*Le coup du lapin*
Source : Buffy Magazine. Transcription : Marie.

Vous avez toujours souhaité en savoir plus sur les origines de la belle Anya ? Eh bien, le cinquième épisode de la saison 7 de "Buffy", "Selfless", vous révèlera plusieurs infos inédites ! En attendant, pour calmer votre impatience, le BUFFY MAGAZINE s'est rendu sur le tournage pour vous rapporter quelques secrets sur la fabrication de cet épisode.

Du sang, des chansons et de la danse. De quoi pourrait-il s'agir d'autre que d'un nouvel épisode plein d'humour, d'action et de suspense de "Buffy contre les vampires" ? Le cinquième épisode de la 7e saison de "Buffy", s'intitule "Selfless" et, comme il comporte un grand nombre d'éléments très divers (entre autre des lapins, des poules et des chèvres), le plateau de tournage et les bureaux de production adjacents sont en pleine effervescence.

Le réalisateur de l'épisode, David Solomon, qui est aussi un des producteurs exécutifs de la série, avait d'ailleurs déclaré après avoir lu une première version du script : "J'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait d'un épisode d'une grande ampleur, mais aussi très drôle. Il y a beaucoup de choses à faire et j'ai vraiment hâte de m'y mettre." Le projet initial était de consacrer à Anya un épisode entier. Sur des idées du créateur de la série Joss Whedon, le scénario de "Selfless" a été écrit par Drew Goddard. "Cette intrigue est plus où moins née un soir, au cours du dîner. Je n'arrêtais pas de me lever pour aller aux toilettes, et, quand je revenais, Joss avait imaginé quelque chose de plus. Alors nous avons tous décidé que je devais continuer à aller aux toilettes puisque, à chaque fois, Joss semblait trouver la solution !"

L'épisode commence avec une Anya désespérée après avoir massacré une douzaine de membres d'un club d'étudiants pour satisfaire le désir de vengeance d'une femme. Et pendant qu'Alex, Buffy et Willow cherchent à comprendre ce qui s'est passé, différents flash-back nous montrent des moments importants de l'histoire d'Anya. De ses humbles débuts, alors qu'elle se prénommait Aud, au 9e siècle en Suède jusqu'à la démoniaque Anyanka du début du 20e siècle en Russie, sans oublier la très amoureuse Anya du Sunnydale de 2001, le script relate toute l'évolution du personnage. L'histoire culmine par une épreuve de force après que Buffy ait décidé de mettre un terme à ces effusions de sang en tuant Anya.

"Chaque jour est un véritable défi. C'est un épisode bien rempli." fait remarquer David Solomon. Comme on peut l'imaginer, conter toute l'histoire d'Anya oblige à aborder différentes périodes de l'histoire. Ce qui, évidemment, exige du département artistique qu'il donne des aspects entièrement différents aux multiples décors. Alors que nous sommes en route pour le plateau 2, où a lieu le tournage des scènes dans le club d'étudiants, nous apercevons l'équipe de construction en train de fabriquer une petite hutte viking. Le travail, qui avait commencé dans un hangar, déborde maintenant sur le parking, et, le soir, il faut zigzaguer avec soin pour éviter les huttes qui se sont multipliées. Ces extérieurs vikings ont constitué l'une des plus grandes difficultés pour le département artistique.

Cosmas Demetriou, le directeur artistique, raconte : "Nous avons longtemps hésité quant à l'aspect de ce village de huttes vikings, étant donné que nous prenons certaines libertés par rapport à la réalité historique." Bien que David Solomon soit fortement impliqué dans la scène avec les étudiants sur le plateau 2, il lui arrive de faire une apparition pendant l'installation des caméras pour voir où en est l'autre équipe sur le plateau 3 avec le développement des extérieurs vikings. "Nous faisons en sorte que le réalisateur vienne régulièrement sur le plateau, à quelques heures d'intervalle pour vérifier où on en est, et pour être certain que nous comprenons bien ce qu'il attend de nous," explique Cosmas Demetriou.

Et transporter le décor à l'endroit du tournage en extérieur n'est pas si simple. "En fait, le planning est assez serré," déclare Cosmas Demetriou avec un sourire. "Nous devons tourner les extérieurs du village viking dans trois jours. Nous allons donc démonter les huttes et nous les chargerons dans un camion, juste avant de les emporter au Disney Ranch. Nous comptons une journée pour remonter les huttes, ensuite la chef décoratrice, Susan Eschelbach, et l'équipe des décors habilleront le tout."

Si le responsable des extérieurs a choisi le Disney Ranch, situé juste au nord de Los Angeles, c'est pour ses paysages de prairies vertes et luxuriantes, typiques de la Californie du Sud. Tout en nous montrant le plan de ce décor, Cosmas Demetriou explique : "Nous occupons uniquement une partie du ranch juste à côté d'un lac, où nous construisons nos huttes. Nous utilisons également un pont et une cabane déjà sur place, en plaçant de la paille sur le toit de cette dernière pour lui donner un aspect plus 'viking'."

Il y a environ une semaine, alors que la 1e équipe de la série travaillait encore sur le 3e épisode "Same Time, Same Place", la 2nde équipe de "Buffy" entamait le tournage de "Selfless" en filmant les scènes se déroulant en Russie. "Nous savions que nous voulions une scène avec Halfrek et nous connaissons à peu près son histoire," explique Drew Goddard. "Nous savions que la scène devait se passer au tout début du 20e siècle. Or, nous n'avions jamais rien fait avec la Russie. Nous avons déjà montré des tonnes de lieux sympas avec "Buffy", et celui-ci est une nouveauté."

La scène a lieu dans une salle de banquet impériale décorée avec soin, au moment du dimanche sanglant (le 22 janvier 1905 qui marque le début de la 1e révolution Russe, ndlr). A cette époque, Halfrek et Anyanka font partie des meilleurs démons de la vengeance. Rien n'illustre mieux leur mépris des hommes que leur attitude indifférente lorsqu'un homme, en proie aux flammes, court juste devant elles sans qu'elles ne semblent le remarquer. "C'est un bon exemple de la façon dont David Solomon a amélioré l'histoire," commente Drew Goddard. "Il a apporté quelques petits éléments qui ont fait toute la différence comme montrer la Russie à l'arrière plan (au moyen d'écrans verts), la salle impériale richement décorée et le type en feu... Il a rendu tout cela possible."

Outre les décors, l'intérêt de David Solomon pour l'esthétisme apparaît clairement dans le cadrage des scènes. Chaque période de l'histoire possède un aspect et une ambiance différents, qui s'expriment non seulement à travers les décors et les costumes, mais également par le biais de la mise en scène. "Nous avons tenté de définir un style pour chaque période, de les différencier afin de donner l'impression au spectateur qu'il passe d'une époque à une autre avec les personnages", raconte le réalisateur. "Pour la Suède, j'ai tenté de créer une ambiance de vieux films. Suivant les instructions de Joss, j'ai utilisé certains angles qui ne correspondaient pas complètement, nous avons coupé des têtes ici et là et avons fait de gros plans trop rapprochés. En même temps, nous avons créé une Russie très riche et extravagante, où tout est éclairé à la bougie. C'est très beau."

Si le décor de l'université de Sunnydale est bien connu des fans, l'intérieur du club d'étudiants fait cette fois-ci une petite apparition. Cet intérieur est un décor temporaire, qui sera démonté une fois l'épisode tourné. L'extérieur de l'université de Sunnydale est en réalité un ensemble de bureaux, l'Alhambra Center, situés à Pasadena en Californie. "Nous y avons choisi un immeuble pour représenter l'extérieur du club, et nous nous en sommes servi pour imaginer l'intérieur,' explique Cosmas Demetriou. Toutefois, l'intérieur n'a rien à voir avec la réalité des lieux. "Les deux sont très différents car nous avons apporté quelques modifications, tout en gardant un style crédible."

Sur le décor de l'intérieur du club d'étudiants, on ressent immédiatement une impression de convivialité. Le plateau est abondamment orné de bibelots usuels pour ce genre d'endroit. On aperçoit un bar avec comptoir et tabourets, ainsi que des divans usés. Alors que le réalisateur et l'équipe sont assis devant les écrans vidéo de contrôle, l'action se déroule dans la vaste salle principale. "On a beaucoup de scènes dans le club d'étudiants et il y a pas mal de combats. C'est pour cela que nous avons choisi une salle principale suffisamment grande -6m sur 7, avec des murs de plus de 4m," explique Cosmas Demetriou.

Toutefois, aucune scène de combat n'est tournée pour le moment. Au lieu de cela est filmée une scène effrayante dans laquelle Willow, interprétée par Alyson Hannigan, tente d'échapper à une araignée géante. Bien que pour l'instant, l'horreur n'est que virtuelle puisque l'actrice joue devant un grand écran vert, où l'araignée sera insérée ultérieurement en images de synthèse. Le scénariste raconte à ce sujet une anecdote intéressante : "Dans le script d’origine, on voyait davantage l’araignée mais comme nous ne pouvions pas nous le permettre financièrement, nous avons imaginé quelques trucs assez géniaux pour montrer l’araignée moins souvent". Ainsi, ces quelques secondes où nous voyons l’araignée constituent l’une des rares scènes vraiment horribles. Plusieurs prises sont effectuées, principalement pour obtenir le bon angle de la main d’Alyson Hannigan se tendant vers le haut de l’image. A première vue, on peut penser que le fait de jouer devant une créature invisible paraît difficile, voire désespéré mais l’interprète de Willow est une professionnelle et elle semble tout à fait à son aise.

Peu de temps après, alors qu’Alyson Hannigan s’installe avec le reste de l’équipe, tout se met en place pour la scène suivante. David Solomon travaille avec la comédienne qui incarne Rachel, une jeune étudiante qui se cache dans un placard du club, terrorisée par le démon-araignée. Il quitte le décor et rejoint la productrice Marti Noxon. Ensemble, ils essayent de déterminer la meilleure manière d’amadouer la comédienne pour obtenir d’elle une performance convaincante. Après quelques répétitions et plusieurs prises, le duo est satisfait.

Pendant le tournage des scènes du club d’étudiants, Emma Caulfield passe la première partie de la journée à répéter une chanson et des pas de danse. Un des moments cruciaux de la vie d’Anya, que Drew Goddard a choisi de montrer, est une référence au célèbre épisode "Que le spectacle commence !". Le scénariste admet qu’il a dû beaucoup insister pour convaincre Joss Whedon d’écrire une nouvelle chanson. Il faut dire qu’au moment où Drew Goddard écrivait le script, Joss était en train de réaliser le pilote de sa nouvelle série Firefly et préparait des intrigues à la fois pour Buffy et pour Angel.

"Il n’arrêtait pas de me dire : "Je ne peux pas ! Je n’ai pas le temps ! Impossible !"" se souvient Drew Goddard en riant. "Et un jour, il est arrivé dans mon bureau et m’a dit : "Je t’ai écrit une chanson". Je ne crois pas que Joss soit réellement humain. Il est surhumain".

Et voilà donc Emma Caulfield en train de répéter sa chanson, dans laquelle Anya exprime sa joie et son impatience à l’idée d’épouser Alex. "J’adore Emma. C’est une actrice extraordinaire", déclare David Solomon. "Il est toujours amusant de travailler avec elle. Elle est excellente dans la comédie comme dans le drame". L’épisode étant centré sur le personnage d’Anya, c’est un véritable chalenge pour Emma Caulfield qui apparaît dans pratiquement toutes les scènes. En plus de mémoriser ses nombreuses répliques, Emma a dû se rendre dans un studio durant le week-end pour enregistrer la chanson évoquée plus haut. Par-dessus le marché, il a aussi fallu qu’elle apprenne la chorégraphie d’un combat à l’épée pour les besoins d’une autre scène. "Je ne l’avais jamais vue dans une scène d’action auparavant", ajoute David Solomon avec fierté. "Elle a enfin eu la possibilité de s’y essayer. Elle a fait un très bon travail et s’est révélée étonnamment habile au maniement de l’épée".

Mais les défis ne s’arrêtent pas là. Pour cet épisode, Emma Caulfield et le comédien Abraham Benrubi, dans le rôle d’Olaf (il revient dans "Buffy" après une apparition dans l’épisode "Triangle" de la saison cinq), ont dû apprendre cinq pages de dialogues en suédois ! En effet, le script comporte une scène pleine d’humour montrant Aud et Olaf s’exprimant dans leur suédois natal. Et après quelques répétitions, les deux acteurs s’en sont convenablement sortis avec leurs répliques en suédois à la grande satisfaction du réalisateur. "Il se sont tous les deux lancés à fond là-dedans et je suis certain qu’ils ont inventé certains mots", raconte David Solomon. "Mais de manière générale, c’était soit du suédois, soit ce qui s’en rapproche le plus. En s’impliquant autant, ils ont apporté beaucoup d’humour à la scène".

Si "Selfless" est très important pour Emma Caulfield et son personnage Anya, cet épisode est aussi crucial pour Drew Goddard puisqu’il s’agit de son premier script porté à l’écran. Comparant cette expérience à ses précédents travaux d’assistant sur d’autres séries télévisées, il déclare : "C’est super. Je ne me suis jamais autant amusé. Ce qu’il y a de génial avec cette équipe, c’est que même après avoir rendu mon script, il s’améliore sans cesse ». D’après lui, indépendamment de tout ce qu’il avait en tête, le département artistique, le réalisateur et toutes les personnes travaillant sur la série ont augmenté la qualité de l’épisode bien au-delà de ce qu’il imaginait.

Alors qu’approche la fin de la journée, les comédiens et l’équipe sont toujours dans le décor du club d’étudiants, en train de préparer la scène suivante. Emma Caulfield est présente, ainsi que 12 figurants qui doivent incarner des cadavres d’étudiants ! Les techniciens commencent à se montrer un peu incisifs après dix heures passées sur le plateau. Alyson Hannigan, qui vient juste de terminer sa dernière scène de la journée, sort pratiquement comme un ouragan. Emma lui crie au revoir, entre sur le plateau et se place sur sa marque. Les figurants qui flânent dans leurs costumes tachés de sang depuis le déjeuner, arrivent l’un après l’autre. On leur indique leur place au sol. Une fois qu’ils sont installés, l’équipe des costumes et du maquillage fait son entrée, avec des bouteilles de faux sang liquide et des pots de faux sang coagulé. On ne peut pas s’empêcher de sourire en voyant la scène et en découvrant ainsi comment est créée la magie des séries télévisées… Les maquilleurs et les costumiers appliquent méticuleusement des filets de sang sur les vêtements et les visages. Puis ils déversent soigneusement le sang coagulé sur les blessures des jeunes gens. Quand il quitte le plateau, Erik Spangler, un des costumiers, nous dévoile la composition de ce faux sang : il s’agit de colorants alimentaires mélangés à de grandes quantités de sirop de maïs.

Alors que l’énergie commence à décroître, David Solomon annonce qu’il s’agit du dernier plan de la journée. Il fait plusieurs prises, essaye de faire glisser la caméra plus rapidement et avec plus de fluidité afin de ne pas montrer trop de sang. Le réalisateur est très attentif au fait que la scène ne soit pas trop gore à l’écran pour éviter la censure. Après quelques prises satisfaisantes, David Solomon et le directeur de la photographie, Ray Stella, décident qu’ils devraient peut-être essayer un autre angle, au cas où la scène précédente se révélerait trop longue. Ils tournent donc plusieurs autres plans et tout le monde range finalement ses affaires avec un grand soupir de soulagement.

Drew Goddard sort rapidement son appareil numérique et prend quelques photos du plateau, qu’il gardera précieusement en souvenir de son premier script porté à l’écran. "Honnêtement", dit-il, "c’était comme au paradis mais en mieux. J’aimerais que tout le monde ait la possibilité d’écrire pour Buffy : c’est le meilleur métier du monde !".