est-ce pas ? »
Buffy qui était restée silencieuse jusque là, lui prit le bras et lui dit : « Spike, je t’en prie, arrête ».
Edwina avait assisté à cet échange avec beaucoup d’intérêt : « Voilà donc notre puissante sorcière. Enchantée de faire ta connaissance Willow ». Celle-ci était totalement désemparée par ces deux accueils totalement inverses. Edwina lui prit la main et la mena à part dans un coin de la pièce.
Elle s’approcha ensuite de Buffy qui était restée à côté de Spike et lui toucha le front ; elle se tourna ensuite vers Willow et lui dit : « Tu n’es pas maladroite dans ta magie. Elle est chaude alors que bien des fois, lorsqu’on s’amuse à ressusciter les morts, ils conservent la froideur des cadavres ; ce n’est pas son cas».
Puis se tournant vers Spike, elle ajouta en lui lançant un coup d’œil : « Tu aimes sa chaleur, n’est-ce pas ? Elle n’est pas comme toi ». Revenant à Willow : « Tu peux être fière de toi. Tu as ramené un corps desséché à la vie. »
Elle avait toujours conservé sa main sur le front de Buffy qui la regardait un peu intimidée ; Edwina l’examina un peu en détails puis lui demanda : « Tes cheveux te semblent-ils comme avant ? Ne tombent-ils pas en poignet ? Et ta peau ne se craquelle-t-elle pas parfois ? Comment va ton appétit ? Et ta libido ? Tes cycles sont-ils réguliers ? »
Devant cette avalanche de questions aussi surprenantes qu’indiscrètes, Buffy resta sans voix. En bon chevalier servant, Spike vint au secours de sa bien-aimée : « Je ne crois pas que nous soyons en représentation. Cela ne vous regarde pas. Si vous avez quelque chose à nous dire, dites le mais épargnez-nous ce genre d’interrogatoire ».
Giles intervint : « Edwina »
« Oh, je disais cela pour ma nouvelle pupille, dit-elle en s’éloignant de Buffy et en regardant Willow. Pour lui signaler que son œuvre était de bonne qualité ».
Elle sembla réfléchir un instant devant une assemblée silencieuse puis se focalisa sur Spike : « Alors, voilà le fameux vampire technologiquement inoffensif ». Elle s’approcha de lui par derrière et mit ses mains sur les épaules du jeune homme. Il eut une drôle de sensation à son contact, il s’agissait pourtant simplement des mains de femme : oui mais d’une femme qui n’avait absolument pas peur de lui.
« Je pense que je t’énerve, vampire ; allez vas-y montre-moi combien je t’agace ». A ce moment-là, Willow s’approcha d’eux et dit d’une petite voix : « Non, s’il doit s’en prendre à quelqu’un c’est à moi car je le mérite cent fois ».
« Elle m’a demandé de lui montrer, pas de tuer dit Spike en balançant son poing vers Willow, au moment précis où Giles s’interposa entre eux et reçu de ce fait le coup de poing à sa place. Il tomba en arrière entraînant dans sa chute la petite sorcière qui était tout juste derrière lui.
« Oups, désolé Rupert, c’était pas ce que je voulais faire» dit Spike qui nota brusquement que cette attaque n’avait pas réveillée la puce. Il interrogea du regard Edwina qui lui répondit par un sourire.
« Naturellement », répondit l’observateur en se relevant et en réajustant ses lunettes.
Edwina reprit la parole : « Bon, maintenant, voyons ce que tu pourrais faire avec son amie » dit elle en le rapprochant de Buffy.
« Mais je ne veux pas la frapper ! »
« Et perdre l’occasion de mieux l’embrasser ensuite ? Allez, vas-y elle attend ».
Buffy le regardait d’un air absent ; que pensait-elle ? Qu’elle était une mauvaise chose ramenée de l’au-delà, un monstre comme lui.
Il la alors prit dans ses bras, se positionna de manière à tourner le dos à l’assemblée et à n’être vu que par Edwina. Il prit son visage vampirique et approcha sa bouche du cou de Buffy, posa ses dents sur les empreintes laissées par l’ancienne morsure d’Angel. Buffy frissonna à son contact mais qui ne bougea pas.
Aucune lutte, aucun recul.
Il sut à ce moment-là qu’elle ne lui résisterait pas, qu’elle accepterait sans condition de se laisser vider de son sang par lui. Le goût de sel de sa peau réveilla sa faim sauvage : ne voulait-elle plus vivre ?
Elle ramena son bras autour du sien, resserra son emprise et lui dit : « Tu vois mon amour je te fais confiance, je sais que tu n’en prendras pas trop ». Il repoussa alors le démon qui était tapis au fond de lui et reprit son beau visage d’humain ; il posa ses lèvres sur les traces de son cou et lui donna un baiser.
« Je sais combien tu peux être doux avec moi » dit Buffy en lui effleurant les lèvres de sa bouche. Alex leva les yeux au ciel un peu excédé par la tournure que prenaient les évènements de la soirée ; d’ailleurs, il n’avait toujours pas compris où ils voulaient tous en venir.
Edwina mit ses mains jointes sur son cœur et clama : « Mon Dieu, que c’est beau. Et après on me dira que nous ne sommes pas en représentation. »
« Ne mettez pas ma patience à l’épreuve, sorcière » répliqua Spike plus amusé que sérieux.
« Sachez que vous m’avez charmée ; vous n’êtes pas un vampire ordinaire et cette jeune femme a bien de la chance d’être aimée par vous. Je suis bien obligée de reconsidérer mon jugement à votre égard, et il n’y a pas que moi qui devrait le faire, n’est-ce pas messieurs-dames ».
« D’ailleurs, reprit-elle, vous devriez même le remercier car vous avez été peut-être à l’origine de la résurrection de votre amie mais sachez que sans l’amour de son beau vampire, il y a longtemps qu’elle aurait mis un terme à sa nouvelle vie, peut-être pas directement, mais nombreux sont ses ennemies dans cette ville qui n’auraient pas hésité à tuer une Tueuse consentante ».
Ce petit monologue laissa l’assemblée silencieuse.
Willow fut la première à reprendre la parole : « Je suis vraiment désolée du mal que j’ai fait » ; elle s’adressait à Spike bien plus qu’à Edwina mais c’est celle-ci qui lui répondit : « Je sais, petite sorcière. Je connais tout de tes actions et de tes sorts. »
« Je ne voulais pas mal faire ; je pensais que Buffy n’avait plus sa tête et qu’elle vivait un enfer. Je l’ai fait pour elle, pour lui rendre service mais je me suis complètement trompée. Oh, Buffy comme je regrette. Je suis si désolée ».
Edwina ne releva pas ; elle s’était tournée vers Buffy : « Rupert m’a dit que tu avais peur d’être revenue à moitié humaine. Tu avais peur d’être un démon ».
«Mais je ne suis pas un démon ».
«Tu es une Tueuse mais sais-tu ce qu’est exactement une Tueuse ? »
Buffy ne répondit pas ; elle avait du mal à expliquer une chose aussi évidente, du moins pour elle et pour ses amis. Elle laissa donc Edwina continuait à parler : « Je pense que tu connais la première tueuse car Giles m’a raconté votre rencontre. Saches que cette jeune femme était particulière : libre, puissante, invulnérable. Elle n’était attachée à personne, avait des amants mais pas de compagnon. Elle a vécu pendant des siècles mais incapable d’amour, elle est devenue un monstre. Les Puissances d’en Haut ont donc décidé de choisir la suivante parmi les humains dotés de sentiments. Car ce sont les sentiments : peur, doute, amour, amitié, désespoir, etc.… qui forge le caractère de la Tueuse. Jusqu’à toi, ces sentiments ont permis aux Tueuses de remplir leur Mission avec succès mais du fait de leur doute et d’une certaine lassitude, elles n’ont jamais atteint les 25 ans. »
Spike voulut quelques réponses plus claires : « Mais ce n’est pas un démon. Vous pouvez nous l’affirmer, n’est-ce pas ? »
« Tu ne peux pas blesser un humain, comme tu l’as maintes fois démontrés »
Spike a hésité puis : « C’est Buffy, c’est la Tueuse. Ce n’est un vampire, elle n’est pas comme nous ».
« Non, elle n’est pas comme vous. » répondit Edwina en riant « Il est important pour toi qu’elle ne soit pas comme les vampires. Tu as besoin d’elle et de ce qu’elle représente pour te sentir au-dessus de ta misérable condition de vampire, d’un curieux vampire amoureux ».
« Elle est bien au-dessus de moi. C’est la Tueuse ».
« Oui, je sais qu’elle est la Tueuse. Je sais également qu’il faut qu’une Tueuse meure pour qu’une autre apparaisse. Mais Buffy est maintenant une Tueuse exceptionnelle. Cette résurrection l’a faite devenir beaucoup plus puissante. Pas immortelle, mais beaucoup plus endurante. On pourrait comparer cette transformation à celle du diamant, tu étais un diamant brut et maintenant tu es un diamant taillé, un diamant qui peut sans difficulté rayer et couper le verre, si tu me permets cette métaphore ».
Elle garda le silence quelques instants, le temps que tout le monde puisse enregistrer ce qu’elle venait de dire, en particulier, Buffy qui la regardait avec beaucoup d’intérêt.
Elle reprit : « Tu as une Mission, Buffy, et les Puissances d’En Haut en ont conscience maintenant, si tu veux la mener à bien, il te faut également avoir une vie normale, une vie qui puisse t’apporter équilibre et amour. Sinon à quoi servirait ta lutte ? Tu continueras à combattre les démons avec plus de force et de puissance. A tes côtés, tu auras une aide efficace et puissante ; tu vois de qui je veux parler ? »
« Oui, de Spike mais c’est un vampire qui comme vous l’avez dit, est technologiquement muselé par une puce ; il n’a pas d’âme et je ne sais pas si l’alliance d’une Tueuse et d’un Vampire sans âme soit exactement ce que désirent les Puissantes d’En Haut. Donc, je ne comprends toujours pas où vous voulez en venir. »
« Attends un peu et la réponse viendra dans quelques heures Pour l’instant, allons plutôt finir la soirée dans un endroit animé et plaisant. Je crois que vous avez une boite qui s’appelle le Bronze où il nous sera facile d’obtenir quelque chose à boire, n’est-ce pas. »
« Oh, oui, allons boire, cela nous changera un peu » renchérit Spike que la réunion avait un peu déstabilisé ; lui non plus, ne savait pas où cela les conduisait vraiment ; cette Edwina ne semblait pas avoir répondu à toutes leurs questions et la base du problème à savoir le couple qu’il formait avec Buffy, ne semblait pas avoir été résolu.
Ils finirent donc la soirée au Bronze, buvant et dansant comme les jeunes de leur âge. Buffy était plus à l’aise maintenant que sa romance avec son beau vampire était connue et plus ou moins bien acceptée de tous ses amis. Spike ne pouvait qu’en remercier le Ciel ou quiconque d’ailleurs, car il avait pour lui une Buffy décontractée et un peu moins crispée.
Ils rentrèrent tous vers le milieu de la nuit ; Dawn qui avait la permission de rester avec eux était toute excitée de cette soirée et ne s’arrêtait plus de parler ; il était convenu qu’elle irait dormir ce soir encore chez Tara et que le lendemain, tout le monde les aiderait à transporter les affaires de la sorcière chez Buffy puisqu’elle avait acceptait d’occuper la chambre d’amie.
*****
Il faisait un soleil radieux lorsque Buffy ouvrit les yeux le lendemain matin ; Spike était encore endormi.
Elle le regarda songeuse et étendit un bras vers lui, lui caressant l’épaule et le bras. Comme il était beau lorsqu’il dormait, paisible, à côté d’elle.
Elle se dit qu’elle resterait des heures à le regarder.
« Arrête de me regarder, Buffy ! C’est gênant » dit Spike en ouvrant les yeux. « Ouh là, il va faire une journée à ne pas mettre un vampire dehors ».
A ces mots, le cœur de Buffy se serra ; voilà le problème encore et encore. Il fallait qu’elle se fasse à l’idée qu’ils ne pourraient partager les habitudes des simples mortels ; ils étaient voués à commencer à vivre vraiment à la tombée de la nuit.
« Bon, on ne va pas se laisser décourager pour si peu. Demain, tu vas voir, il pleuvra des cordes et tu pourras sortir au moins sur la terrasse. »
« Avoue qu’il faut le faire, souhaiter la pluie alors que tout le monde se réjouit de pouvoir se balader au soleil »
Elle s’approcha de lui et se lova dans ses bras : « Nuit ou jour, pluie ou soleil, je m’en fiche tant que je suis avec toi ».
« Moi aussi Amour mais il est temps de se lever car je crois que tu as promis à Dawn d’aller la chercher aujourd’hui »
« C’est vrai. Au fait, j’ai oublier de te dire que Tara allait venir s’installer chez nous ; elle occupera la chambre d’amis ».
« Ah bon, et bien j’ai beaucoup de chances d’avoir un harem autour de moi. Trois filles pour un seul homme, c’est le rêve de tous les vampires ».
Ils étaient dans la cuisine lorsque la porte s’ouvrit, laissant apparaître Giles et son amie. « Salut tout le monde »
« Bonjour Giles, Bonjour Edwina. Voulez-vous un peu de thé. Nous venons juste de nous lever et j’allais faire le petit déjeuner. »
« Bien volontiers !» Répondit l’observateur.
Edwina qui était restée silencieuse, prit la parole : « Alors, Spike, que prends-tu pour le petit déjeuner ? Un grand bol de sang à température ambiante ».
Buffy répondit à la place de son amant : « Oui, et c’est toujours moi qui le lui prépare ; j’ai le tour de main maintenant, n’est-ce pas Spike ? »
Spike resta perplexe pendant un moment puis dit : « Je ne veux pas de sang, Buffy, je veux du thé avec du lait, du sucre et des tartines. »
« Je veux bien te servir du thé, du lait et du sucre mais les tartines, je ne pense pas que tu puisses les avaler. Aurais-tu oublié ta condition de vampire. Je te rappelle que tu ne manges pas comme nous. »
« Peut-être mais l’idée de boire du sang me révulse et je voudrai bien savoir ce qui m’arrive ? »
Edwina le prit par la main et l’entraîna vers la sortie. Il se laissa faire un peu étonné mais s’arrêta brusquement à proximité de la porte d’entrée sachant pertinemment qu’elle se situait à l’est et que le soleil ne manquerait pas de les surprendre dès qu’elle serait ouverte.
« Ne crains rien, William, dit Edwina. Fais moi confiance et suis moi ».
Hypnotisé par les paroles de la sorcière, Spike se laissa entraîner vers la sortie. Giles et Buffy venaient de les rejoindre et à la vue de son amant s’approchant dangereusement de la porte d’entrée, la jeune femme ne put s’empêcher de pousser un cri : « Arrêtez. Mais vous êtes fous. Tu veux être réduit en poussières, Spike. Et vous, que faites-vous ? Vous voulez le tuer ? ».
« Ne crains rien, Buffy lui dit Giles en la retenant et regarde ».
Spike et Edwina avaient franchi le seuil et se trouvaient maintenant en plein soleil. Spike eut un soubresaut qui surpris Buffy et qui la fit crier mais Giles sut la calmer et lui demande de garder confiance. Une grande lueur traversa le corps de Spike qui tomba à genoux, puis se recroquevilla sur le sol comme pétrifié. La lueur n’avait duré que quelques secondes.
Giles tenait toujours Buffy par le bras ; elle semblait comme hypnotisée par la vue de Spike roulé sur lui même en plein soleil mais toujours entier.
Edwina s’approcha du jeune homme et l’aida à se relever : « Comme te sens-tu William ? » Il la regarda un air hagard puis s’auto examina très consciencieusement : tout d’abord, il inspecta sa peau qui avait pris une couleur ambrée et chaude, il mit ensuite sa main sur sa poitrine, puis devant sa bouche et souffla. Il se tourna alors vers Buffy et lui dit, un sanglot dans la voix : « Buffy, je vis. Tu sais je vis comme toi, comme vous. Je sens les battements de mon cœur, je respire. C’est un miracle. » Il s’avança vers elle et la prit dans ses bras.
« Je vous avais demandé d’être patients et d’attendre encore quelques heures. Voilà ton cadeau, Buffy, et c’est aussi le tien, William. Tu es maintenant un humain avec une âme. Plus de puce, plus de vampire. Tu as obtenu ta Rédemption.» Edwina les regardait avec tendresse.
Il était le plus heureux des hommes : « Mon Dieu, Amour, je peux t’aimer au grand jour et je pourrai vivre à tes côtés, vieillir avec toi ; nous pourrons avoir une vie normale, tu t’en rends compte ».
Buffy était restée silencieuse comme rendue muette par ce retournement de situation. Son regard allait d’Edwina à Giles, de Giles à Spike sans pouvoir vraiment réaliser ce qui venait de se passer. C’était complètement fou. Il y a quelques jours encore, elle se promenait tel un équilibriste sur un fil avec le risque de tomber à chaque instant et maintenant, ce jour ressemblait bien au plus beau jour de sa vie. Des larmes commencèrent à déborder de ses yeux et à couler lentement le long de ses joues.
« Ne pleure pas, Amour. C‘est magique. » Il la serra dans ses bras et l’embrassa avec passion, essayant d’essuyer les larmes de ses baisers. Ils restèrent dans les bras l’un de l’autre un moment avant de se rappeler qu’ils n’étaient pas seuls.
« Désolée, dit Buffy, se séparant la première de son amant ».
Après un moment de réflexion, Spike demanda à Edwina : « Je ne voudrais paraître ingrat mais je trouve la récompense très au-dessus de ma valeur ; beaucoup vont crier au scandale et à la injustice. Redonner à un vampire la possibilité de reprendre sa vie là où elle s’était arrêtée, c’est un fameux cadeau. »
« Alors, je vais t’expliquer afin que tu ne puisses plus trouver cela si étrange et si injuste pour les autres. Saches que le vampire que tu es devenu à l’âge de 25 ans, n’a jamais réussi à évincer complètement le jeune homme que tu étais. De plus, en étant vampire tu étais une chose sans âme et sans conscience, tout le mal que tu as fait, on ne peut pas le mettre sur le compte d’un être humain doté d’un jugement équitable sur ce qui est mal et ce qui est bien. William a toujours été gentil avec sa mère et ses sœurs, pieux et serviable, rien ne le destinait à avoir une vie de débauche, de luxure et de cruauté. Et William malgré son caractère faible n’a jamais abandonné tout à fait la partie, c’est une part de lui qui a permis à Spike de tomber amoureux de Buffy, de l’aider dans sa Mission, de prendre soin de sa sœur, de toujours être là lorsqu’elles avaient besoin de lui. Ce n’est que le juste retour des choses. Tu vois les Puissances d’En Haut ne sont pas si dépourvus de bon sens que tu sembles le laisser entendre. »
« Vu de ce côté, cela semble tenir la route. »
« Autre chose, aussi, ne t’inquiètes pas de l’avenir. Petit à petit tes souvenirs de vampire s’estomperont et laisseront place au vague sentiment d’avoir vécu une incroyable histoire ; il aurait été dommage de te gâcher la vie avec des remords qui n’ont plus lieu d’être. En revanche, je te signale que tu garderas les perceptions exceptionnelles dont sont dotés les vampires à savoir une ouie, une vue et un odorat développés et la puissance car il convient que tu restes un allié de taille pour aider ta compagne. »
« J’ai comme l’impression d’avoir été récompensé au-delà de mes espérances. »
« Bon, Giles, il est temps d’aller chercher Willow et de nous préparer à partir ; notre retour est prévu pour demain et nous avons encore des tas de choses à faire ».
Giles qui n’avait rien dit jusqu’alors, prit Buffy dans ses bras et lui dit : «C’est une joie de te voir heureuse, Buffy, personne plus que toi ne le méritait. Tu as traversé tant d’épreuves qu’il aurait été injuste que tu n’aies pas la possibilité de trouver ton bonheur. Je sais maintenant que je peux te laisser d’une part, parce que tu n’as plus besoin d’un observateur, tu es une Grande Tueuse douée de bon-sens et, d’autre part, tu as un compagnon qui saura t’aimer, te défendre et te soutenir comme tu le mérites. Je serai toujours là pour toi mais il est temps que tu prennes en main ton destin ».
Il y avait comme un sanglot dans sa voix mais son flegme britannique l’empêchait de laisser sourdre ses sentiments et il ajouta en les regardant tous les deux : «La vie peut être si belle parfois … »

FIN