*Sous l'oeil du vampire*
Source : Magazine Officiel n°14. Transcription : Marie.

Angel fait des rêves très bizarres, Lindsey et Eve manigancent des mauvais coups et c'est David Boreanaz qui est derrière tout ça ! En effet, la vedette d'"Angel" fait ses débuts de réalisateur sur l'épisode "Soul Purpose". Et bien sûr, le Buffy Magazine était là pour tout vous raconter sur les coulisses de ce tournage !

Dans "Soul Purpose", le 10ème épisode de la saison 5, Angel se demande si les étranges évènements dont il est le témoin relèvent du rêve ou de la réalité. Pour ce qui est de la réalité, cet épisode est la concrétisation d'un rêve pour au moins deux personnes. Il marque en effet les débuts en tant que réalisateur de David Boreanaz, ainsi que le premier scénario adapté à l'écran de Brent Fletcher, le coordinateur du script de la série. En dépit du fait qu'il s'agit de leur premier coup d'essai sur un épisode d'"Angel", "Soul Purpose" est aussi ambitieux et fascinant que les épisodes précédents de la cinquième saison.
D'abord et avant tout, l'histoire devait couvrir de nombreux terrains. Comme l'explique le producteur Ben Edlund, les scénaristes souhaitaient atteindre divers objectifs dans cet épisode. L'un d'entre eux était de suivre l'évolution émotionnelle d'Angel et les conséquences de la perte de la Coupe du Perpétuel Tourment au profit de Spike, ainsi que de faire avancer l'histoire d'Eve et de Lindsey. "David Fury a imaginé l'un des points forts de cette histoire, à savoir que Spike joue un peu le rôle qu'Angel tenait au début de la série," déclare Ben Edlund. "Lindsey est, à sa façon, une sorte de Doyle pour cette version d'Angel incarnée par Spike."
Lindsey, toujours interprété par Christian Kane, fait un surprenant retour dans le huitième épisode "Destiny" de cette cinquième saison. Mais, durant la production de "Soul Purpose", le huitième épisode n'a pas encore été diffusé à la télévision américaine, donc la présence de Christian Kane est tenue secrète. Ainsi, les feuilles d'appel et les scénarios de tournage portent des pseudonymes de l'acteur et du personnage (on peut lire "Sean" interprété par "C.K.Kones"). Sans que le monde extérieur se doute de quoi que ce soit, Christian Kane est chaleureusement accueilli par la famille d'"Angel". Sur le plateau, David Boreanaz tourne une scène dans laquelle Spike reçoit la visite de Wesley et Gunn. Le temps de quelques prises, James Marsters ouvre la porte à Alexis Denisof et à J.August Richards, lorsque David Boreanaz lui dit : "Essaie d'avoir l'air de quelqu'un qui attend sa pizza depuis deux heures." La scène prend tout de suite une autre saveur, et une certaine attente se lit dans les yeux de Spike, qui laisse très vite la place à un regard déçu. David Boreanaz est ravi, et Alexis Denisof et J.August Richards terminent leur journée à 11h00 du matin. En quittant le plateau, ils croisent Christian Kane, et les vieux collègues échangent des poignées de mains enthousiastes.
Dans la scène suivante, Lindsey a trouvé un nouvel appartement pour Spike et il lui fait faire une petite visite. La pièce est très terne et ne plaît pas vraiment à Spike. Le chef décorateur, Stuart Blatt, déclare : "L'idée que le producteur exécutif Jeff Bell veut faire passer, c'est que les lieux n'ont pas véritablement de personnalité. C'est un simple appartement standard." Après quelques prises, David Boreanaz lâche : "Mais, c'est ma cuisine de la première saison !" Effectivement, le nouvel appartement de Spike présente une certaine similitude avec l'ancienne demeure d'Angel, à savoir principalement qu'ils se trouvent tous deux sous le niveau du sol, sans fenêtres laissant pénétrer les mortels rayons du soleil.
La première partie de la journée s'écoule assez rapidement. Le réalisateur explique : "Je ne suis pas obsédé par quoi que ce soit en particulier. Selon moi, on peut épuiser un acteur assez vite. Or, comme c'est un phénomène que je connais et que je suis aujourd'hui derrière la caméra, je ne veux pas faire ça à mes collègues." C'est pourquoi David Boreanaz essaie de garder le nombre de prises aussi bas que possible. Pourtant, les choses se compliquent un peu par la suite, lorsque l'équipe attaque le tournage de la scène d'amour entre Eve et Lindsey. Au lit, les acteurs doivent bouger de manière très subtile, et la caméra doit se déplacer. Pour répéter la scène, l'équipe s'entasse dans le minuscule espace constituant l'appartement de Lindsey afin de voir comment elle se déroulera.
En attendant que les caméras tournent, Sarah Thompson (Eve) est emmitouflée dans un épais jogging et entourée de radiateurs portables. Car l'air conditionné a fonctionné toute la matinée et il fait plutôt froid sur le plateau. Pendant ce temps, David Boreanaz, Ben Edlund et le producteur Kelly Manners observent la calligraphie que le chef maquilleur Dayne Johnson a appliquée sur la poitrine et les bras de Christian Kane. Des symboles semblables ornent l'appartement de Lindsey : "Un maléfice est à l'oeuvre," déclare Stuart Blatt à propos des mystérieux gribouillages. "Ces marques représentent le sceau de sécurité entourant la maison, qui protège cette pièce et ses habitants, Lindsey et Eve, des yeux inquisiteurs des maléfiques dirigeants de Wolfram & Hart".
Finalement, les acteurs prennent place, Sarah Thompson se défait des vêtements qui lui tenaient chaud et dévoile une très jolie lingerie. Les caméramans se donnent beaucoup de mal pour créer l'illusion que Christian Kane est debout, alors qu'il est couché. Chaque nouvelle prise vise à obtenir l'image juste et le ton idéal, tout en générant une certaine fluidité. Mais alors que l'heure tourne et qu'on approche de la fin de la journée, on accélère le mouvement. David Boreanaz, qui récupère après une opération au genou, cesse d'aller et venir en boitillant entre les écrans de contrôle et le plateau, donnant simplement ses directives. Le premier assistant réalisateur Rich Sickler utilise l'expression "la guerre des boutons" pour désigner le moment où Eve déboutonne la chemise de Lindsey et lui embrasse la poitrine. On s'incline, on tressaute et on tourne, aussi bien du côté des acteurs que de celui de la caméra... Quand tout est terminé, il est particulièrement évident que, quand mes acteurs disent que les scènes d'amour sont très techniques, on peut les croire sur parole ! Finalement, David Boreanaz est très content de la scène. "On ne sait jamais, le jour où on arrive, si tout ira bien," explique-t-il. "On observe comment les choses se déroulent, on regarde où on va placer la caméra pour avoir le meilleur angle possible. Ici, tout a parfaitement fonctionné."
Plus tard dans la semaine, un véritable tourbillon d'activité s'empare du Plateau 5, où se situent les bureaux de Wolfram & Hart. La scène implique Harmony, Fred, Eve et toute une bande de figurants qui incarnent des employés de W&H. De temps à autre, David Boreanaz s'entretient avec Ben Edlund. En tant que représentant de l'équipe des scénaristes, son rôle est de garantir que leurs souhaits sont en phase avec ce que le réalisateur est en train de tourner. "En ce qui concerne l'histoire, Ben est là pour régler certains détails précis," explique David Boreanaz. Par exemple, à un moment donné, le scénario dit que Harmony feuillette un magazine. Comme le réalisateur ignore si cette information est indispensable à quelque évènement à venir, il pose la question à Ben Edlund, qui lui répond qu'il n'est pas nécessaire d'insister particulièrement là-dessus. A propos de son rôle sur le plateau, Ben Edlund déclare : "Il s'agit uniquement d'aider le réalisateur à lire entre les lignes des dialogues et des descriptions, et à raconter l'histoire que nous voulons. Pour cela, il faut parfois prendre des notes sur certaines performances d'acteur afin de préserver la continuité émotionnelle du récit. Il faut aussi prendre des notes sur le tournage, par exemple la construction d'un plan, afin de garantir qu'on livre toujours l'information adéquate."
Après le tournage d'un plan, l'ingénieur du son Beau Baker grogne : "Le principal problème que nous rencontrons avec les enregistrements sur le plateau, c'est que le micro n'a pas de cervelle ! Il ne sait pas ignorer les sons que nous ne voulons pas et il enregistre tout ce qu'il entend." Et vu le nombre de personnes dans cette pièce (principaux acteurs et figurants), les bruits sont nombreux : chuchotements, bruits de pas, échos... Comme la plupart de ces problèmes seront probablement résolus durant la post-production, David Boreanaz décide tout de même de passer à la scène suivante. Pendant qu'on installe les caméras, Amy Acker, Sarah Thompson et Mercedes McNab retournent s'asseoir, et les gens qui passent à côté d'elles lancent régulièrement des plaisanteries à propos des avions : en effet, les chaises près des écrans de contrôle ont été disposées deux par deux, et le hall de W&H ressemble à l'intérieur d'un avion de ligne. En attendant leur prochaine scène, Sarah Thompson et Amy Acker bavardent. Quand on leur demande ce qu'elles pensent des exploits de réalisateur de leur collègue, Amy Acker répond sans hésiter : "Il faut du très bon travail." "Il faut même de l'excellent travail," insiste Sarah Thompson.
Alors qu'il reste encore une scène à tourner, les préparatifs d'une scène ultérieure sont déjà en cours. Comme l'a écrit Brent Fletcher, Angel fait l'expérience d'une série de rêves dus à deux repoussants parasites commandités par Eve. Nous passerons donc la soirée dans la chambre d'Angel, sur le Plateau 7, où le vampire se réveille pour découvrir ses amis dans un saloon de western. Dayne Johnson frise la moustache de Lorne, tandis que le département des costumes, dirigé par Shawna Trpcic, s'occupe de la transformation d'Harmony en chanteuse brésilienne. Sa garde-robe à elle-seule représente un énorme volume de travail. A l'origine, Shawna Trpcic avait privilégié un grand imprimé rouge, qui s'est toutefois révélé un peu écrasant sur Mercedes McNab. On a donc choisi un imprimé de taille plus réduite. "Le scénario parlait d'un 'soutien-gorge en noix de coco', mais nous avons tous déjà vu qu'ils ne sont absolument pas flatteurs et qu'ils ne fonctionnent pas. Nous avons donc convaincu tout le monde qu'il valait mieux prendre une robe dos nu qui, naturellement, lui va parfaitement." Et pour couronner le tout (c'est le cas de le dire), Shawna Trpcic et son équipe ont trouvé des hibiscus en soie, un ananas en papier, une pastèque et des raisins en plastique pour un chapeau fruitier !
A 19h00, l'équipe émigre donc en direction du Plateau 7. Dans cette scène, Lorne incarne un barman de saloon qui joue de la musique de bastringue au piano. Shawna Trpcic indique à Andy Hallett qu'il trouvera une selection de plusieurs vêtements dans sa caravane. "Je lui ai laissé le choix entre un noeud papillon et une cravate droite, les deux dans le genre western. Et le plus drôle est que, finalement, on n'a rien pris du tout !" raconte-t-elle. Apparemment, les chemises du début du 19ème siècle possédaient des cols durs étroitement sérrés autour du cou, pratiquement des minerves. Devant l'inconfort d'un pareil attirail, on décide de se contenter d'un bouton de col. En outre, Andy Hallett ne portera pas le tablier qui, à un moment donné, était également envisagé.
Avant de commencer à tourner, on doit encore déterminer de quelle manière la scène doit être éclairée. David Boreanaz imagine une obscurité totale avec de simples ronds de lumière autour des acteurs. Le directeur de la photographie Ross Berryman avait supposé que la scène se déroulait sous la lumière du jour passant à travers les fenêtres. L'équipe se plonge donc dans le scénario, à la recherche de la description détaillée de la scène. Ben Edlund est plutôt d'accord avec David Boreanaz. Tout le monde donne son avis et, en définitive, les éclairagistes et les caméramans procèdent aux ajustements nécessaires pour tourner dans l'obscurité.
Dans cette scène, David Boreanaz doit également jouer. On fait signe à Dayne Johnson de le maquiller sur le plateau. Bientôt, David Boreanaz devient Angel et saute dans son lit. Le premier assistant réalisateur, Rich Sickler, devient alors ses yeux et ses oreilles. A propos du fait de jouer dans une scène qu'il réalise en même temps, David Boreanaz déclare : "Il faut en quelque sorte sortir de son corps et s'observer sous toutes les coutures. D'une certaine façon, c'est proprement fascinant."
Entre-temps, les vedettes de l'épisode sont arrivées. C'est-à-dire, les parasites. Mercedes McNab et Sarah Thompson rejoignent la table où ils reposent. "Beurk !" s'exclame la première. Tous les membres de l'équipe s'approchent pour examiner ces horribles petits monstres que présente Robert Hall, qui fait partie de l'équipe de maquillage de Almost Human (la société qui créé les différents masques et prothèses de la série). Ces quatre petits parasites constituent en fait quatre versions différentes de ce qui sera présenté à l'écran comme un seul bébé parasite. Il montre le premier, appelé la "sangsue". C'est celui qu'Angel découvrira sur sa poitrine. "Quand on pompe de l'air avec la seringue, le parasite ondule. Il possède une sorte de poche à l'intérieur, de façon à pouvoir bouger et ainsi sembler palpiter et sucer le sang d'Angel," précise Robert Hall. Le deuxième parasite est surnommé "le tortillon". C'est celui qu'Angel aura en mains après avoir détaché la "sangsue" de sa poitrine. "Le tortillon" représente avant tout le dessous du parasite, pour qu'on puisse voir ses jambes se tortiller dans la main d'Angel. Les deux dernières versions sont les "spongieux". "Fondamentalement, il s'agit de parasites très fins, que nous remplissons de tout un tas de cochonneries, comme du methocel, des matières gluantes, du sang... Le methocel est un agent épaississant que nous utilisons beaucoup pour toutes les matières visqueuses," explique Robert Hall.
Même s'il est très fier de son bébé parasite, Robert Hall se fait quelques soucis pour la maman, dont son équipe n'a pas encore totalement achevé la conception. "Elle est un peu plus difficile à réaliser car elle contient des minuscules moteurs capables de faire bouger les pattes." Contrairement aux bébés, le parasite mère est une créature anumée pouvant se coucher, remuer les pattes et ouvrir la bouche. Mais pour l'équipe chargée de sa fabrication, la véritable difficulté est d'être en mesure de la faire bouger correctement pour la semaine prochaine, date à laquelle elle doit être filmée.
Au risque de décevoir certains de nos lecteurs, nous ne pouvons rien dire sur le tournage de la scène de bar à strip-tease, puisque aucun visiteur n'étais admis sur le plateau. Mais comme le précise Stuart Blatt, "tous les bars à strip-tease se ressemblent !" Pour cette scène avec Spike et Lindsey, l'équipe d'"Angel" s'est installée dans un véritable bar. Le département artistique a procédé à quelques modifications sur les lieux, comme de couvrir le grand miroir, afin de ne pas devoir montrer une fois de plus que les vampires n'ont pas de reflet. "En fait, il n'y a en fait pas grand-chose à faire, à part s'assurer que rien de trop choquant ne sera montré à l'écran," ajoute Stuart Blatt.
Entre-temps, au ranch Disney, David Boreanaz est assis dans un fauteuil au milieu d'un champ bucolique. Le département artistique a rajouté des fleurs fraîches dans le champ, afin de lui donner un peu plus de couleurs. Amy Acker est vêtue d'une longue robe à fleurs, Wesley est toujours aussi élégant, et c'est la première fois de la saison, comme le fait remarquer Shawna Trpcic, que Gunn porte autre chose qu'un costume-cravate," explique-t-elle. On fait des prises, encore et encore. Car lors des tournages en extérieurs, il faut tenir compte de la météo. "D'après le scénario, nous sommes assis dans un champ ensoleillé. Et comme le temps était couvert, nous avons donc dû attendre que les nuages s'en aillent. Nous avons même failli avoir de la pluie," fait remarquer David Boreanaz.
"Il sent assez facilement où il doit placer la caméra et comment faire bouger les acteurs," déclare Ben Edlund à propos du travail de l'interprète d'Angel. Celui-ci avait pu acquérir un peu d'expérience dans la saison précédente, puisque le réalisateur Jefferson Kibbee lui avait permis de prendre la barre pour le tournage de deux scènes. Mais ses collègues ont largement tendance à expliquer son aisance avec la caméra par son expérience du métier d'acteur. "Je suppose que c'est quelque chose qu'il a développé au fil des ans, en étant placé ici et là et en observant où était installée la caméra," analyse Ben Edlund. "Il est très enthousiaste et il se donne beaucoup de mal pour réaliser un bon épisode. Je suis très content."
Après toutes ces louanges, il est normal de demander au principal interessé s'il compte renouveler l'expérience un jour ou l'autre, et pourquoi pas se lancer dans la réalisation ? "C'est quelque chose que je referais probablement, si j'en ai la possibilité," révèle David Boreanaz. "Cela m'a énormément plu. J'ai beaucoup apprécié de pouvoir travailler avec cette équipe. Tout le monde a été formidable."
L'acteur réalise, le coordinateur du script écrit, les parasites mordent... Comme dirait Wesley "nous confondons peut-être réalité et hallucinations." Mais non, nous sommes à peu près certains que c'est ce qui se passe dans le dixième épisode. Et le fait de pouvoir jeter un regard dans les coulisses de "Soul Purpose" donne quelque peu l'impression de faire brièvement partie de cette séquence onirique. +