*Décors, mensonges et vidéo*
Source : Magazine Officiel n°10. Transcription : Marie.

Wood cherche à se venger, Spike a des flash-back… et le Buffy Magazine assiste au tournage ! Notre envoyée spéciale, Jenny Lynn, s’est rendue dans les coulisses d’un épisode de la saison 7, "Lies My Parents Told Me".

Comme nous le savons tous, Spike a des problèmes. Et comme tout bon freudien vous le dira, quelqu’un d’aussi torturé doit avoir des problèmes avec sa mère.
Le 17ème épisode de la septième saison, intitulé "Lies My Parents Told Me", explore les liens unissant le proviseur Wood à Spike. Plus tôt durant la saison, nous avons appris que Spike avait assassiné la mère de Wood, Nikki, qui était une Tueuse. Dans cet épisode, nous ne voyons que la haine profondément enracinée de Wood pour Spike, mais aussi l’amour inébranlable qu’ils partagent tous deux pour leurs mères. Pendant ce temps, la loyauté de Buffy envers Spike est minutieusement examinée par celui qui représente une figure paternelle pour la Tueuse, Giles.
Les scénaristes David Fury et Drew Goddard avaient plusieurs objectifs pour cet épisode. "Après avoir décidé de l’histoire du proviseur Wood, nous avons tenté de déterminer la manière la plus satisfaisante de résoudre ce problème entre lui et Spike," déclare David Fury. Les scénaristes ont donc mis leurs idées en commun, cherchant à intégrer diverses possibilités, parmi lesquelles le déclencheur que la Force avait placé dans le cerveau de Spike et la signification de la chanson que le vampire chante dans son délire. David Fury se souvient : "Nous avions tout établi en ce qui concerne Wood et sa mère. Ce n’est que lorsque Joss Whedon est arrivé et a dit : "Et si on utilisait la mère de Spike ?" que tout s’est mis en place."
Pour la mère de Spike, Anne, le département artistique a construit un hôtel particulier de type Victorien. Ce qui n’a toutefois pas été facile car le département n’avait reçu aucun détail à l’avance. "Au moment des premières esquisses, nous avions une idée très sommaire de ce dont nous allions avoir besoin. Nous savions que la maison datait d’environ 1880, et c’était à peu près tout," déclare la coordinatrice du département artistique, Hannah Smith.
Néanmoins, l’équipe de production s’est immédiatement lancée dans la conception et la construction des décors. Tom Fichter, le chef décorateur, a commencé à travailler sur une maison anglaise. "Je savais que c’était pour la mère de Spike, mais je ne savais pas si elle était riche, ou quoi que ce soit de ce genre. Je suis donc revenu et j’ai demandé : "Une minute : de quoi parle cette histoire ?" Et on m’a alors répondu "Oh, mais ce n’est plus une maison, c’est un hôtel particulier, et il se trouve à Londres."
Armé de ces nouvelles informations, Tom Fichter a pu créer un espace suggérant une certaine richesse, quoique sans extravagance. "On voit un escalier, et on sait donc qu’il y a un étage. Nous suggérons différents éléments, davantage de pièces que celle dans laquelle ils jouent," fait-il remarquer. Ces considérations sont évidentes pour quiconque fait le tour du décor, qui cohabite avec le lycée de Sunnydale et le Bronze sur le plateau 1. "Tout est un peu plus grand que la normale car beaucoup d’objets des gens riches étaient plus grands que ceux des classes moyennes," explique Tom Fichter. Même ainsi, tout paraît minuscule à nos yeux empreints de modernité.
Les membres de l’équipe et les acteurs se croisent sans cesse entre les prises. La lumière des projecteurs fait un peu transpirer les comédiens. David Fury, qui réalise l’épisode, se concentre sur la disposition des éléments de cette scène impliquant Drusilla, Spike/William et Anne.
"Je crois que ce que j’apprends en ce moment dans la réalisation au cinéma ou à la télévision, c’est à préparer une scène avec le moins de caméras possible," déclare David Fury. "La mise en place des caméras est épuisante quand on essaye de tourner un épisode rapidement. C’est pourquoi il vaut mieux en faire le moins possible. Cela signifie qu’il faut placer la caméra à un endroit précis, être capable de couvrir tout le monde dans le plan et bien montrer chaque personnage."
C’est le deuxième épisode de "Buffy" réalisé par le co-producteur exécutif, le premier étant "La Femme Invisible" de la sixième saison. Mais le scénariste/producteur/réalisateur considère "Lies My Parents Told Me" comme son premier véritable épisode, "car celui d’avant était en quelque sorte le brouillon de celui-ci." Evoquant ses débuts de réalisateur, il explique : "En fait, je me suis contenté d’apprendre ce qu’était une caméra, où placer les divers éléments et comment bâtir la scène."
En outre, de nombreuses personnes rappellent que Buffy n’apparaissait pas dans la majeure partie de "La Femme Invisible". "Traiter l’invisibilité de Buffy ne m’a pas donné beaucoup de possibilités pour faire jouer et réagir les acteurs entre eux. Ils jouaient tout seuls," raconte David Fury en riant. "L’expérience que j’avais du théâtre consistait à travailler essentiellement avec les acteurs et sur leurs performances. Avec cet épisode, j’ai eu la possibilité de mettre mes capacités à l’épreuve."
Son bon contact avec les acteurs se manifeste lorsqu’il discute avec James Marsters devant les écrans de contrôle. Il lui montre le plan qu’il a conçu, où Drusilla, Spike et Anne forment une diagonale. James Marsters approuve la construction de la scène : "C’est génial. Cela montre que Spike est coincé entre les deux femmes les plus importantes de sa vie."
Si nous connaissons bien la sinistre Drusilla, incarnée par Juliet Landau qui fait ici sa dernière apparition dans "Buffy", cet épisode nous permet de découvrir Anne, la mère de Spike, interprétée par Caroline Lagerfelt. Bien qu’elle soit, en réalité, plus jeune que le personnage qu’elle incarne, ses talents d’actrice, sa ressemblance avec James Marsters et son excellent accent britannique lui ont permis de décrocher le rôle. La directrice du casting Amy Britt révèle que, à l’origine, l’embauche d’une vedette avait été évoquée. Souvent, le studio ou la chaîne aime engager des célébrités pour de petites apparitions, afin de faire monter l’audimat. Mais pour Amy Britt, "cela prouve que les producteurs ont décidé de prendre le meilleur acteur pour le personnage, et pas un grand nom uniquement pour avoir une vedette dans la série."
K.D. Aubert reprend son rôle de Nikki, la Tueuse de New York, où elle obtient cette fois-ci beaucoup plus de temps à l’écran à l’occasion de combats au kung-fu. "Elle doit être très classe, vêtue du manteau noir que va lui voler Spike, et se battre contre ce dernier. Très peu de gens ont l’occasion d’affronter Spike en duel, et elle a été formidable," s’extasie David Fury. "Il était également important qu’elle fasse preuve de sa sensibilité et de sa valeur en tant que combattante. Elle possédait avec le jeune Damani une attitude maternelle qui, je pense, est vraiment visible à l’écran," ajoute-t-il. Au sujet de Damani Roberts, qui joue le jeune Robin Wood, Amy Britt se souvient que lors de son audition, elle lui trouva un équilibre particulier de chaleur et d’intelligence, ce qui faisait de lui l’acteur idéal correspondant au Wood adulte incarné par D.B. Woodside.
Et justement, à propos du proviseur, qu’en est-il de la théorie selon laquelle la décoration d’une maison révèle toujours quelque chose sur son propriétaire ? Eh bien, le garage de Wood parle incontestablement du personnage. Qu’est-ce qui évoque plus clairement une vie vouée à la vengeance contre les vampires qu’un garage rempli de croix ? "Il a été difficile de faire fonctionner tout ça," déclare la décoratrice Susan Eschelbach. "J’ai dû fouiller dans tous les entrepôts d’accessoires pour rassembler toutes ces croix." Susan Eschelbach et son équipe ont même été obligé de créer environ 90 croix parmi les 500 qui ont été utilisées pour cette scène !
En dehors de l’habillage des décors, Tom Fichter a souhaité faire de la résidence de Wood un lieu un peu plus moderne que les autres maisons de Sunnydale. Il a donc imaginé que le proviseur Wood habitait dans un loft situé dans le quartier industriel de la ville. La plupart des lofts ne possédant pas de garages communicants, il a présumé que celui-ci allait être indépendant. Les portes sont plus larges que la normale et donnent l’impression qu’un vieux camion à remorque ou un camion de livraison pourrait entrer "quelque chose d’énorme, évoquant un vieux garage industriel," décrit Tom Fichter.
La maison possède incontestablement un style plus agréable, plus contemporain que la banlieue à laquelle nous sommes habitués. De nouvelles briques en recouvrent d’anciennes, la porte est un grand portail bleu en bois… Et ce qui se déroule à l’intérieur est encore plus enthousiasmant ! En effet, l’équipe réalise actuellement une séquence de morphing où Spike se transforme en vampire. Patti Gannon, qui supervise les effets numériques, possède son propre écran de contrôle disposé sur le côté. Elle peut ainsi examiner la performance de James Marsters, tournée plus tôt dans la journée. Ce dernier revient sur le plateau, cette fois-ci maquillé en vampire. Patti Gannon passe dans un sens et dans l’autre des premières images (sans maquillage) aux nouvelles (avec maquillage) afin que les techniciens puissent procéder plus facilement à la synchronisation entre les plans réels et les effets visuels. Après quelques essais et repositionnements de James Marsters, les plans de début et de fin correspondant parfaitement et l’équipe passe à la suite.
Au fil des derniers jours de tournage, les travaux suivent tranquillement leur cours. Ce qui nous pousse à repenser malgré nous au premier jour, alors que tout semblait si mal parti. Imaginez donc : une scène à l’ambiance intime entre Giles et Buffy. Il la presse d’adopter une approche plus active de son rôle de meneuse et de s’impliquer dans les divers problèmes qui se posent… COUPEZ !
L’élan de la scène est brisé pour la millionième fois, car les bruits de la rue sont venus troubler, une fois de plus, le silence du plateau. On entend des résonances de musique, des hélicoptères qui passent dans le ciel et des voitures qui klaxonnent. Cette cacophonie énerve l’équipe de "Buffy", qui est là pour travailler. Ses membres n’apprécient guère ces interruptions, en particulier au vu des 11 heures de tournage supplémentaires qui les attendent encore aujourd’hui. C’est vendredi soir. Il fait froid. Nous sommes dans un cimetière. Les gens sont un peu sur les nerfs, non seulement à cause des éléments qui jouent contre eux mais aussi parce qu’ils travaillent à partir de données incomplètes (de fait, le script n’est pas terminé).
Mais revenons jusqu’au moment présent. Deux semaines après le premier jour de tournage, David Fury est tout sourire. Comme on s’y attendait, il a parfaitement réussi son coup. "Le fait d’avoir sur le plateau des gens comme David Solomon, l’autre producteur exécutif, et de discuter très étroitement avec le directeur de la photographie Ray Stella m’a permis d’accomplir ce qu’il fallait. J’avais juste un peu besoin d’un baby-sitter !" Et quelle est donc son opinion sur son deuxième séjour dans la chaise du réalisateur ? "J’ai pu travailler en étroite collaboration ave James Marsters et D.B. Woodside – tous deux de formidables acteurs – et, bien sûr, Sarah Michelle Gellar et Anthony Stewart Head. Et le fait de disposer de comédiens de ce calibre et de pouvoir obtenir pareilles performances était vraiment passionnant. Cela a été une formidable expérience !"